Au début des années 80, sur les bords du lac Maracaïbo, un enfant de pêcheur, Jaurès Pakuto, Indien bari, rêve de devenir le Robert Capa du continent sud-américain. Son ami chilien, Don Virgilio, chasseur d’éclairs, lui a prédit un destin de grand artiste. Qui est Don Virgilio ? Que fait-il dans ce village sur pilotis, isolé du monde ? Quels fantômes fuit-il ?
De l’autre côté de l’Atlantique, en France, Hector Mendez, jeune journaliste d’origine espagnole, communiste à la foi vacillante et frappé de dépression chronique, reçoit un beau jour une lettre de son père. Ce père qu’il n’a jamais connu lui fait une révélation bouleversante : il a travaillé autrefois comme espion du KGB. Dans les années 60, il fut chargé par Moscou de surveiller Ernesto Guevara, et cela jusqu’à sa mort en Bolivie. Selon lui, le « Che » serait toujours vivant. Vingt ans après son exécution dans le village de La Higuera ! Absurde ? Historiquement douteux ? Sans doute, mais il y a tout de même ce mystère des mains coupés. Ces mains du « Che » qui ont disparu?
Ce roman, en forme de thriller politique, plonge dans la noirceur des réseaux d’espionnage de la guerre froide depuis l’Empire soviétique jusqu’en Amérique du Sud, à travers le destin de deux personnages candides, parachutés au coeur d’une énigme qui les dépasse. C’est aussi un voyage initiatique qui conduit nos héros de l’Altiplano bolivien jusqu’aux Pyrénées basques, une exploration imaginaire du mythe du « Che », Christ rouge, don Quichotte marxiste, apôtre fumeur de Havane. Armé d’un solide travail d’enquête, l’auteur passe en toute liberté dans le territoire de la fiction pour construire un récit haletant, picaresque, éclairé par des amours impossibles, des femmes sacrifiées, des trahisons, aux confins du réalisme magique. Serge Raffy bouscule l’Histoire avec une forme de jubilation qui fait la marque de son récit.