« Si je devais considérer ma fugue comme la première station dans la trajectoire de mon autodestruction, la contrée floue où je me trouvais à présent était certainement peu éloignée du terminus, même si je ne savais pas combien d’arrêts il y aurait encore. »
Un étrange jeune homme, sans visage et sans nom, fuit la chaleur et la lumière de Tôkyô. Il lui faut s’enfoncer dans le noir et le brouillard, s’effacer du monde, dépérir, à défaut, déchoir. Mais l’appât des hommes reste fort. Hameçonné en un tournemain par un maquignon, il se retrouve embrigadé dans une petite troupe de gueux qui comprendra, outre leur mentor, un paysan dit «Couverture-Rouge», et un jeune gars tombé des montagnes, sauvageon plus proche d’une chauve-souris que d’un jeune humain : les quatre êtres fantomatiques traversent les montagnes jusqu’au havre promis : la mine de cuivre. Les pseudo-compagnons, doubles pitoyables du jeune homme, s’évanouissent en une ligne : non, ce que j’écris là, lecteur, n’est pas un roman ! Toutes les interrogations philosophiques et littéraires du début du xxe siècle, encore d’actualité, sont posées avec alacrité et humour dans cet écrit, contemporain des romans de Kafka et saisissant de modernité.