En 1976, dans les Alpes japonaises, un petit garçon survit au suicide de ses parents et erre pendant deux jours, livré à lui-même et à la montagne. Jeune adulte, hanté par ce traumatisme, par des souvenirs refoulés qui affleurent, il semble soumis à une voix mystérieuse. Elle résonne au plus profond de lui-même, assourdissante, et le manipule comme une marionnette. En 1992, à Tokyo, un yakuza de bas étage est retrouvé mort devant la maison d’un avocat. Deux jours plus tard, un procureur est assassiné. L’arme du crime, un objet contondant non identifié, est vraisemblablement la même. Mais les enquêtes sont dissociées et les deux équipes de police concernées sont plus enclines à se mettre des bâtons dans les roues qu’à coopérer. Une opacité soigneusement entretenue par des figures haut placées entoure ces meurtres, qui remuent un passé trouble. Le lieutenant Gôda, au fil de ses intuitions et des informations qu’il glane auprès de ses contacts, joue cavalier seul. Il se heurte aux lourdeurs administratives et à une hiérarchie toute-puissante, soucieuse de préserver l’ordre établi. Il faudra remonter le temps et gravir un sommet pour que la brume qui nimbe toute l’affaire se dissipe, dans l’ombre impénétrable du mont Fuji. Croquant la police japonaise au travail, esquissant un monde rigidifié par les non-dits et des personnages perdus dans une vertigineuse quête de sens, Kaoru Takamura donne ici le premier rôle à la montagne, obsédante, d’une implacable beauté. Née en 1953, Kaoru Takamura, auteur prolifique, a remporté de nombreuses récompenses au Japon, notamment le prix Naoki en 1993 pour Montagne claire, montagne obscure. Ce roman est son premier livre à paraître en France.