Dimanche 16 avril 1346. En ce jour de Pâques, la population de Chauvigny et des environs se presse autour du champ clos où des joutes rassembleront une partie de la haute chevalerie française. Ogier d’Argouges a quitté Gratot, le château paternel, dans l’intention de faire échouer un complot dont Richard de Blainville, le favori du roi, l’homme qui a injustement dégradé Godefroy d’Argouges après lui avoir imputé la responsabilité de la défaite navale de l’Écluse, serait l’instigateur. Il sait que des émissaires d’Édouard III vont rencontrer à Chauvigny des traîtres à la France. Ces hommes décideront de la date à laquelle les armées anglaises débarqueront en Normandie afin de conquérir Paris et installer sur le trône des Valois le véritable successeur de Philippe le Bel : Édouard III. Pour accomplir ce voyage en Poitou, Ogier s’est fait accompagner de Thierry, son écuyer, de Raymond, un sergent, et d’Adelis, une ancienne ribaude. Peu après leur arrivée à Chauvigny, celle-ci est égorgée par des Bretons qu’Ogier et ses amis avaient surpris en forêt alors qu’ils tourmentaient une de leurs proies : Isabelle. Sitôt délivrée, la jouvencelle a demandé à son sauveur d’arborer ses couleurs dans la lice. Par son refus, il s’en est fait une ennemie. Sa sérénité se mue en inquiétude lorsqu’il apprend que cette donzelle au caractère matois et instable a été promue reine de la fête d’armes. Cependant, le hasard le favorise dans sa quête : il rencontre l’ancien chapelain de Gratot, frère Isambert, que sa couardise a conduit à servir Blainville. Il sait enfin que les conjurés vont se réunir dans un souterrain sous la maison du chévecier de l’église Saint-Pierre. Cependant sa morosité demeure. Elle s’évanouit quand une rencontre illumine sa vie : Blandine est avenante et sa beauté n’a d’égale que sa grâce. Il est séduit, conquis, émerveillé. Lors de la “montre” des écus et des heaumes, il lance allègrement des défis aux seigneurs qui lui déplaisent et à ceux qu’il soupçonne de trahison. Or, Isabelle connaît Blandine. Elle ne peut supporter que les deux jeunes gens vivent une idylle parfaite. Sans ambages, elle leur signifie qu’elle se vengera de la trahison de l’un et de la candide affection de l’autre… Aucun autre auteur que Pierre Naudin n’a décrit avec autant de justesse et de minutie les cérémonies et les affrontements des joutes et des tournois de la France du XIVe siècle. L’apothéose de cette chronique haletante et colorée est la bataille de Crécy, racontée avec un réalisme insurpassable. Ces pages historiquement justes constituent, dans toute l’acceptation du terme, un exceptionnel morceau de bravoure. Pierre Naudin