«Ton regard, aussi bien celui du romancier que celui du journaliste, sur tout sujet qui t’intéresse, chaque semaine. Tu as 7 500 signes pour le faire. Tel est le contrat. Un signe, c’est aussi bien une virgule, un blanc entre deux mots, qu’un guillemet ou un point d’exclamation, et, naturellement, des lettres qui forment des mots, lesquels traduisent une pensée ou proposent une image.
On prend des notes, on interroge, on fouille des archives, on consulte plusieurs ouvrages, on e-maile à des correspondants (amis et contacts aux États-Unis, en province, en Asie), on rencontre tel ou telle, on voyage. La plupart du temps, on dépasse le compte : 9 000, voire 10 000 signes. Alors, on rabote, on essaie de conserver ce que l’on croit être l’essence même d’un papier, et on n’oublie pas la phrase qu’un vieux routier prononça à l’adresse du grand écrivain Tom Wolfe, lorsqu’il faisait ses débuts dans la presse du New York des années 60 : Arrête-toi quand ça devient emmerdant.
En vérité, pour bien exercer ce métier, il ne faut jamais être emmerdant. Jamais.»