Si elle avait suivi le destin de sa mère et de sa tante, elle eût été une petite courtisane pour finir mère maquerelle. Mais, gamine, elle avait déjà trop d’orgueil: elle voulait régner. Selon les canons de l’époque (qui aimait les rondeurs), Sarah Bernhardt n’était pas belle. Mais elle avait un éclat, un regard et une voix incomparables, et un caractère de chien. Et un appétit de conquête et de gloire digne de Bonaparte: à sa manière elle s’est conquis un empire. Il n’est pas de superlatifs qui ne lui aient été accordés ? dont “La Divine”, bien avant Garbo. Elle a mis l’Amérique du Nord et du Sud, la Russie, l’Europe à ses pieds. Elle est morte debout, sur sa jambe de bois, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, après avoir consommé bien des amants et même des maris avec un appétit qui l’accompagna jusqu’au bout. Car rien de plus mouvementé, de plus passionné, de plus gai et de plus fou que cette vie-là.
Pour rompre avec la biographie traditionnelle, Michel Peyramaure a trouvé un mode de récit inédit: faire raconter la grande tragédienne par ceux qui l’ont côtoyée. Edmond Rostand, Sacha Guitry, sa famille, ses amants... Ils évoquent son métier, ses amours, ses caprices, son génie. Cela fait un roman extraordinairement vivant, riche de personnages étonnants. Une succession fascinante de tableaux et de miroirs.