Tout sourit à Skandar Hayek, homme d’affaires libanais prospère et respecté. A la tête d’un négoce de tissus, il règne d’une main de fer sur son usine et sur son clan, malgré les nuages qui s’amoncellent sur le pays en ce début des années 1960 ou encore, de manière plus prosaïque, les disputes incessantes entre Marie, son épouse, et Mado, son acariâtre de soeur. Qu’importe, au fond, quand on se croit éternel, que rien ne dure : il sera bien temps, le moment venu, de se choisir un successeur, entre Noula, ce fils aîné qui ne doute de rien et surtout pas de lui-même, ou Hareth, le cadet, rêveur, épris de livres et de voyages. Depuis la terrasse ensoleillée de la villa familiale où il passe le plus clair de son temps, le narrateur, qui est aussi le chauffeur et le confident du vieux Skandar, observe et raconte cet âge d’or que rien ne semble jamais devoir vraiment ternir, à l’image de la belle Karine, fille chérie du patron. Jusqu’à ce que l’impensable se produise : un matin, le patriarche s’effondre au beau milieu de son usine, devant ses ouvriers médusés. Dans la querelle de succession qui s’ouvre alors, Noula semble tenir la corde, mais à quel prix ? Les femmes, elles, s’entre-déchirent, tandis que Hareth, impavide, est parti au loin, dans une errance qui le mènera jusqu’aux confins d’un orient magnifique et méconnu. Mais les femmes de la villa devront faire taire leurs disputes, déposer Noula, affronter la guerre civile qui éclate, les milices et leurs chefs prédateurs : prendre le pouvoir, en somme.