Début des années 2000. Dans une petite ville anglaise sans grands faits d’arme à célébrer ni catastrophes à déplorer, deux fillettes viennent de retrouver leur mère assassinée. Elle git dans sa baignoire, les seins méticuleusement découpés et disposés de chaque côté du corps. Entre ses doigts, deux mèches de cheveux : une brune, une blonde.
Lily, couturière et mère exemplaire, n’avait jusqu’alors jamais fait parler d’elle.
À quelques mètres du foyer de Lily Hewitt, celui de Damiano Solivo. Alors que tous les soupçons se portent sur cet immigré italien suintant protégé comme un chiot par sa femme, celui-ci oppose un alibi parfait : il travaillait. Pour preuves de sa bonne foi, il a conservé son titre de transport et se trouve en mesure de prouver qu’il a signé la feuille d’émargement ce matin-là, à l’institut qui l’accueille pour son insertion professionnelle.
Aux yeux de Gordon, narrateur et policier en charge de l’enquête, cela ne fait aucun doute : ce discours bien rodé est un écran de fumée. Trop d’éléments concordent en faveur de son intuition première : un comportement déviant, un meurtre non élucidé, des témoignages troublants, une bande vidéo accablante… Mais surtout, un fait divers à peu près semblable survenu une dizaine d’années plus tôt en Italie… On tient là un méthodique, un dangereux psychopathe, une âme, sous des dehors apathiques et inoffensifs, gangrenée par le vice.
Cette enquête se révélera chaotique, l’attente de la preuve scientifique, seule recevable, sera interminable. Et les faux témoignages, les lenteurs administratives, les silences, les barrages, tenteront d’épuiser Gordon et son équipe. Peu à peu, leurs biographies personnelles finiront par se dessiner dans le temps en épousant le fil d’un fait divers qui fera date dans leurs carrières et dans cette petite ville de province.