Charles Lambert est une force de la nature. Il a l’âme droite, le cœur vaillant, et comme les chênes de sa forêt natale du Jura, il ne plie jamais. Orphelin quand naît le siècle, il n’a pour trésor que les souvenirs de sa grand-mère, et pour avenir son engagement dans l’armée de métier. C’est là, au milieu de ses compagnons de mauvaise fortune, au travers des conflits effroyables qui jalonnent notre époque, qu’il sera totalement lui-même : courageux jusqu’à l’aveuglement, opiniâtre jusqu’à la mort, impitoyable pour tous et pour lui-même afin d’exorciser ses terreurs d’enfant. Figure anonyme et pourtant emblématique du petit peuple de France, il a la noblesse et la générosité de ceux qui, sans faire de bruit, défendent des valeurs immémoriales. Il fallait le talent puissant et singulier de Bernard Clavel, grand écrivain de ce siècle, pour chanter cette gloire des humbles qu’il a fréquentés de si près. Bernard Clavel le passionné, l’insoumis et l’homme de cœur qui, sous ce Soleil des morts, nous fait crier aux horreurs de la guerre, respirer l’air pur des rives de la Loue, sourire au bonheur simple de l’amour comme de l’amitié, et traverser cinquante ans de notre histoire avec un authentique et fraternel compagnon.
Un livre d’homme, tout entier illuminé par un merveilleux visage de femme : celui de Pauline, la compagne d’une longue existence que Bernard Clavel, en faisant revivre le souvenir intime, vibrant et en même temps universel de celui qui fut son oncle, a rendue inoubliable. Le Soleil des morts est le plus personnel et le plus poignant de ses livres. Sans doute son chef-d’œuvre.