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Liste des livres

Le non de Klara de Soazig Aaron
2004
Goncourt (1er Roman) 2002
Soazig Aaron
Roman Histo
2½ h
Ce récit se présente sous la forme d’un journal, celui d’Angélika, l’amie et belle-sœur de Klara qui revient d’Auschwitz à Paris après une déambulation à travers l’Europe en août 1945. Le journal s’organise autour de la parole de Klara qui, jour après jour, pendant un mois, dévoile ce qu’elle a vécu. Pas de lamentations, mais elle dit froidement, avec force et violence, sa stupeur et sa colère permanente, son incapacité à accepter les codes de la vie redevenue normale. Elle refuse de revoir sa fille de trois ans et partira, au bout d’un mois, en Amérique. Il existe peu de récits sur le retour des déportés et leur difficile réadaptation à la vie quotidienne
 
 
Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal
2020
Goncourt (lycéens) 2020
Djaïli Amadou Amal
Littérature étrangère
3 h
Ramla, Hindou et Safira. Trois femmes, trois histoires, trois destins liés.
Ce magnifique roman retrace le destin de Ramla, 17 ans, arrachée à son amour pour être mariée de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou, sa soeur du même âge, est contrainte d’épouser Moubarak, son cousin, alcoolique, drogué et violent. Quant à Safira, 35 ans, la première épouse d’Alhadji Issa, elle voit d’un très mauvais oeil l’arrivée dans son foyer de la jeune Ramla, qu’elle veut voir répudiée.
Pour les aider dans cette étape importante et difficile de leur vie, leur entourage ne leur donne qu’un seul et même conseil : patience !
Mariage précoce forcé, viol conjugal, consensus et polygamie, avec Les Impatientes, Amal brise les tabous en dénonçant la condition de la femme dans le Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
 
 
La Maîtresse de Brecht de Jacques-Pierre Amette
2014
Goncourt 2003
Jacques-Pierre Amette
Littérature
3 h
« Brecht viendra vous chercher le soir dans votre loge, vous n’avez qu’à lui ouvrir la porte... Parfois vous devez l’écouter, parfois lui poser quelques questions. Vous savez qu’en face, les Américains c’est la guerre, de nouveau, qu’ils préparent. On veut savoir qui il est. Autant de temps passé en Californie... Il a quitté l’Allemagne depuis si longtemps... Sa place est si importante, sa grandeur spirituelle est-elle au niveau de la tâche que nous lui confions, c’est ce que nous voulons savoir.
Maria. » Dans le Berlin-Est de l’après-guerre, la rencontre de Bertolt Brecht, de retour d’exil, et d’une jeune comédienne, agent de la Stasi. Le fascinant portrait de deux personnages pris en étau dans l’atmosphère saisissante de la guerre froide.
De nos frères blessés de Joseph Andras
2016
Goncourt (1er Roman) 2016
Joseph Andras
Roman Histo
2½ h
Alger, 1956. Jeune ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN, Fernand Iveton a déposé dans son usine une bombe qui n’a jamais explosée. Pour cet acte symbolique sans victime, il est exécuté le 11 février 1957, et restera dans l’Histoire comme le seul Européen guillotiné de la guerre d’Algérie. Ce roman brûlant d’admiration, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence, lui rend hommage.
Farrago de Yann Apperry
2003
Goncourt (lycéens) 2003
Yann Apperry
Littérature
8½ h
Soudain, une étoile filante a traversé le ciel de Farrago : « Je souhaite avoir un destin, j’ai murmuré. Je souhaite vivre une histoire qui fasse de ma vie un destin. » L’homme qui chuchote ainsi dans la nuit se nomme Homer Idlewilde. Nous sommes en 1973, dans une bourgade perdue de la Californie. Tandis que les B52 pilonnent Hanoi et que les astronautes sont sur la Lune, Farrago rumine encore le refrain de ses pionniers : Far away, long ago, Farrago. Depuis qu’il s’y est établi comme vagabond, Homer traîne ses attentes et ses questions d’un bout à l’autre du comté. Il a pour compagnons Elijah, Duke, Fausto et Ophelia, membres comme lui de la confrérie des errants de l’Amérique profonde. Chacun à sa manière poursuit sans le savoir la même folie devenir le héros de sa propre vie. Farrago est un roman, un conte, une allégorie, une histoire à dormir debout, un feuilleton, une odyssée.
 
 
Le Feu de Henri Barbusse
1916
Goncourt 1916
Henri Barbusse
Littérature
7½ h
Voici, relaté par un combattant de première ligne, le quotidien des poilus dans les tranchées : c’est l’horreur absolue. Premier roman de guerre, Le Feu bouleverse tous les codes romanesques. Comment redonner la parole à ces combattants ?
Henri Barbusse invente un genre, façonne une nouvelle langue et soulève de grandes questions, d’amère actualité. Pourquoi la guerre ? Est-il possible de l’éradiquer à jamais ? Un siècle après sa parution, Le Feu reste un livre choc.
La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun
1987
Goncourt 1987
Tahar Ben Jelloun
Littérature
3½ h
Suite de l’enfant des sables.
Rappelez-vous ! J’ai été une enfant à l’identité trouble et vacillante. J’ai été une fille masquée par la volonté d’un père qui se sentait diminué, humilié parce qu’il n’avait pas eu de fils.
Comme vous le savez, j’ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d’entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici i ou là. C’eux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et de vent ont eu quelques ennuis : certains ont été frappés d’amnésie ; d’autres ont failli perdre leur âme.
Mais comme ma vie n’est pas un conte, j’ai tenu à rétablir les faits et v vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d’une ruelle fermée par sept portes.
Gaspard de René Benjamin
1915
Goncourt 1915
René Benjamin
Littérature
4 h
Depuis les premiers jours d’août 1914, René Benjamin, jeune journaliste mobilisé en Lorraine, tient un carnet de « choses vues ». « Avec de l’eau plein nos chaussures et ma culotte, je me dis encore : il y a une page épatante à faire là-dessus », écrit-il à sa mère.
Dès mars 1915, ses notes fournissent la matière d’un feuilleton que publie Le Journal. Lorsque, après une blessure, Benjamin est rapatrié en Anjou, il décide de tirer de ces croquis un roman mettant en scène un Parisien truculent et hâbleur : Gaspard, qui compte rentrer du front « pour les vendanges », et que nous suivons en campagne, dans le train des blessés ou choyé par de jolies infirmières...
Couronné par le prix Goncourt 1915, le livre connaîtra un vif succès jusqu’à la fin 1916. Il apparaît alors que le conflit va s’éterniser : à Gaspard succéderont des oeuvres plus noires : Le Feu de Barbusse, Ceux de 14 de Genevoix, Les Croix de bois de Dorgelès.
Gaspard est sans doute le premier roman inspiré par la mobilisation et par l’euphorie de l’été 1914, que caractérisaient « deux traits : l’élan charmant de cette race qui courut au feu ; puis la criminelle incurie de la plupart de ceux qui nous menèrent : politiques ou officiers. C’est le double sujet de mon livre, qui est un livre triste. On y rit ? Rien n’est plus triste que le rire dans le drame. »
HHhH de Laurent Binet
2010
Goncourt (1er Roman) 2010
Laurent Binet
Roman Histo
6½ h
A Prague, en 1942, deux hommes doivent en tuer un troisième. C’est l’opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus dangereux du Troisième Reich ».
Heydrich était le chef d’Eichmann et le bras droit d’Himmler, mais chez les SS, on disait : « HHhH ».
Himmlers Hirn heißt Heydrich – le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. Tous les personnages de ce livre ont existé ou existent encore.
Tous les faits relatés ont été vérifiés. Mais derrière les préparatifs de l’attentat, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L’auteur, emporté par son sujet, doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, pourtant, mener l’histoire à son terme.
 
 
Mon village à l'heure Allemande de Jean-Louis Bory
1944
Goncourt 1945
Jean-Louis Bory
Littérature
6 h
1944, à la veille du débarquement allié, à Jumainville, petit village comme tant d’autres, les habitants se sont accommodés de l’Occupation, mais c’est par leur vert langage, leur existence vigoureuse, leurs plaisanteries et leurs peines qu’ils résistent à leur manière...
L'Épervier de Maheux de Jean Carrière
1972
Goncourt 1972
Jean Carrière
Littérature
6½ h
Au-dessus de Mazel-de-Mort, lorsqu’on atteint le hameau de Maheux, commencent les hautes solitudes : les torrents disparaissent, les sources tarissent, d’immenses étendues sans arbres moutonnent à l’infini.
Brûlant ou glacial, le climat confère à toutes les saisons quelque chose de cosmique ou de tellurique : voilà le Haut-Pays des Cévennes, terre huguenote. Les vieux meurent, les fermes sont abandonnées les unes après les autres, les enfants quittent le pays : voilà son histoire. Le père mort, Samuel, son frère, descendu à la ville, Abel Reilhan reste seul, dernier parmi les derniers habitants de ces landes inanimées ; seul à piéger les grives ou à tirer le lièvre, seul à glaner tes châtaignes ou à couper le bois mort, seul enfin à défier l’ingratitude du ciel et de la terre, du fond du puits qu’il creuse pour faire jaillir une eau qui n’existe pas. Provocation singulière irrémédiablement vouée à l’échec, combat à l’image de celui qu’il mène contre cet épervier dont le tournoiement incessant l’ensorcelle.
Pari perdu d’avance : Abel mourra vaincu, mais il y a peut-être dans sa défaite une victoire mystérieuse dont nous ne connaîtrons jamais le secret. Jean Carrière, qui connaît admirablement le pays qu’il décrit, nous rend perceptible l’atmosphère tragique d’une France anachronique qui meurt non loin de nous. Il le fait avec toutes les ressources de ce lyrisme bien particulier que l’on trouvait déjà dans son premier roman, Retour à Uzés.
Et s’il faut parler d’influences littéraires, on peut songer, plus qu’à Giono ou à Chamson, à Faulkner et à la littérature américaine du « Deep South ».
Le Quatrieme Mur de Sorj Chalandon
2013
Goncourt (lycéens) 2013
Sorj Chalandon
Littérature
4½ h
L’idée de Sam était folle. Georges l’a suivie.
Réfugié grec, metteur en scène, juif en secret, Sam rêvait de monter l’Antigone d’Anouilh sur un champ de bataille au Liban.
1976. Dans ce pays, des hommes en massacraient d’autres. Georges a décidé que le pays du cèdre serait son théâtre. Il a fait le voyage. Contacté les milices, les combattants, tous ceux qui s’affrontaient. Son idée ? Jouer Anouilh sur la ligne de front. Créon serait chrétien. Antigone serait palestinienne. Hémon serait Druze. Les Chiites seraient là aussi, et les Chaldéens, et les Arméniens. Il ne demandait à tous qu’une heure de répit, une seule. Ce ne serait pas la paix, juste un instant de grâce. Un accroc dans la guerre. Un éclat de poésie et de fusils baissés. Tous ont accepté. C’était impensable. Et puis Sam est tombé malade. Sur son lit d’agonie, il a fait jurer à Georges de prendre sa suite, d’aller à Beyrouth, de rassembler les acteurs un à un, de les arracher au front et de jouer cette unique représentation.
Georges a juré à Sam, son ami, son frère.
Il avait fait du théâtre de rue, il allait faire du théâtre de ruines. C’était bouleversant, exaltant, immense, mortel, la guerre. La guerre lui a sauté à la gorge.
L’idée de Sam était folle. Et Georges l’a suivie.
 
 
Texaco de Patrick Chamoiseau
1992
Goncourt 1992
Patrick Chamoiseau
Littérature
8½ h
« Une vieille femme câpresse, très grande, très maigre, avec un visage grave, solennel, et des yeux immobiles. Je n’avais jamais perçu autant d’autorité profonde irradier de quelqu’un... Elle mélangeait le créole et le français, le mot vulgaire, le mot précieux, le mot oublié, le mot nouveau... »
Et c’est ainsi que Marie-Sophie Laborieux raconte à l’auteur plus de cent cinquante ans d’histoire, d’épopée de la Martinique, depuis les sombres plantations esclavagistes jusqu’au drame contemporain de la conquête des villes. D’abord, les amours d’Esternome, le « nègre-chien » affranchi, avec la volage Ninon qui périt grillée dans l’explosion de la Montagne Pelée, puis avec Idoménée l’aveugle aux larmes de lumière, qui sera la mère de Marie-Sophie. Dans les temps modernes, Marie-So erre d’un maître à l’autre, au gré de mille et un « djobs » qui l’initient à l’implacable univers urbain. Ses amours sont sans lendemain. Devenue l’âme du quartier Texaco, elle mène la révolte contre les mulâtres de la ville, contre les békés qui veulent s’approprier les terres, contre les programmes de développement qui font le temps-béton.
Patrick Chamoiseau a sans doute écrit, avec Texaco, le grand livre de l’espérance et de l’amertume du peuple antillais, depuis l’horreur des chaînes jusqu’au mensonge de la politique de développement moderne. Il brosse les scènes de la vie quotidienne, les moments historiques, les fables créoles, les poèmes incantatoires, les rêves, les récits satiriques. Monde en ébullition où la souffrance et la joie semblent naître au même instant.
Oublier Palerme de Edmonde Charles-Roux
1966
Goncourt 1966
Edmonde Charles-Roux
Littérature
7½ h
Babs est une jeune femme comme il en existe beaucoup, à New York, dans la presse féminine. Rédactrice à Fair, un magazine de grand prestige, Babs ne semble se soucier que de sa réussite professionnelle. Etre efficace est sa préoccupation constante, aussi navigue-t-elle avec succès dans un petit monde journalistique où l’arrivisme est l’unique loi. Société redoutable aux yeux de Gianna Meri, une amie de Babs, elle aussi rédactrice à Fair, une jeune Palermitaine qui a quitté sa ville et son île écrasées sous les bombardements et les horreurs de la guerre de 1944. Gianna, comme beaucoup de Siciliens et de Siciliennes, est venue à New York refaire sa vie. Mais la société new-yorkaise l’épouvante et elle ne réussit pas à se couper de son passé. Sa rencontre avec Carmine Bonnavia, lui aussi Sicilien et fils d’émigré, donne au séjour américain de Gianna une dimension nouvelle, bien que Carmine comme Babs n’ait d’autre désir en tête que celui de réussir une carrière politique. Il vise la mairie de New York. Pense-t-il parfois à la terre de ses ancêtres ? Cette Sicile lointaine est-elle encore un peu sa patrie ? Carmine le dénie et affirme qu’il n’a d’autre patrie que l’Amérique. Mais Palerme est de ces Atlantides qui se laissent difficilement oublier et la suite de ce roman le prouve amplement. Un jour, après son mariage avec Babs, tout bascule pour Carmine Bonnavia et la Sicile parviendra à reprendre ce fils perdu. Fresque colorée, puissante, véritable chant de l’exil sicilien, Oublier Palerme, premier roman d’Edmonde Charles-Roux, a obtenu le prix Goncourt en 1966.
L'Ogre de Jacques Chessex
1973
Goncourt 1973
Jacques Chessex
Littérature
3½ h
Détruire son père.
En faire un petit tas de cendres au fond d’une urne. Comme du sable. De la poussière anonyme et sans voix. Cela peut sembler facile à une époque où la jeunesse tuait ses pères en écoutant Joan Baez et Donovan. C’est impossible pour Jean Calmet, professeur de latin à Lausanne. Comme il vient d’assister à la crémation de son père, les fantômes et les outrages du passé reviennent le tyranniser. Dans ce livre qui obtint le prix Goncourt en 1973, Chessex déroule le fil d’une vie dévorée par un ogre jouisseur et tonitruant, qui aura volé le plaisir de vivre à sa progéniture et crédité sa lâcheté.
Un père ne meurt jamais...
 
 
Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel
2007
Goncourt (lycéens) 2007
Philippe Claudel
Littérature
6 h
Le métier de Brodeck n’est pas de raconter des histoires. Son activité consiste à établir de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons et du gibier, de la neige et des pluies, un travail sans importance pour son administration. Brodeck ne sait même pas si ses rapports parviennent à destination. Depuis la guerre, les courriers fonctionnent mal, il faudra beaucoup de temps pour que la situation s’améliore. «On ne te demande pas un roman, c’est Rudi Gott, le maréchal-ferrant du village qui a parlé, tu diras les choses, c’est tout, comme pour un de tes rapports.»
Brodeck accepte. Au moins d’essayer. Comme dans ses rapports, donc, puisqu’il ne sait pas s’exprimer autrement. Mais pour cela, prévient-il, il faut que tout le monde soit d’accord, tout le village, tous les hameaux alentour. Brodeck est consciencieux à l’extrême, il ne veut rien cacher de ce qu’il a vu, il veut retrouver la vérité qu’il ne connait pas encore. Même si elle n’est pas bonne à entendre.
"À quoi cela te servirait-il Brodeck ? s’insurge le maire du village. N’as-tu pas eu ton lot de morts à la guerre ?
Qu’est-ce qui ressemble plus à un mort qu’un autre mort, tu peux me le dire ? Tu dois consigner les événements, ne rien oublier, mais tu ne dois pas non plus ajouter de détails inutiles. Souviens-toi que tu seras lu par des gens qui occupent des postes très importants à la capitale. Oui, tu seras lu même si je sens que tu en doutes..."
Brodeck a écouté la mise en garde du maire.
Ne pas s’éloigner du chemin, ne pas chercher ce qui n’existe pas ou ce qui n’existe plus. Pourtant, Brodeck fera exactement le contraire.
 
 
Les Fruits de l'hiver de Bernard Clavel
1968
La grande patience (4)
Goncourt 1968
Bernard Clavel
Littérature
8 h
Les années noires et la guerre s’achèvent, et les parents de julien arrivent au terme d’une longue vie de labeur, de courage et de privations. Sans nouvelles de leur fils qui court le maquis, ils s’aigrissent dans l’horizon étroit de leur petit jardin, sans bien comprendre la sanglante tragédie qui se joue autour d’eux. Vient enfin la Libération et le retour de Julien, accompagné d’une jeune femme portant un enfant de lui, à l’aube de ces temps nouveaux que le vieux couple ne connaîtra pas. Et c’est la fin - déchirante - de l’une des œuvres majeures de Bernard Clavel. Les fruits de l’hiver (prix Goncourt 1968) terminent la fresque qui assura à Bernard Clavel une immense audience.
 
 
Les Filles du Calvaire de Pierre Combescot
1991
Goncourt (lycéens) 1991
Goncourt 1991
Pierre Combescot
Littérature
12 h
Qui est Madame Maud, trônant derrière le comptoir du café-tabac des Trapézistes ? Cette plantureuse rousse au passé plus que chargé a étranglé bien des secrets avec ses bas de soie. De retours en arrière en bonds en avant, des soleils de la Méditerranée aux brouillards de l’Occupation, Pierre Combescot brasse des légions de personnages (danseuses nues, rabbins, putains, miliciens, nymphomanes des beaux quartiers, clowns, académiciens obsédés, bouchers, flics de la Mondaine) qui en disent long sur les combats du vice et de la vertu au XXe siècle. Un livre-monde, canaille de langue et d’esprit, qui donne l’impression de s’inventer à chaque page.
L'État Sauvage de Georges Conchon
1964
Goncourt 1964
Georges Conchon
Littérature
4½ h
Découvrir que la femme de votre vie vous a quitté sans un mot d’explication dans l’année même de votre mariage pour suivre un ami du ménage nommé Gravenoire, tel est le rude coup reçu par Avit à l’âge de vingt-quatre ans; il lui a fallu deux ans pour s’en remettre. Après quoi. tout fier de sa gloire de jeune fonctionnaire de l’Unesco, il s’en va, chargé de mission en Afrique. Première étape : Fort-Jacul et première déception : le ministre de l’Information lui signifie son expulsion. Pourquoi ? Les Blancs de la ville prennent un malin plaisir à le lui apprendre. Non seulement sa mésaventure est connue, car Gravenoire est installé à Fort-Jacul, mais encore Laurence, qui l’a abandonné à son tour, vit maintenant avec un Noir, Patrice Doumbé, ministre de la Santé publique.
Confidence pour confidence de Paule Constant
1998
Goncourt 1998
Paule Constant
Littérature
3½ h
Au lendemain d’un colloque féministe à Middleway, au Kansas, la maison de l’universitaire noire Gloria Patter est au centre d’un huis-clos enjoué et nostalgique entre quatre femmes d’âge mûr : l’hôtesse Gloria, la romancière française Aurore Amer, l’actrice norvégienne Lola Dhol, dont les frasques ont éclaboussé la presse d’autrefois, et Babette Cohen, un professeur d’origine pied-noir. Ces personnages, tantôt très proches, tantôt aux antipodes, vivent leurs échecs et leurs petites gloires avec plus ou moins de sagesse et d’ironie. Elles ont au moins en commun de vivre seules.
Un homme se penche sur son passé de Maurice Constantin-Weyer
1928
Goncourt 1928
Maurice Constantin-Weyer
Littérature
3½ h
Consacrée par le prix Goncourt de 1928, cette œuvre fascinante constitue l’un des plus importants apports à l’imaginaire occidental des Prairies et de l’Arctique, aux côtés de l’œuvre de Jack London. Alors que le monde des cow-boys libres de l’Ouest se meurt, le héros se tourne vers le Grand Nord, nouvel espace de défi et de liberté, malgré tous les dangers.
Un brillant avenir de Catherine Cusset
2008
Goncourt (lycéens) 2008
Catherine Cusset
Littérature
6½ h
Elena, une jeune Roumaine née en Bessarabie et ballottée par l’Histoire, rencontre à un bal en 1958 un homme dont elle tombe passionnément amoureuse.
Il est juif, et ses parents s’opposent au mariage. Elena finit par épouser Jacob et par réaliser son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceausescu. Émigrer aux États-Unis. Elle devient américaine, et se fait appeler Helen. Elle a rompu avec le passé, mais l’avenir n’est plus un rêve. Helen est maintenant confrontée à une réalité qui lui échappe : la maladie et la dépression de son mari ; l’indépendance de ce fils à qui elle a tout sacrifié, et qui épouse une Française malgré l’opposition de ses parents.
Cette jeune femme égoïste, arrogante, imbue d’un sentiment de supériorité presque national, Helen ne l’aime pas. Cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante. Marie en a peur. Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose - leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme -, quelque chose grandit qui ressemble à de l’amour.
Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud
2014
Goncourt (1er Roman) 2015
Kamel Daoud
Littérature
2½ h
Cet homme qui soliloque dans un bar, nuit après nuit, c’est le frère de l’Arabe tué par un certain Meursault dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, rage et frustration inentamées, le vieillard rend un nom au mort et donne chair à cette figure niée de la littérature : l’Arabe. Un roman profond sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel.
 
 
Les Mandarins de Simone de Beauvoir
1954
Les Mandarins (1)
Goncourt 1954
Simone de Beauvoir
Littérature
9 h
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Rien, tout va très bien, dis-je d’un ton dégagé.
- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit Robert. Je suis sûr qu’en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch as-tu bus ?
- Sûrement moins que vous, et le punch n’y est pour rien.
- Ah ! tu avoues ! dit Robert d’un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n’y est pour rien ; quoi donc ?
- C’est Scriassine, dis-je en riant ; il m’a expliqué que les intellectuels français étaient foutus.
Les Mandarins de Simone de Beauvoir
1954
Les Mandarins (2)
Goncourt 1954
Simone de Beauvoir
Littérature
9 h
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Rien, tout va très bien, dis-je d’un ton dégagé.
- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit Robert. Je suis sûr qu’en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch as-tu bus ?
- Sûrement moins que vous, et le punch n’y est pour rien.
- Ah ! tu avoues ! dit Robert d’un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n’y est pour rien ; quoi donc ?
- C’est Scriassine, dis-je en riant ; il m’a expliqué que les intellectuels français étaient foutus.
Monsieur des Lourdines de Alphonse de Châteaubriant
1911
Goncourt 1911
Alphonse de Châteaubriant
Littérature
3 h
La pourpre des noisetiers, le safran des érables, les châtaigniers et les hêtres aux branches alourdies de pluie... L’odeur des champignons, si proche de celles de l’arbre et de la terre...
Cette forêt poitevine dont il a parcouru les sentiers pendant si longtemps, Monsieur des Lourdines en sera-t-il chassé, par la folie de son fils ?
La Marge de André Pieyre de Mandiargues
1967
Goncourt 1967
André Pieyre de Mandiargues
Littérature
4½ h
Après un choc affectif atroce, un homme se retrouve «en marge» de sa vie. À Barcelone, dans le sordide quartier de la prostitution, où il a rencontré un semblant de tendresse, il prend conscience de la situation tragique du peuple catalan. L’amour des opprimés l’exalte. Ainsi s’opère la transmutation de la mort volontaire en espoir de vengeance et de libération prochaine.
D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan
2015
Renaudot 2015
Goncourt (lycéens) 2015
Delphine de Vigan
Littérature
6 h
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain.
Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser. »
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d’une époque fascinée par le Vrai.
 
 
John l'Enfer de Didier Decoin
1977
Goncourt 1977
Didier Decoin
Littérature
7 h
Triomphante, folle de ses richesses, de sa démesure et de ses rêves, New York se délabre pourtant, rongée de l’intérieur. John L’Enfer, le Cheyenne insensible au vertige, s’en rend bien compte du haut des gratte-ciel dont il lave les vitres. Il reconnaît, malgré les lumières scintillantes des quartiers de luxe, malgré l’opacité du béton des ghettos de misère, les signes avant-coureurs de la chute de la plus étonnante ville du monde : des immeubles sont laissés à l’abandon, des maisons tombent en poussière, des chiens s’enfuient vers les montagnes proches...
Devenu chômeur, l’Indien rencontre deux compagnons d’errance : Dorothy Kayne, jeune sociologue qu’un accident a rendue momentanément aveugle, et qu’effraie cette nuit soudaine ; et Ashton Mysha, Juif hanté par sa Pologne natale, qui vit ici son ultime exil.
Trois destins se croisent ainsi dans New York l’orgueilleuse, New York dont seul John L’Enfer pressent l’agonie. Trois amours se font et se défont dans ce roman de l’attirance et de la répulsion, de l’opulence et du dénuement.
Abraham de Brooklyn chantait la naissance de New York. Avec John L’Enfer, voici venu le temps de l’apocalypse.
L’apocalypse possible dès aujourd’hui d’une cité fascinante et secrète, peuplée de dieux ébranlés et d’épaves qui survivent comme elles peuvent dans le fracas et les passions.
La vérité sur l'Affaire Harry Quebert de Joël Dicker
2012
Goncourt (lycéens) 2012
Académie française (roman) 2012
Joël Dicker
Littérature
13 h
À New York, au printemps 2008, lorsque l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.
Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.
 
 
Frère d'âme de David Diop
2018
Goncourt (lycéens) 2018
David Diop
Littérature
2 h
Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.
Les Grandes Familles de Maurice Druon
1948
Goncourt 1948
Maurice Druon
Littérature
6 h
C’est dans les cercles de la grande banque, de la politique, de l’armée, de la célébrité et de l’oisiveté luxueuse que se déroulent les trois romans du cycle Les Grandes Familles, cette vaste fresque de la société française d’entre les deux Guerres Mondiales. Romans de l’ambition, de ses succès et de ses échecs, romans du pouvoir, de ses triomphes et de ses écroulements, romans des affaires, de leur turbulence et de leurs faillites, romans du vieillissement, des déchéances et de la mort, où s’affrontent aristocrates, grands bourgeois, et arrivistes. Comme en écho à cette décadence sociale, et de la même période d’écriture, voici La Volupté d’être et sa fascinante héroïne, la Contessa Lucrezia Sanziani, vieille femme casquée et gantée de panthère, qui rejoue les scènes d’un passé ardent, mouvementé, quasi fabuleux, pour la petite femme de chambre de l’hôtel autrefois luxueux où elle s’est retirée.
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois
2019
Goncourt 2019
Jean-Paul Dubois
Littérature
4½ h
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre.
Retour en arrière: Hansen est superintendant a L’Excelsior, une résidence où il déploie ses talents de concierge, de gardien, de factotum, et – plus encore – de réparateur des âmes et consolateur des affligés. Lorsqu’il n’est pas occupé à venir en aide aux habitants de L’Excelsior ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne. Aux commandes de son aéroplane, elle l’emmène en plein ciel, au-dessus des nuages. Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L’Excelsior, des conflits éclatent. Et l’inévitable se produit.
Une église ensablée dans les dunes d’une plage, une mine d’amiante à ciel ouvert, les méandres d’un fleuve couleur argent, les ondes sonores d’un orgue composent les paysages variés où se déroule ce roman. Histoire d’une vie, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon est l’un des plus beaux livres de Jean-Paul Dubois. On y découvre un écrivain qu’animent le sens aigu de la fraternité et un sentiment de révolte à l’égard de toutes les formes d’injustice.
 
 
Civilisation de Georges Duhamel
1918
Goncourt 1918
Georges Duhamel
Littérature
3 h
La guerre, c’est le déferlement stratégique des hommes et des armes sur tel ou tel point du front. Mais c’est aussi le reflux de ces hommes après la bataille, le retour de ceux qui ont pu revenir, un raz-de-marée en sens inverse qui laisse sous les toiles battantes des infirmeries de campagne « une mosaïque de souffrance teinte aux couleurs de la guerre, fange et sang, empuantie des odeurs de la guerre, sueur et pourriture, bruissante des cris, des lamentations, des hoquets qui sont la voix même et la musique de la guerre. »
Alors aux blessés s’offre ce qui se fait de mieux dans le monde moderne, les draps frais, l’infirmerie « blanche comme une laiterie », les pinces brillantes du chirurgien, l’autoclave, le dernier cri du progrès. Mais qu’importe au lieutenant Dauche avec sa balle dans la tête, à Revaud et à leurs compagnons de misère, à ceux dont Georges Duhamel rappelle le courage simple, la bonne humeur, l’endurance? « La civilisation n’est pas dans toute cette pacotille terrible; et, si elle n’est pas dans le coeur de l’homme, eh bien! elle n’est nulle part. » C’est la leçon de ces pages qui font écho à la poignante Vie des martyrs où, une fois de plus, un témoin raconte les cruelles choses vues et vécues pendant la Grande Guerre.
S'adapter de Clara Dupont-Monod
2021
Goncourt des lycéens 2021
Femina 2021
Clara Dupont-Monod
Littérature
2½ h
C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît, au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la renaissance d’un QSprésent hors de la mémoire.
Comme dans un conte, les pierres de la cour témoignent. Comme dans les contes, la force vient des enfants, de l’amour fou de l’aîné qui protège, de la cadette révoltée qui rejettera le chagrin pour sauver la famille à la dérive. Du dernier qui saura réconcilier les histoires.
La naissance d’un enfant handicapé racontée par sa fratrie.
Un livre magnifique et lumineux.
 
 
L'Amant de Marguerite Duras
1984
Goncourt 1984
Marguerite Duras
Littérature
2 h
« J’ai appris qu’il était mort depuis des années. C’était en mai 90 (...). Je n’avais jamais pensé à sa mort. On m’a dit aussi qu’il était enterré à Sadec, que la maison bleue était toujours là, habitée par sa famille et des enfants. Qu’il avait été aimé à Sadec pour sa bonté, sa simplicité et qu’aussi il était devenu très religieux à la fin de sa vie.
J’ai abandonné le travail que j’étais en train de faire. J’ai écrit l’histoire de l’amant de la Chine du Nord et de l’enfant : elle n’était pas encore là dans L’Amant, le temps manquait autour d’eux. J’ai écrit ce livre dans le bonheur fou de l’écrire. Je suis restée un an dans ce roman, enfermée dans cette année-là de l’amour entre le Chinois et l’enfant.
Je ne suis pas allée au-delà du départ du paquebot de ligne, c’est-à-dire le départ de l’enfant. »
Marguerite Duras.
 
 
Je m'en vais de Jean Echenoz
1999
Goncourt 1999
Jean Echenoz
Littérature
3 h
Félix Ferrer, séducteur quinquagénaire au système cardiaque peu brillant et propriétaire d’une galerie d’art moderne sur le déclin, s’en va. Il quitte sa femme pour en rejoindre une autre. Il abandonne Paris six mois plus tard et embarque à bord d’un bateau pour une expédition dans le Grand Nord canadien, à la recherche d’objets d’art inuit, enfouis dans une épave échouée sur la banquise. En effet, sur les conseils en investissement de son informateur et assistant Delahaye, Ferrer se décide à aborder l’art ethnique, plus à la mode que la peinture moderne. Il rentre à Paris avec son trésor inuit qui vaut une petite fortune. Quelques jours après son retour, les antiquités disparaissent mystérieusement... Ferrer, de nouveau victime d’alertes cardiaques, se réveille un jour à l’hôpital. Son regard se pose sur une belle jeune femme. Cette fois-ci, de façon surprenante, elle ne l’attire pas...
Par la magie d’une écriture pleine d’ironie et de légèreté, Je m’en vais, faux polar mais vrai roman, récompensé par le prix Goncourt 1999, conduit très progressivement son lecteur au dénouement des intrigues avec une sorte de désinvolture et un humour certain.
Le Peuple de la Mer de Marc Elder
1913
Goncourt 1913
Marc Elder
Littérature
4 h
Le Peuple de la Mer de Marc Elder valut au jeune auteur (29 ans à l’époque) le Prix Goncourt 1913, aux dépends d’Alain Fournier et de Marcel Proust. C’est un ensemble de 3 chroniques : la Barque, la Femme, la Mer, qui racontent la vie des habitants du village de l’Herbaudière, sur l’île de Noirmoutier. L’auteur y décrit les destins qui s’entrecroisent de marins, de pêcheurs ou de gardiens de Phares... Extrait : Coup sur coup, il lui avait fait trois enfants, parce qu’il faut des bras pour manœuvrer les barques et qu’un mousse de plus dans la famille c’est un étranger de moins à entretenir à bord. Car les pêcheurs procréent surtout par intérêt, comme les bourgeois s’en gardent pour la même cause, et non pas tant, selon la commune croyance, à cause des ivresses qui les culbutent, dans une poussée de rut, sur leurs femmes maîtrisées.
Boussole de Mathias Enard
2015
Goncourt 2015
Mathias Enard
Littérature
9½ h
Insomniaque, sous le choc d’un diagnostic médical alarmant, Franz Ritter, musicologue viennois, fuit sa longue nuit solitaire dans les souvenirs d’une vie de voyages, d’étude et d’émerveillements.
Inventaire amoureux de l’incroyable apport de l’Orient à la culture et à l’identité occidentales, Boussole est un roman mélancolique et enveloppant qui fouille la mémoire de siècles de dialogues et d’influences artistiques pour panser les plaies du présent.
Après Zone, après Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, après Rue des Voleurs… l’impressionnant parcours d’écrivain de Mathias Enard s’épanouit dans une magnifique déclaration d’amour à l’Orient.
 
 
Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard
2010
Goncourt (lycéens) 2010
Mathias Enard
Littérature
2 h
13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu’il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l’invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d’un pont sur la Corne d’Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l’étrangeté byzantine, Michel-Ange, l’homme de la Renaissance, esquisse avec l’Orient un sublime rendez-vous manqué.
 
 
Les civilisés de Claude Farrère
1905
Goncourt 1905
Claude Farrère
Littérature
4½ h
Les Civilisés obtinrent le troisième prix Goncourt en 1905, mais ni le grand public ni le lectorat lettré ne savent rien de son auteur Claude Farrère, et du roman. Les Civilisés, ce sont les coloniaux, ceux qui devraient porter le fardeau de l’homme blanc vanté par Kipling : la Civilisation, la leur du moins. La presse retient alors de ce livre qu’en vertu du climat de Saïgon et de Hanoï, qu’en vertu aussi de l’opium, ses héros sont en proie à un renoncement pessimiste, cynique même, aux valeurs traditionnelles : la morale, les lois. Un roman qui, toutefois, à sa sortie fut très controversé. C’est d’ailleurs un bien curieux prix Goncourt que ce roman dans lequel se trouve notamment l’image du livre corrupteur, du roman destructeur d’innocence.
Petit pays de Gaël Faye
2016
Fnac (roman) 2016
Goncourt (lycéens) 2016
Gaël Faye
Littérature
3½ h
En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages... J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d’être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »
Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.
 
 
Dans la main de l'ange de Dominique Fernandez
1982
Goncourt 1982
Dominique Fernandez
Littérature
12 h
Christ ou démon ? Saint ou bandit ? Un homme. Un homme seul contre tous, l’opposant par excellence, le rebelle absolu. De l’ère fasciste au temps des Brigades Rouges, c’est l’Italie contemporaine qui sert de cadre, de ferment, de nourriture à ce roman d’une vie. Il fallait ce pays traversé par la dictature, la guerre, la résistance, puis les luttes partisanes, les scandales sans nombre, la violence du terrorisme, pour que prenne forme l’itinéraire de Pier Paolo, éternel marginal en dépit de sa célébrité, héros double comme son prénom qui évoque à la fois un fondateur d’Eglise et un aventurier de l’esprit. D’une enfance idyllique auprès de cette mère chérie qui ne le quittera jamais, jusqu’à l’assassinat mystérieux sur une plage près de Rome, on le suivra dans chacune des étapes que l’ange du destin lui a fixées. Après les douceurs de l’adolescence et la simplicité païenne des premières passions, les procès, la haine, le mépris qui feront de lui un paria. Malgré la force et le succès des oeuvres, malgré l’argent et la gloire rapportés par les livres et les films, une soif d’amour inapaisée, jointe à un sentiment profond de culpabilité qui provoquera la tragédie. Si la plupart des événements, des lieux, des dates correspondent à la réalité, si parmi les personnages qui traversent ce récit plusieurs nous sont familiers, qu’ils s’appellent Toscanini, Moravia, Fellini ou Maria Callas, il ne faut pas chercher ici une biographie du légendaire P.P.P. toujours muet sur lui-même dans ses écrits, à jamais silencieux sur ses secrets. Il s’agit plutôt de la possession d’un créateur par un autre, tel que l’imaginaire seul peut le permettre. Comme dans Porporino, Dominique Fernandez se glisse à l’intérieur d’un être authentique, et recrée à travers lui toute la vérité d’un homme et d’une époque. Ce qui n’empêche pas ce portrait d’être en même temps une manière de confidence romanesque. Chateaubriand l’a dit avant nous : « On ne peint bien que son propre coeur, en l’attribuant à un autre. »
Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari
2012
Goncourt 2012
Jérôme Ferrari
Littérature
3½ h
Empire dérisoire que se sont constitué ceux qui l’ont toujours habité comme ceux qui sont revenus y vivre, un petit village corse se voit ébranlé par les prémices de sa chute à travers quelques personnages qui, au prix de l’aveuglement ou de la corruption de leur âme, ont, dans l’oubli de leur finitude, tout sacrifié à la tyrannique tentation du réel sous toutes ses formes, et qui, assujettis aux appétits de leur corps ou à leurs rêves indigents de bonheur ou d’héroïsme, souffrent, ou meurent, de vouloir croire qu’il n’est qu’un seul monde possible.
 
 
Charlotte de David Foenkinos
2014
Renaudot 2014
Goncourt (lycéens) 2014
David Foenkinos
Littérature
2½ h
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu’elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d’une oeuvre picturale autobiographique d’une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : “C’est toute ma vie”. Portrait saisissant d’une femme exceptionnelle, évocation d’un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d’une quête. Celle d’un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
 
 
La Maternelle de Léon Frapié
1904
Goncourt 1904
Léon Frapié
Littérature
4 h
Rose, issue d’une famille aisée, doit affronter une cruelle réalité après qu’une série de malheurs se soit abattue sur sa famille. Bien qu’elle soit une jeune fille érudite, elle doit se contenter d’un emploi de femme de ménage dans une école maternelle. Se confiant à son journal intime, elle réfléchit sur son nouveau statut, tout en nous faisant part de la vie des enfants au sein de l’école. Elle nous initie ainsi à ce nouveau monde qu’elle s’approprie peu à peu.
 
 
Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde
2012
Goncourt (1er Roman) 2012
François Garde
Littérature
5½ h
Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d’Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l’a recueilli. Il a perdu l’usage de la langue française et oublié son nom.
Que s’est-il passé pendant ces dix-sept années? C’est l’énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l’homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu’on surnomme désormais le «sauvage blanc».
 
 
La Vie devant soi de Romain Gary
1975
Goncourt 1975
Romain Gary (et Émile Ajar)
Littérature
4 h
La vie devant soi raconte l’histoire, dans le quartier de Belleville, à Paris, d’un petit garçon arabe orphelin, Momo, et d’une dame juive, âgée, malade, Madame Rosa, qui garde dans son appartement des enfants dont les mères travaillent ou ont disparu.
Dès la publication du livre d’Émile Ajar, Momo et Madame Rosa sont devenus célèbres, presque des personnages publics, et le roman a été aussitôt traduit dans une multitude de pays.
C’est que ce roman, qui provoque constamment le rire et les larmes, porte en lui toutes les questions, tous les drames et tous les rêves du monde d’aujourd’hui.
Lorsqu’à la fin du livre la police enfonce la porte de la cave où le petit Momo veille le corps de Madame Rosa qu’il n’a pas voulu laisser conduire à l’hôpital, ces deux protagonistes d’un immense amour atteignent une fois pour toute la dimension de Légende, parce que face aux oppressions et aux injustices ils ont lutté jusqu’au bout, par la lumière et l’intelligence et par la force du cœur.
 
 
Les racines du ciel de Romain Gary
1956
Goncourt 1956
Romain Gary
Littérature
11 h
« La viande ! C’était l’aspiration la plus ancienne, la plus réelle, et la plus universelle de l’humanité. Il pensa à Morel et à ses éléphants et sourit amèrement. Pour l’homme blanc, l’éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l’ivoire et pour l’homme noir, il était uniquement de la viande, la plus abondante quantité de viande qu’un coup heureux de sagaie empoisonnée pût lui procurer. L’idée de la “beauté” de l’éléphant, de la “noblesse” de l’éléphant, c’était une idée d’homme rassasié... »
Les Bêtes de Pierre Gascar
1953
Goncourt 1953
Pierre Gascar
Littérature
3½ h
Prix Goncourt 1953, Les Bêtes de Pierre Gascar est un recueil dérangeant : l’animal s’y montre l’égal de l’homme. Notamment pour le pire. Les six nouvelles de ce recueil ne brillent pas par leur intrigue : un jeune garçon joue l’apprenti boucher durant ses vacances d’été, un homme consacre sa vie à l’entraînement de chiens de combat, une équipe d’égoutiers s’acharne à dératiser une ville, un couple s’installe dans une chambre meublée, un groupe de prisonniers lutte pour sa survie en dérobant la nourriture destinée à la ménagerie d’un cirque... Ces textes se développent à l’intérieur d’un cadre qui varie peu : on y retrouve la guerre (ou sa proximité), la nuit (ou sa périphérie), la pluie, parfois l’orage, et une folie qui guette aussi bien l’homme que la bête. Une folie, ou mieux encore une inquiétante étrangeté : ce sont toujours des ambiances troubles, opaques, mystérieuses, oppressantes. Rapidement, le lecteur éprouve l’impression qu’un danger couve, qu’une terrible menace pèse sur le destin de chaque personnage. Quant aux situations, elles ne sont guère reluisantes ; elles puent l’angoisse et la mort : « Les litières pourrissaient, l’atmosphère des écuries devenait irrespirable, les bêtes mouraient par dizaines. »
La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé
2002
Goncourt (lycéens) 2002
Libraires 2003
Laurent Gaudé
Littérature
3 h
Au cœur d’une Afrique ancestrale, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le roi s’éteint mais ne peut reposer en paix dans sa cité dévastée. À son plus jeune fils, Souba, échoit la mission de parcourir le continent pour y construire sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré - et aussi le haïssable roi Tsongor. Roman des origines, récit épique et initiatique, le nouveau livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte. Telle est en effet la vérité cachée, celle qui s’impose par-delà les élans du cœur et les lois du clan. Telle est peut-être l’essence même de la tragédie.
 
 
Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé
2004
Goncourt 2004
Laurent Gaudé
Roman Histo
3½ h
La lignée des Scorta est née d’un viol et du péché. Maudite et méprisée, cette famille est guettée par la folie et la pauvreté. A Montepuccio, dans le sud de l’Italie, seul l’éclat de l’argent peut éclipser l’indignité d’une telle naissance. C’est en accédant à l’aisance matérielle que les Scorta pensent éloigner d’eux l’opprobre. Mais si le jugement des hommes finit par ne plus les atteindre, le destin, lui, peut les rattraper. Le temps, cette course interminable du soleil brûlant les terres de Montepuccio, balayera ces existences de labeur et de folie. A l’histoire de cette famille hors du commun se mêle la confession de sa doyenne, Carmela, qui résonne comme un testament spirituel à destination de la descendance. Pour que ne s’éteigne jamais la fierté, cette force des Scorta.
 
 
Raboliot de Maurice Genevoix
1925
Goncourt 1925
Maurice Genevoix
Littérature
4 h
On l’appelle Raboliot parce qu’il ressemble à un lapin de rabouillère (nid de garennes). Braconnier passionné, hardi, sûr de lui et de son adresse, rien ne peut l’empêcher d’obéir à ce besoin de chasse nocturne qui l’empoigne chaque soir. Le gendarme Bourrel, cependant, a failli le prendre sur le fait. Excité par le danger, Raboliot multiplie les imprudences et va jusqu’à narguer ouvertement Bourrel. Dès lors, entre les deux hommes, commence une lutte sans merci. Traqué, Raboliot doit fuir, vivant dans les bois comme un loup. Au bout de trois mois, accablé de solitude, torturé par le désir de revoir sa femme et ses enfants, Raboliot revient chez lui… et c’est le drame. Raboliot est sans doute le plus représentatif des romans que Maurice Genevoix, conteur exceptionnel, consacra à son terroir, la Sologne.
 
 
Magnus de Sylvie Germain
2007
Goncourt (lycéens) 2005
Sylvie Germain
Littérature
3 h
« D’un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d’incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ? »
Franz-Georg, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, « il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu’au jour de sa naissance ». Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désapprendre ce passé qu’on lui a inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l’oreille roussie : Magnus.
Dense, troublante, cette quête d’identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l’Histoire. Elle s’inscrit au cœur d’une œuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain un des écrivains majeurs de notre temps.
Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq
1951
Goncourt 1951
Julien Gracq
Littérature
7 h
À la suite d’un chagrin d’amour, Aldo se fait affecter par le gouvernement de la principauté d’Orsenna dans une forteresse sur le front des Syrtes. Il est là pour observer l’ennemi de toujours, replié sur le rivage d’en face, le Farghestan. Aldo rêve de franchir la frontière, y parvient, aidé par une patricienne, Vanessa Aldobrandi dont la famille est liée au pays ennemi. Cette aide inattendue provoquera les hostilités...
Les Flamboyants de Patrick Grainville
1976
Goncourt 1976
Patrick Grainville
Littérature
8 h
Voici une saga de l’Afrique moderne et légendaire centrée autour d’un « général roi » fou, véritable héros d’épopée, de western et de bande dessinée. Une guerre, une révolution, une quête du sacré s’enchaînent dans un foisonnement de vie végétale et animale. Et au beau milieu de cette folie, un jeune Écossais venu en pays yali pour s’endurcir va plonger dans la mystique du roi Tokor…
Un secret de Philippe Grimbert
2006
Goncourt (lycéens) 2004
Lectrices de Elle (roman) 2005
Philippe Grimbert
Littérature
1½ h
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents. Ainsi l’imaginaire, par la grâce de ce « roman familial », vient-il au secours d’une réalité à laquelle, sans doute, il manque quelque chose.
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque : ce frère a existé. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattu une chape de silence.
Psychanalyste, Philippe Grimbert est venu au roman avec La petite robe de Paul. Avec ce nouveau livre, couronné en 2000 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.
 
 
Le club des incorrigibles Optimistes de Jean-Michel Guenassia
2009
Goncourt (lycéens) 2009
Jean-Michel Guenassia
Littérature
13 h
Michel Marini avait douze ans en 1959. C’était l’époque du rock ’n’ roll et de la guerre d’Algérie. Lui, il était photographe amateur, lecteur compulsif et joueur de baby-foot au Balto de Denfert-Rochereau. Dans l’arrière-salle du bistrot, il a rencontré Igor, Léonid, Sacha, Imré et les autres. Ces hommes avaient passé le Rideau de Fer pour sauver leur peau. Ils avaient abandonné leurs amours, leur famille, trahi leurs idéaux, et tout ce qu’ils étaient. Ils s’étaient retrouvés à Paris dans ce club d’échecs d’arrière-salle que fréquentaient aussi Kessel et Sartre. Et ils étaient liés par un terrible secret que Michel finirait par découvrir. Cette rencontre bouleversa définitivement la vie du jeune garçon. Parce qu’ils étaient tous d’incorrigibles optimistes.
Portrait de génération, reconstitution minutieuse d’une époque, chronique douce-amère d’une adolescence : Jean-Michel Guenassia réussit un premier roman étonnant tant par l’ampleur du projet que par l’authenticité qui souffle sur ces pages.
Prix des lecteurs de Notre Temps 2010
 
 
Grand frère de Mahir Guven
2017
Goncourt (1er Roman) 2018
Mahir Guven
Littérature
5 h
Grand frère est chauffeur de VTC. Enfermé onze heures par jour dans sa « carlingue », branché en permanence sur la radio, il rumine sur sa vie et le monde qui s’offre à lui de l’autre côté du pare-brise.
Petit frère est parti par idéalisme en Syrie depuis de nombreux mois. Engagé comme infirmier par une organisation humanitaire musulmane, il ne donne plus aucune nouvelle.
Ce silence ronge son père et son frère, suspendus à la question restée sans réponse : pourquoi est-il parti ?
Un soir, l’interphone sonne. Petit frère est de retour. Dans ce premier roman incisif, Mahir Guven alterne un humour imagé et une gravité qu’impose la question du terrorisme. Il explore un monde de travailleurs uberisés, de chauffeurs écrasés de solitude, luttant pour survivre, mais décrit aussi l’univers de ceux qui sont partis faire le djihad en Syrie : l’embrigadement, les combats, leur retour impossible en France… Émerge ainsi l’histoire poignante d’une famille franco-syrienne, dont le père et les deux fils tentent de s’insérer dans une société qui ne leur offre pas beaucoup de chances.
Dieu est né en exil de Vintila Horia
1960
Goncourt 1960
Vintila Horia
Littérature
5½ h
Le premier roman de Vintila Horia (prix Goncourt 1960) a pour thème l’exil d’Ovide à Tomes an l’an 9 de notre ère, durant les huit dernières années de sa vie. Le livre est en fait le journal d’exil du poète latin, un exil tout à la fois extérieur (subi) et intérieur (vécu activement). En effet le roman rend compte de l’arrachement douloureux au sol natal et à la vie antérieure (fastueuse) mais aussi du passage d’un monde à un autre : celui du monde ancien représenté par la civilisation romaine à celui du monde nouveau, émergeant avec la naissance du Christ. C’est donc le récit du passage (ou de la tentative de passage) d’un état ancien à un état nouveau, d’une véritable transformation à la fois individuelle et collective, d’une mort à un état et d’une renaissance à un autre. Ce magnifique roman est porté, comme toujours dans le cas de ce grand écrivain, par une langue d’une beauté et d’une précision peu commune
Valet de nuit de Michel Host
1986
Goncourt 1986
Michel Host
Littérature
6½ h
Paris. Le fleuve. Lieux et parcours privilégiés, du quai de Bercy à celui du Point-du-Jour, de la banlieue sud au Pont-au-Change... Un appartement, quai des Grands-Augustins... Dans l’enfermement qu’il partage avec sa mère, le narrateur, Philippe Archer, mène une quête qui le jette sur les traces d’une mère lointaine, inconnue, ou pis, méconnue, et sur celles de Charles-Evariste, son père, celui dont son imagination enfantine fit un “héros”, une sorte de demi-dieu guerrier, disparu lors des tourmentes de la guerre et de la Résistance. Paula Rotzen, une jeune fille juive, telle Ariane, guidera Philippe jusqu’à ce qu’il trouve ce qu’il cherche et prenne les deux décisions qui orienteront désormais son existence. Si l’hymne à la ville et à son fleuve se trouve au centre du livre, c’est qu’il faut une eau vaste et terrible où lancer les vaisseaux : « J’aime la ville comme une mère longtemps mésestimée. Je l’aime d’un amour cannibale. Pour me nourrir, je déchire sa chair qui se reforme toujours dans son inépuisable générosité. Tu es la région infinie. La contrée seule habitable aux êtres faibles, dépourvus comme je suis. Ils y trouvent diversion et pâture, assez de vie vraie, d’illusion pour se croire eux-mêmes en vie. »
La carte et le territoire de Michel Houellebecq
2010
Goncourt 2010
Michel Houellebecq
Littérature
6½ h
Cinq ans après La possibilité d’une île, Michel Houellebecq revient avec un grand roman qui raconte la vie de trois personnages masculins.
Certains y verront un retour aux thèmes d’Extension du domaine de la lutte et des Particules élémentaires, d’autres salueront un texte puissant, à la fois contemporain et profondément classique, d’une admirable maîtrise littéraire.
Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police. Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures. L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.
Instruments des ténèbres de Nancy Huston
1996
Goncourt (lycéens) 1996
Livre Inter 1997
Nancy Huston
Littérature
5 h
Américaine, écrivain, divorcée et plus toute jeune, Nadia, qui se fait appeler Nada par dérision, entreprend d’écrire un récit à partir d’un fait divers ancien l’histoire de Barbe Durand, une jeune servante française mise à mort en 1712 pour avoir dissimulé sa grossesse puis fait disparaître l’enfant qu’elle avait eu de relations forcées avec son patron. En même temps, par bribes et fragments, Nada confie à son journal l’histoire de sa propre enfance dans une famille catholique disloquée par la déchéance alcoolique du père. Très vite, l’imaginaire impose son autorité au réel et les événements du passé investissent la vie de Nada au point de la bouleverser.
Ce texte unique, violent, sombre et tendre a été récompensé par les lecteurs à deux reprises, par le prix Goncourt des lycéens 1996 et le prix du Livre Inter 1997.
L'art français de la guerre de Alexis Jenni
2011
Goncourt 2011
Alexis Jenni
Littérature
14 h
J’allais mal; tout va mal; j’attendais la fin. Quand j’ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l’avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n’arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu’aux coudes. Mais il m’a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l’armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails. Il m’apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l’art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l’émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.
 
 
Waltenberg de Hédi Kaddour
2005
Goncourt (1er Roman) 2006
Hédi Kaddour
Littérature
15 h
Un homme rêve de retrouver une femme qu’il a aimée. Un maître espion cherche à recruter une taupe. Leurs chemins se croisent. Cela s’est passé au XXe siècle.
Des tranchées à la chute du mur de Berlin, Hédi Kaddour croise les destins d’un journaliste français, d’un écrivain allemand, d’une cantatrice américaine, d’un maître espion berlinois, d’une certaine taupe française… et entremêle avec maestria politique, vie intellectuelle et artistique, guerres et manœuvres diplomatiques. Une fresque d’Histoire, d’amitié et de passion, doublée d’un roman d’espionnage trépidant, au souffle poétique puissant.
Allah n'est pas obligé de Ahmadou Kourouma
2000
Goncourt (lycéens) 2000
Renaudot 2000
Ahmadou Kourouma
Littérature
4 h
Il s’appelle Birahima, il a dix ou douze ans et, comme beaucoup d’enfants, il joue au petit soldat avec une mitraillette. “C’est facile. On appuie et ça fait tralala”. Sauf qu’ici, l’arme est bien réelle et les morts ne se comptent plus. Birahima fait partie de ces orphelins qui ont tout perdu et n’ont d’autre recours, malgré leur jeune âge, que de devenir des sortes de mercenaires dans les guerres tribales qui déchirent des pays comme le Liberia ou la Sierra Leone, les fameux enfants-soldats. Le tableau est atroce : c’est le règne du grand banditisme sous couvert d’activités soi-disant révolutionnaires, des massacres de populations civiles, les pires horreurs. “Mais Allah n’est pas obligé d’être juste avec toutes les choses qu’il a créées ici-bas”. Tout est vrai, hélas, dans le livre d’Ahmadou Kourouma, qui n’est cependant pas un document mais bien un roman. Ce qui rend encore plus percutante l’horreur racontée par un enfant, avec un humour terrible, qui renvoie chacun à ses responsabilités et à sa mauvaise conscience.
 
 
La dentellière de Pascal Lainé
1974
Goncourt 1974
Pascal Lainé
Littérature
2 h
« Certes c’était une fille des plus communes. Pour Aimery, pour l’auteur de ces pages, pour la plupart des hommes, ce sont des êtres de rencontre, auxquels on s’attache un instant, seulement un instant, parce que la beauté, la paix qu’on y trouve ne sont pas de celles qu’on avait imaginées pour soi ; parce qu’elles ne sont pas où l’on s’attendait à les trouver. Et ce sont de pauvres filles. Elles savent elles-mêmes qu’elles sont de pauvres filles. Mais pauvres seulement de ce qu’on n’a pas voulu découvrir en elles. Quel homme n’a pas dans sa vie commis deux ou trois de ces crimes ? »
L'anomalie de Hervé Le Tellier
2020
Goncourt 2020
Hervé Le Tellier
Littérature
5½ h
« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »
En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris-New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles ; ou encore Victor Miesel, écrivain confidentiel soudain devenu culte.
Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.
Roman virtuose où la logique rencontre le magique,
 
 
En France de Marius-Ary Leblond
2014
Goncourt 1909
Marius-Ary Leblond
Littérature
7½ h
Ce roman nous raconte avant tout le désenchantement d’un jeune créole et ses difficultés d’adaptation dans le nouveau milieu où il est transplanté. Claude Mavel flotte au milieu de ses compatriotes dévalorisés et pour la plupart en situation d’échec. Parti fiancé de La Réunion à Eva Fanjane dont il était éperdument amoureux, il finira par rompre, sans qu’il en éprouve beaucoup plus que de la contrariété. Roman de la désillusion, du désappointement, des tourments et combats intérieurs auxquels Mavel s’efforce de lutter… Paris vaincra !!!
le petit prince cannibale de Françoise Lefèvre
1990
Goncourt (lycéens) 1990
Françoise Lefèvre
Littérature
2 h
Femme déchirée, femme déchaînée, la narratrice est un écrivain qui tente de raconter l’histoire de Blanche, une éblouissante cantatrice que la mort ronge vivante. Mais elle est d’abord la mère de Sylvestre, l’enfant autiste qu’elle veut à tout prix faire accéder à la vie et au monde des autres. Or le petit prince cannibale en ce combat dévore les phrases, les mots de la mère écrivain. Dès lors c’est un véritable duo concertant qui s’élève dans les pages du livre entre deux voix, entre deux femmes, l’une, superbement triviale, s’affrontant à tous les interdits et préjugés qui menacent son enfant, l’autre, la romancière, passionnée, dont les espoirs et les désespoirs se mêlent à ceux de Blanche, son héroïne.
Au revoir là-haut de Pierre Lemaître
2013
Au revoir là-haut (1)
Goncourt 2013
Pierre Lemaître
Littérature
9½ h
Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne veut plus d’eux.
Malheur aux vainqueurs ! La France glorifie ses morts et oublie les survivants.
Albert, employé modeste et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant devenu une « gueule cassée », est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le carnage, tous deux sont condamnés à l’exclusion. Refusant de céder à l’amertume ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d’une audace inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence... Et élever le sacrilège et le blasphème au rang des beaux-arts. Bien au-delà de la vengeance et de la revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, ce roman est l’histoire caustique et tragique d’un défi à la société, à l’Etat, à la famille, à la morale patriotique, responsables de leur enfer. Dans la France traumatisée de l’après-guerre qui compte son million et demi de morts, ces deux survivants du brasier se lancent dans une escroquerie d’envergure nationale d’un cynisme absolu.
 
 
Alabama song de Gilles Leroy
2007
Trilogie américaine (1)
Goncourt 2007
Gilles Leroy
Littérature
2½ h
Alabama, 1918. Quand Zelda, “Belle du Sud”, rencontre le lieutenant Francis Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout - New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes... Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister... Mêlant éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand “roman américain”.
 
 
Les Bienveillantes de Jonathan Littell
2006
Goncourt 2006
Académie française (roman) 2006
Jonathan Littell
Littérature
26 h
« En fait, j’aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n’est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n’ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d’écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n’ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j’ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j’ai sans doute forcé la limite, mais là je n’étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l’air, le manger, le boire et l’excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif. »
Avec cette somme qui s’inscrit aussi bien sous l’égide d’Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l’avait fait : l’épopée d’un être emporté dans la traversée de lui-même et de l’Histoire.
 
 
Le Rocher de Tanios de Amin Maalouf
1993
Goncourt 1993
Amin Maalouf
Littérature
5 h
« Le destin passe et repasse à travers nous, comme l’aiguille du cordonnier à travers le cuir qu’il façonne. » Pour Tanios, enfant des montagnes libanaises, le destin se marque d’abord dans le mystère qui entoure sa naissance : fils de la trop belle Lamia, des murmures courent le pays sur l’identité de son vrai père. Le destin passera de nouveau, dans ces années 1830 où l’Empire ottoman, l’Egypte, l’Angleterre se disputent ce pays promis aux déchirements, le jour où l’assassinat d’un chef religieux contraindra Tanios à l’exil... Mêlant l’histoire et la légende, la sagesse et la folie des hommes, le romancier de Léon l’Africain et du Premier Siècle après Béatrice nous entraîne dans un prodigieux voyage romanesque qui lui a valu le prix Goncourt 1993. Un merveilleux conteur. Terre bénie de Dieu, mais hostile aux hommes de bonne volonté, le Liban de Tanios est un mélange d’eau de fleurs d’oranger et d’odeur de poudre. En lisant Le Rocher de Tanios, un Orient se rapproche.
Marx et la poupée de Maryam Madjidi
2017
Goncourt (1er Roman) 2017
Maryam Madjidi
Littérature
2½ h
Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elles rejoignent le père en exil à Paris.
À travers ses souvenirs d’enfance, Maryam dit l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, l’effacement progressif du persan au profit du français.
Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, comme rempart, comme moyen de socialisation, et même comme arme de séduction massive.
Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne.
Six ans plus tard, sa mère et elle rejoignent le père en exil à Paris.
À travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l’abandon du pays, l’éloignement de sa famille, la perte de ses jouets - donnés aux enfants pauvres de Téhéran sous l’injonction de ses parents communistes -, l’effacement progressif du persan sans cesse en opposition avec le français, qu’elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.
Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, comme rempart, comme moyen de socialisation, et même comme arme de séduction massive.
Pélagie-la-Charrette de Antonine Maillet
1979
Goncourt 1979
Antonine Maillet
Littérature
5 h
Chassée par les Anglais en 1755, une veuve, devenue esclave en Géorgie, décide de revenir en Acadie avec ses enfants. Rejointe par d’autres exilés, son odyssée de toutes les amours, de tous les dangers, durera dix ans. De Charleston à Baltimore, en passant par les marais de Salem, Pélagie et son peuple croiseront les Iroquois, connaîtront la guerre d’Indépendance américaine, souffriront la haine des protestants de Boston et un hiver rigoureux avant de regagner leur Terre promise. On ne sait ce qu’il faut admirer le plus de cette épopée : la langue d’Antonine Maillet, ce français violent, coloré, magnifié d’Acadie, ou l’héroïsme d’une femme incarnant le courage de nos lointains cousins. Une certitude cependant : par son humour, sa ferveur, Pélagie-la-Charrette est un chef d’œuvre.
Le testament français de Andreï Makine
1995
Goncourt 1995
Goncourt (lycéens) 1995
Médicis 1995
Andreï Makine
Littérature
5 h
« Je me souvenais qu’un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m’avait dit qu’après tous ses voyages à travers l’immense Russie, venir à pied jusqu’en France n’aurait pour elle rien d’impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d’errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J’imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d’une matinée d’hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière. [...]. Elle pousserait la porte d’un café au coin d’une étroite place endormie, s’installerait près de la fenêtre, à côté d’un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : “C’est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie.” »
Ce roman, superbement composé, a l’originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, «égarée dans l’immensité neigeuse de la Russie», raconte à son petit-fils et confident. Cette France, qu’explore à son tour le narrateur, apparaît comme un regard neuf et pénétrant sur le monde.
La flamme au poing de Henry Malherbe
1917
Goncourt 1917
Henry Malherbe
Littérature
1½ h
Récompensé par le Prix Goncourt 1917, pour son livre “La Flamme au Poing” (1917), Henri Malherbe, Lieutenant au 43e R.A.C. a en effet écrit une oeuvre qui vaut surtout pour sa qualité littéraire. Cet objectif avoué l’a libéré de tout devoir d’exactitude, et il est vrai que l’oeuvre s’en ressent. Le style a un peu vieilli, et certains élans, tantôt héroïques et tantôt macabres, sentent un peu la poussière. Mais le lyrisme (Henri Malherbe écrira plus tard des critiques musicales) reste agréable, et certains passages sont vraiment beaux..
La Condition humaine de André Malraux
1933
Goncourt 1933
André Malraux
Littérature
7½ h
« Si toute condition humaine n’est pas renfermée dans ces pages, du moins est-il certain qu’elle ne cesse pas d’y être en question, et si tragiquement, si profondément que le livre se trouve encore accordé par ses accents aux peines les plus lourdes et aux plus grandes souffrances. C’est un sûr gage de son exceptionnelle valeur. [...] La plus grande beauté du livre - et je ne dis rien de l’intensité de certaines descriptions ou de certaines scènes qui appellent l’image de reproduction cinématographique - est dans quelques conversations terriblement lucides au cours desquelles les personnages, haussés au-dessus d’eux-mêmes par l’événement, livrent tout leur secret. C’est là qu’il faut chercher l’esprit de l’œuvre, la définition qu’on peut tirer de notre condition.Nous sommes seuls, d’une solitude que rien ne peut guérir, contre laquelle nous ne cessons pas de lutter. »
Jean Guéhenno.
 
 
Batouala de René Maran
1921
Goncourt 1921
René Maran
Littérature
3½ h
Premier roman nègre écrit par un nègre, en qui Léopold Sédar Senghor voyait un “précurseur de la négritude”, récit d’une violence et d’une modernité extraordinaires, voici la complainte de Batouala, grand chef de tribu, vaillant chasseur et excellent marcheur.
Nous sommes en 1921. A cette époque, personne n’ose douter du bien-fondé du colonialisme, porteur de civilisation et de paix. Une voix pourtant s’élève. Celle de René Maran, auteur antillais (1887-1960), alors fonctionnaire au ministère des Colonies, qui dénonce, dans ce roman précédé d’une terrible préface, les abus de l’administration en Afrique-Equatoriale française et les méfaits de l’impérialisme. Ses propos déclenchent un véritable scandale qui culminera avec le prix Goncourt qui lui sera tout de même décerné la même année. René Maran n’ose-t-il pas écrire :
« Si l’on pouvait savoir de quelle bassesse est faite la vie coloniale, on n’en parlerait plus. Elle avilit peu à peu. Rares sont, même parmi les fonctionnaires, les coloniaux qui cultivent leur esprit. Ils n’ont pas la force de résister à l’ambiance, à l’alcool... Ces excès et d’autres, ignobles, conduisent ceux qui y excellent à la veulerie la plus abjecte. Cette veulerie ne peut qu’inquiéter de la part de ceux qui ont charge de représenter la France. »
Creezy de Félicien Marceau
1969
Goncourt 1969
Félicien Marceau
Littérature
2½ h
Nous survolions le Mont-Blanc. Là, penchés au-dessus du pilote, au milieu du bredouillis de mots, des radios, nous avons regardé le Mont-Blanc. Ces creux, ces bosses, ces arêtes, ces abîmes, cette lumière blanche, ce monde sans une âme et sans âme, c’était déjà ce que nous allions vivre, ces arêtes dures, froides et coupantes, c’était déjà notre amour, ma Creezy, notre amour nu, aride et furieux. Je ne le savais pas alors. Je le sais maintenant. Sur le dossier du fauteuil du pilote, j’ai pris ta main. Tu l’as retirée. Puis ta main est revenue.
Du domaine des Murmures de Carole Martinez
2011
Goncourt (lycéens) 2011
Carole Martinez
Littérature
3½ h
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son voeu de s’offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe. Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et son souffle parcourra le monde jusqu’en Terre sainte. Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d’une sensualité prenante.
 
 
Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu
2018
Goncourt 2018
Nicolas Mathieu
Littérature
9 h
Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour mer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.
Avec ce livre, Nicolas Mathieu écrit le roman d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui meurt. Quatre étés, quatre moments, de Smells Like Teen Spirit à la Coupe du monde 98, pour raconter des vies à toute vitesse dans cette France de l’entre-deux, des villes moyennes et des zones pavillonnaires, de la cambrousse et des ZAC bétonnées. La France du Picon et de Johnny Hallyday, des fêtes foraines et d’Intervilles, des hommes usés au travail et des amoureuses fanées à vingt ans. Un pays loin des comptoirs de la mondialisation, pris entre la nostalgie et le déclin, la décence et la rage.
 
 
Week end à Zuydcoote de Robert Merle
1949
Goncourt 1949
Robert Merle
Littérature
4½ h
- ... Enfin, ce qu’on peut dire pour les Anglais, c’est qu’eux au moins, ils embarquent leurs hommes, tandis que du côté français !... En principe, ça se passe à Dunkerque et à Malo, mais jusqu’ici au compte-gouttes et seulement par unités constituées.
Il a jouta au bout d’un moment :
- Ce qui nous exclut, bien entendu.
Il ne se passa rien de notable dans la minute qui suivit. Alexandre avait ses deux grosses mains croisées sur les genoux. Il était penché en avant et il attendait que Maillat eût fini de boire pour prendre son quart et se servir à son tour. Dhéry décroisa ses jambes et les recroisa et cela prit un certain temps, parce que ses cuisses étaient très grosses et qu’elles glissaient difficilement l’une sur l’autre. On ne voyait pas ses yeux derrière ses lunettes. Pierson avait posé son quart à côté de lui à terre.
Rue des boutiques obscures de Patrick Modiano
1978
Goncourt 1978
Patrick Modiano
Littérature
3 h
Qui pousse un certain Guy Roland, employé d’une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d’un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d’amnésie ? Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s’identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître: Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d’autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l’intrusion des âmes errantes dans le roman policier. Le titre, lié au nom d’une rue de Rome (via delle Botteghe Oscure), évoque aussi celui d’un recueil de rêves publié quelques années auparavant, en 1973, par Georges Perec.
 
 
Jean des Brebis ou Le livre de la misère de Emile Moselly
1907
Goncourt 1907
Emile Moselly
Littérature
3 h
Recueil de six nouvelles d’inspiration régionaliste se déroulant en Lorraine, le livre met en scène la vie des plus humbles et des miséreux dans un cadre lorrain, rural et champêtre.
Les titres de ces nouvelles sont : Jean des Brebis, À la belle étoile, Le Revenant, La Mort du bouif, Le Trompion et Cri-Cri.
Terres lorraines de Emile Moselly
1907
Goncourt 1907
Emile Moselly
Littérature
5 h
Terres lorraines est un roman publié en 1907. Il fut récompensé rétroactivement la même année par le prix Goncourt, en lieu et place du recueil de nouvelles Jean des Brebis ou le livre de la misère du même auteur. Extrait : Celle-là véritablement ressemblait à une demoiselle de la ville, avec son col blanc rabattu, sa robe d’étoffe grise dessinant sa taille souple, ses bandeaux plats séparés par une raie. On voyait bien à la fraîcheur de son teint qu’elle restait à la maison, loin des hâles desséchants et des soleils qui mordent la peau. Sous ses longs cils noirs, son regard avait une douceur soyeuse, une profondeur pensive qui attirait. On n’en savait rien. Mais à la regarder longuement, de toute sa personne s’exhalait un charme qui finissait par vous prendre. Ainsi poussent, dans les haies, des fleurs chétives, maltraitées par les vents, mais dont l’odeur tenace, inoubliable, fait chanter dans notre coeur des rêves infinis de tendresse.
Force Ennemie de John-Antoine Nau
1903
Goncourt 1903
John-Antoine Nau
SF
5½ h
Un homme se réveille dans un asile d’aliéné. est-il fou ?
Est-ce son cousin qui l’enferma pour l’éloigner de sa femme et s’accaparer sa fortune ?
Qui sont les fous ? Les patients ou les médecins?
Notre homme se croit habité par un esprit d’une autre planète qui le pousse à commettre d’horribles actions.
Il tombe passionnément, follement, désespérément amoureux d’une femme, Irène, internée comme lui dans le même établissement.
Il s’enfuit, elle sort de l’asile, disparaît...
Il court jusqu’au bout du monde pour la retrouver...
Au début du XXe siècle, quelques écrivains désignent ce roman fulgurant qu’est Force ennemie comme le meilleur de l’année et lui décernent le premier des prix Goncourt.
Peut-être était-ce l’un des meilleurs romans du siècle entier.
Par sa force visionnaire, son lyrisme violent et son style révolutionnaire, qui préfigure Céline avec trente ans d’avance.
Parfois férocement cocasse, alternant la noirceur et l’amour fou, voici un chef-d’oeuvre absolu.
Le Jardin d'acclimatation de Yves Navarre
1980
Goncourt 1980
Yves Navarre
Littérature
8 h
« C’est l’histoire d’un homme jeune qui doit souffler ses quarante bougies. Il ne peut pas le faire. Il ne sait même plus souffler devant lui. » Pour Bertrand Prouillan la vie s’est figée un certain 9 juillet, jour de ses vingt ans, au retour d’un séjour à Barcelone où son père a fait pratiquer sur lui une lobotomie. Ainsi Henri Prouillan a-t-il pu, sans crainte de scandale, accéder pendant dix-sept mois à la fonction de Ministre dans le gouvernement du moment. Vingt ans plus tard, la famille a éclaté, chacun a fait sa vie en tentant d’oublier son rôle dans le drame. Mais, en ce jour anniversaire, l’heure des comptes avec le Père aurait-elle enfin sonné ? Couronné par le prix Goncourt en 1980, Le jardin d’acclimatation est sans conteste l’une des œuvres majeures de la littérature française du XXe siècle.
Trois femmes puissantes de Marie NDiaye
2009
Goncourt 2009
Marie NDiaye
Littérature
5½ h
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s’appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
L’art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d’une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d’une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
 
 
L'exposition coloniale de Erik Orsenna
1988
Goncourt 1988
Goncourt (lycéens) 1988
Erik Orsenna
Littérature
10 h
Je m’appelle Gabriel. Je suis né en 1883 à Levallois, capitale des chevaux. Louis était mon père, très gourmand de mariages. Moi, depuis plus d’un demi-siècle, j’aime deux soeurs, Ann et Clara. Grâce à elles, ma vie aura ressemblé à une Exposition coloniale. Grâce à elles, j’aurai connu l’Amazonie, Belem do Para, le positivisme, le port de Londres, la course automobile, la vie secrète de Clermont-Ferrand, les belles amies de Freud, le visage hideux du Vél’ d’Hiv’, la vieille Hué... Et tant d’autres curiosités. Ann et Clara m’auront appris des vérités insoupçonnées, par exemple que le caoutchouc ressemble à la démocratie, que sans bicyclettes jamais nous n’aurions perdu Diên Biên Phu, ou que les chagrins d’amour sont plus doux que la jungle...
De Goupil à Margot de Louis Pergaud
1910
Goncourt 1910
Louis Pergaud
Littérature
2½ h
De merveilleux récits animaliers, par l’auteur de la célèbre Guerre des boutons. On ne peut oublier Goupil, ce renard qu’un braconnier a affublé d’un grelot fatal, ou le calvaire de la pie Margot tombée entre les mains des hommes. Liste des nouvelles :
La Tragique Aventure de Goupil
Le Viol Souterrain
L’Horrible Délivrance
La Fin de Fuseline
La Conspiration du Murger
Le Fatal Étonnement de Guerriot
L’Évasion de la mort
La Captivité de Margot
Nêne de Ernest Pérochon
1920
Goncourt 1920
Ernest Pérochon
Littérature
4 h
La jeune Madeleine, dite Nêne, travaille comme domestique chez Michel Cordier, un fermier veuf de 30 ans. En plus de tenir la maison, elle s’occupe des deux enfants, Eulalie et Georges. Elle s’attache peu à peu à eux, allant même jusqu’à dilapider ses économies. Dans une atmosphère oppressante, toujours à la limite du conflit, la situation de Madeleine se dégrade progressivement, d’autant plus que Michel Corbier s’éprend de l’élégante Violette, couturière du village voisin. Nêne s’accroche aux prix de beaucoup de concessions, avant d’être définitivement chassée par Violette devenue Madame Corbier, sans que les enfants ne réagissent.
Excellent portait d’une période de la fin du XIXe siècle, marquée par les récents épisodes des guerres de Vendée, la vie rurale est ici le théâtre d’un drame, alimenté de jalousies, de malveillances et d’affaires de cœur.
Un homme effacé de Alexandre Postel
2012
Goncourt (1er Roman) 2013
Alexandre Postel
Littérature
3½ h
Damien North est professeur de philosophie dans une université cossue. Veuf, il mène une vie triste et solitaire. Mais un jour, il est embarqué par la police qui l’accuse d’avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d’un réseau pédophile... L’affaire fait grand bruit, d’autant que Damien est le petit-fils d’Axel North, figure politique historique. L’inculpé a beau se savoir innocent, chacun se souvient d’un geste, d’une parole qui, interprétés à la lumière de la terrible accusation, deviennent autant de preuves à charge. Même une banale photo de sa nièce, unique enfant de son entourage, ouvre un gouffre d’horribles suppositions. Le terrible engrenage commence tout juste à se mettre en marche. Alexandre Postel décrit avec acuité la farce des conventions sociales, les masques affables sous lesquels se cachent le pouvoir, la jalousie ou le désir de nuire - et les dérives inquiétantes d’une société fascinée par les images.
A l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust
1919
A la recherche du temps perdu (2)
Goncourt 1919
Marcel Proust
Littérature
14 h
À l’ombre des jeunes filles en fleurs est le second tome d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié en 1919 chez Gallimard. Il reçoit la même année le prix Goncourt.
 
 
Les Noces barbares de Yann Queffélec
1985
Goncourt 1985
Yann Queffélec
Littérature
5½ h
Fruit d’une alliance barbare et d’un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère - Nicole - et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier.
La situation ne s’arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l’alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n’est pas l’arriéré qu’on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu’il adore et qu’il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l’en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver.
S’enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d’une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c’est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de reconnaissance mutuelle - qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.
 
 
Les Ombres errantes de Pascal Quignard
2002
Goncourt 2002
Pascal Quignard
Littérature
2 h
« Il y a vingt ans j’ai composé les huit tomes des Petits Traités. Ils sont parus aux éditions Maeght. Dernier royaume est un ensemble de volumes beaucoup plus étendu et étrange. Ni argumentation philosophique, ni petits essais érudits et épars, ni narration romanesque, en moi, peu à peu, tous les genres sont tombés. Enfant, durant toute mon enfance, chaque nuit, je tournais la tête du crépuscule jusqu’à l’aube. Cela me paraissait beaucoup plus intéressant que dormir. C’était peut-être un signe de carence mais cela m’excitait. C’est vraiment une tête qui tourne à toute allure que ces volumes. Un éclair de tête. Ce n’est pas un jugement sur le temps ou le monde ou la société ou l’évolution humaine : c’est le petit effort d’une pensée de tout. Une petite vision toute moderne du monde. Une vision toute laïque du monde. Une vision toute anormale du monde. » Pascal Quignard
Syngué sabour. Pierre de patience de Atiq Rahimi
2008
Goncourt 2008
Atiq Rahimi
Littérature
2 h
Syngué sabour est le troisième roman d’Atiq Rahimi, romancier et réalisateur afghan né à Kaboul en 1962. C’est néanmoins son premier roman écrit directement en français.
« D’un geste brusque, elle fait glisser sa main vers le bas, sous sa robe, entre ses cuisses. Ferme les yeux. Respire profondément, douloureusement. Elle enfonce les doigts entre ses jambes, comme si elle allait y planter une lame. […] Sa main descend près du nez de l’homme. “Tu es né de ce sang ! Il est plus propre que ton propre sang à toi !” » « Quelque part en Afghanistan ou ailleurs. » Le ton est donné. C’est l’intérieur de sa féminité que donne à voir, à sentir, la femme de Syngué sabour. Pour la première fois de sa vie, quelque chose lui offre la parole. Unique et ultime occasion de raconter ses souffrances. Et l’on voit ainsi sa langue se délier tandis que l’auteur, lui, tient fermement son rôle de caméra de sûreté. Sans jamais sortir de la pièce, il observe les allées et venues de la femme et tend de nouveaux ponts entre la littérature et le cinéma en décrivant l’ultra-fureur de la femme avec les instruments les plus glacés qu’offre le langage. Ainsi désubjectivé, il peut aussi bien affronter les crises de folies, les prières, les intrusions de pilleurs ou la vie secrète des insectes. À la lecture des 150 pages de Syngué sabour, on s’interroge sur la nature profonde de cette pierre de patience prête à exploser à force d’avoir reçu trop de malheurs. Peut-être qu’au-delà de la clef que nous livre l’auteur, cette pierre, c’est aussi le livre qu’on vient de refermer.
La bataille de Patrick Rambaud
1997
Goncourt 1997
Académie française (roman) 1997
Patrick Rambaud
Roman Histo
4½ h
De toutes les grandes batailles napoléoniennes, celle d’Essling n’est pas la plus connue. Elle ne fut pas, pourtant, la moins meurtrière : quarante mille morts sur les rives du Danube en deux journées de mai 1809. Balzac avait décidé d’en tirer un roman pour les Scènes de la vie militaire (La Comédie humaine, tome 8). En 1833, il décrit ainsi son plan à Madame Hanska : “Pas une tête de femme, des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes; à la première page, le canon gronde, il se tait à la dernière”. Ce projet que Balzac, débordé par mille activités, n’eut jamais le temps de mettre à exécution, Patrick Rambaud le réalise scrupuleusement. La Bataille ne raconte pas une histoire, elle se déploie comme un tableau qui survole tous les mouvements stratégiques des troupes, note les accidents de terrain si importants dans l’issue du combat, brosse le portrait de quelques grandes figures de l’épopée napoléonienne, Lannes, Bessières, Masséna. La vue d’ensemble n’exclut pas la précision du détail. Il ne manque pas une cartouchière, pas un bouton de guêtre à cette immense armée. La minutie de la reconstitution et le souffle épique qui anime ces pages en font un roman très singulier qui a obtenu le prix Goncourt en 1997.
Les champs d'honneur de Jean Rouaud
1990
Goncourt 1990
Jean Rouaud
Littérature
2½ h
Quelque part en Loire inférieure. Quelque temps après la guerre. L’histoire d’une famille sur laquelle le destin s’acharne et qui assiste, impuissante, à la mort rapprochée de ses membres les plus chers : le père, la tante, le grand-père, la grand-mère. A priori, rien d’original. Et pourtant, pour pouvoir dire ces morts, Jean Rouaud fait revivre cette famille avec une délicatesse et une tendresse remarquables, qui sont autant de bonheurs de lecture. Et si ses mots sonnent aussi justes, c’est parce que cette famille, c’est la sienne. L’écriture se fait souvenir et le regard de l’enfant croise celui du romancier dans une langue limpide et enjouée, avec laquelle le lecteur entre immédiatement en connivence.
Le chasseur Zéro de Pascale Roze
1996
Goncourt 1996
Pascale Roze
Littérature
2 h
Un bruit. Harcelant. Jusqu’à la folie. Le bruit de l’avion kamikaze qui, un jour d’avril 1945, a semé la mort sur le porte-avions Maryland, à Okinawa. Ce bruit, Laura Carlson en souffre comme elle souffre de ne pas avoir connu son père. Le vrombissement du chasseur Zéro la poursuit jour et nuit. Ses études brillantes, l’amour de Bruno, rien ne l’apaise. Le chasseur Zéro ne lâche jamais sa proie... Orpheline d’un étranger mythique, la jeune Laura ira jusqu’au bout du secret qui a changé sa vie. Dans un style limpide et tendu à l’extrême, Pascale Roze réussit à entraîner le lecteur jusqu’au bout de ses obsessions...
 
 
Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin
2001
Goncourt 2001
Jean-Christophe Rufin
Littérature
9½ h
La conquête du Brésil par les Français est un des épisodes les plus extraordinaires et les plus méconnus de la Renaissance. “Rouge Brésil” raconte cette histoire à travers deux enfants, Just et Colombe, embarqués de force dans cette expédition pour servir d’interprètes auprès des tribus indiennes. Tout est démesuré dans cette aventure. Le cadre : cette baie sauvage de Rio, encore livrée aux jungles et aux Indiens cannibales. Les personnages, et d’abord le Chevalier de Villegagnon, chef de cette expédition, nostalgique des croisades, pétri de culture antique, précurseur de Cyrano ou de d’Artagnan. Les événements : le huis-clos dramatique de cette France des Tropiques sera une répétition générale, avec dix ans d’avance, des guerres de religion.
 
 
La joueuse de Go de Shan Sa
2001
Goncourt (lycéens) 2001
Shan Sa
Littérature étrangère
3½ h
1937. Alors que la Mandchourie est occupée par l’armée japonaise, une lycéenne de seize ans semble ignorer tranquillement la guerre, les cruautés, les privations. Mélancolique, seule, l’adolescente joue au go. D’où tient-elle cette maîtrise ? Place des Mille Vents, la lycéenne s’amuse à mentir. Ses mains déplacent les pions sans jamais se tromper, les joueurs s’assoient en face d’elle à une table gravée en damier et la défient. Le go est une esquive. Est-elle amoureuse de Min ou de Jing ? Sait-elle qu’ils aident tous deux à la résistance contre les japonais ? Entre les bras duquel des deux perd-elle une virginité fiévreuse ? Elle ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais, à peine plus âgé qu’elle, un samouraï de métal, sanglé dans le sacrifice nécessaire à la Patrie impérialiste qu’il défend.
 
 
Pas pleurer de Lydie Salvayre
2014
Goncourt 2014
Lydie Salvayre
Littérature
3½ h
Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les Nationaux avec la bénédiction de l’Église contre « les mauvais pauvres ».Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, des jours qui comptèrent parmi les plus intenses de sa vie.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et qui font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.
Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du Premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourd’hui Prix Décembre) pour La Compagnie des Spectres et le prix François Billetdoux pour BW. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont fait l’objet d’adaptations théâtrales.
 
 
Filles de la pluie de André Savignon
1912
Goncourt 1912
André Savignon
Littérature
3½ h
André Savignon séjourna à Ouessant en 1911. A son retour, il écrivit ce roman, en réalité une succession de récits, chacun d’entre eux consacré à une Ouessantine. Les îliennes, surnommées les filles de la pluie, à la vie rude, y sont décrites comme ayant des moeurs très libres, aimant les hommes mais ne s’y attachant guère... Bien sûr, ce tableau ne plut pas vraiment, non seulement aux intéressées mais aussi aux Bretons ! Ce qui n’empêcha pas André Savignon de recevoir le Prix Goncourt 1912... Il n’en reste pas moins que Filles de la pluie est une description passionnante de la vie à Ouessant au début du 20e siècle.
Concerto à la mémoire d'un ange de Eric-Emmanuel Schmitt
2010
Goncourt (Nouvelle) 2010
Eric-Emmanuel Schmitt
Littérature
3 h
Quel rapport entre une femme qui empoisonne ses maris successifs et un président de la République amoureux ? Quel lien entre un simple marin honnête et un escroc international vendant des bondieuseries usinées en Chine ? Par quel miracle, une image de sainte Rita, patronne des causes désespérées, devient-elle le guide mystérieux de leurs existences ? Tous ces héros ont eu la possibilité de se racheter, de préférer la lumière à l’ombre. A chacun, un jour, la rédemption a été offerte. Certains l’ont reçue, d’autres l’ont refusée, quelques uns ne se sont aperçus de rien. Quatre histoires liées entre elles. Quatre histoires qui traversent l’ordinaire et l’extraordinaire de toute vie. Quatre histoires qui creusent cette question : sommes-nous libres ou subissons-nous un destin ?
Pouvons-nous changer ?
 
 
Le dernier des justes de André Schwarz-Bart
1959
Goncourt 1959
André Schwarz-Bart
Littérature
8½ h
À travers ce roman, André Schwarz-Bart nous livre son histoire et, plus généralement, celle de tout le peuple juif de l’an mille à la Shoah. Premier ouvrage sur le devoir de mémoire, cette œuvre reste un témoignage très fort sur l’un des plus sombres épisodes de l’histoire et a ouvert la voie à de nombreux écrits sur ce thème.
Chanson douce de Leïla Slimani
2016
Goncourt 2016
Lectrices de Elle (roman) 2017
Leïla Slimani
Littérature
3½ h
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
 
 
Dingley, l'Illustre écrivain de Jérôme Tharaud
1906
Goncourt 1906
Jérôme Tharaud
Littérature
2 h
Le roman met en scène la guerre du Transvaal. D’après Lourdes Rubiales, de l’université de Cadix, le personnage de Dingley, que les auteurs opposent à sa femme d’origine française, est inspiré de Rudyard Kipling, « illustre écrivain » que les Tharaud attaquent très durement en même temps que la politique coloniale anglaise et, plus généralement, l’Angleterre victorienne et l’esprit anglo-saxon. Cela n’empêche pas, par ailleurs, une forme de sympathie pour l’homme de lettres qui trahit, selon l’universitaire, « une sorte de frustration devant l’inexistence, en France, d’un auteur qui puisse lui être comparé ».
Le Roi des Aulnes de Michel Tournier
1970
Goncourt 1970
Michel Tournier
Littérature
8½ h
Cet avertissement s’adresse à toutes les mères habitant les régions de Gehlenburg, Sensburg, Lötzen et Lyck ! Prenez garde à l’ogre de Kaltenborn ! Il convoite vos enfants. Il parcourt nos régions et vole les enfants. Si vous avez des enfants, pensez toujours à l’Ogre, car lui pense toujours à eux ! Ne les laissez pas s’éloigner seuls. Apprenez-leur à fuir et à se cacher s’ils voient un géant monté sur un cheval bleu, accompagné d’une meute noire. S’il vient à vous, résistez à ses menaces, soyez sourdes à ses promesses. Une seule certitude doit guider votre conduite de mères : si l’Ogre emporte votre enfant, vous ne le reverrez Jamais !
 
 
Les égarés de Frédérick Tristan
1983
Goncourt 1983
Frédérick Tristan
Littérature
11 h
Un homme jeune et intelligent, Jonathan Varlet, cherche à se définir une identité propre au sein d’un monde instable. Abandonné alors qu’il était enfant, il tentera tout d’abord de créer un personnage à la mesure de son ambition en signant l’oeuvre d’un ami consentant, l’écrivain Pumpermaker. Son charisme lui permettra d’obtenir le Prix Nobel. Mais un esprit en quête de soi n’est pas assouvi par un succès fondé sur la fiction. C’est en s’engageant personnellement contre le régime hitlérien et dans les rangs républicains pendant la Guerre d’Espagne qu’il trouvera sa voix et sa condition d’être mortel.
L’auteur définit son oeuvre comme « l’évolution d’une conscience moderne en proie à l’effondrement de certaines valeurs et au terrible surgissement d’un nouveau monde. »
L'Araigne de Henri Troyat
1938
Goncourt 1938
Henri Troyat
Littérature
3½ h
1938. Un appartement bourgeois, place des Vosges. Gérard Fonsèque y vit avec sa mère et ses trois soeurs. Jeune homme maladif, il reste confiné dans sa chambre où il compte écrire un essai philosophique qui, bien sûr, sera le chef-d’oeuvre du siècle... En fait, il se complaît dans un délire hypocondriaque et exerce une subtile tyrannie sur ces quatre femmes qui sont tout son univers.
De toutes les forces de son amour, de son égoïsme et de sa jalousie, il refuse que ses soeurs se marient et utilise les ressources d’une imagination destructrice pour briser leur bonheur et les garder près de lui. En vain: peu à peu il voit sa propre vie s’effilocher et sera finalement victime de la toile qu’il a patiemment tissée.
 
 
Les choses humaines de Karine Tuil
2019
Goncourt (lycéens) 2019
Interallié 2019
Karine Tuil
Littérature
5½ h
Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale. Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?
La Loi de Roger Vailland
1957
Goncourt 1957
Roger Vailland
Littérature
5½ h
En observant les habitants d’une région du sud de l’Italie, Roger Vailland analyse les différentes classes qui composent une société, leurs querelles intestines, leurs interconnexions et leurs rivalités. Ses personnages, du plus riche au plus pauvre, du plus influent au plus opprimé, mènent un combat incessant pour gravir les échelons du pouvoir, pour assouvir leurs perversions ou pour survivre.
Ce roman “sociologique” a obtenu le prix Goncourt en 1957 et a donné lieu à un grand film de Jules Dassin, avec Gina Lollobrigida, Mélina Mercouri, Wes Montand, Marcello Mastroianni.
Un aller simple de Didier van Cauwelaert
1994
Goncourt 1994
Didier van Cauwelaert
Littérature
2½ h
« J’ai commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur. Volé avec la voiture, en fait... C’était une Ami 6 de race Citroën, alors on m’a appelé Ami 6, en souvenir. Avec le temps, pour aller plus vite, c’est devenu Aziz. » Recueilli par les Tsiganes des quartiers nord de Marseille, Aziz est un sans-papiers de naissance. À dix-huit ans, n’ayant pas les moyens de s’acheter un faux passeport français, il s’offre la nationalité marocaine, et sa vie bascule. Expulsé vers son prétendu pays « d’origine », dans le cadre d’une grande opération médiatique du gouvernement français, il se retrouve dans le Haut-Atlas en compagnie d’un attaché humanitaire chargé de le « réinsérer dans ses racines ». Avec ce voyage initiatique aussi drôle que poignant, cette histoire d’amitié imprévisible entre un petit délinquant seul au monde et un fonctionnaire idéaliste en dépression nerveuse, Didier van Cauwelaert a signé son plus grand succès, traduit en vingt-cinq langues, couronné par le prix Goncourt.
 
 
L'empreinte du dieu de Maxence Van der Meersch
1936
Goncourt 1936
Maxence Van der Meersch
Littérature
4 h
L’histoire tragique de Karelina, timide paysanne au joli visage. Mariée de force à un colosse brutal, elle doit subir une vie faite d’expédients et les humiliations de son mari. Quand son bourreau est mis sous les verrous, elle s’enfuit. Elle trouve refuge chez son oncle Domitien, écrivain célèbre, dont l’épouse, Wilfrida, reçoit avec joie la jeune femme, qu’elle considère bientôt comme sa propre fille. Les deux femmes ignorent alors qu’elles viennent de sceller leurs destins...
Lauréat du prix Goncourt pour ce roman, Maxence Van der Meersch a été salué par la critique comme étant alors le nouveau Zola.
Un grand pas vers le Bon Dieu de Jean Vautrin
1989
Goncourt 1989
Goncourt (lycéens) 1989
Jean Vautrin
Littérature
9½ h
Celui qui ouvrira ce grand roman partira pour la Louisiane, au temps des pionniers “Cajuns”, venus de France. Il revivra le destin de trois générations de personnages forts, libres, excessifs : Edius Raquin, pionnier opiniâtre, Bazelle sa femme et Azeline sa fille. Puis son futur gendre, Farouche Ferraille Crowley, l’outlaw. Et puis encore Palestine Northwood, le marin de Nantucket, et beaucoup d’autres, dont la saga, commencée au fond des bayous, s’achève à La Nouvelle-Orléans sur la naissance du jazz.
Le Prix Goncourt 1989 a couronné ce récit fleuve, raconté dans le savoureux français des Cajuns par l’auteur de La Vie ripolin.
Capitaine Conan de Roger Vercel
1934
Goncourt 1934
Roger Vercel
Roman Histo
4½ h
Arracher à la guerre un de ses masques, dévoiler une âme de guerrier dans sa terrible sincérité, en dépeignant sans hypocrisie ces nettoyeurs des corps francs qui pratiquaient le combat et le meurtre comme un sport de grande classe et rapportaient dans la paix, outre une profonde blessure, le goût tenace de tuer, telle est l’intention première de Roger Vercel. Mais le romancier nous offre également à travers ce récit de guerre et ce témoignage sur la justice militaire, un extraordinaire portrait, celui du capitaine Conan, Breton animé d’une énergie de corsaire, farouche et truculent, qui éveille tout à la fois la pitié, la sympathie et l’horreur.
Au sein de l’œuvre abondante de Roger Vercel, l’un de nos grands romanciers de la mer avec Au large de l’Eden, En dérive ou la trilogie de La Fosse aux vents, Capitaine Conan occupe un place à part. Nourri par l’expérience personnelle de son auteur qui fit la guerre sur le front d’Orient, ce roman, dont le cinéaste Bertrand Tavernier s’est inspiré, a reçu le prix Goncourt en 1934.
Arden de Frédéric Verger
2013
Goncourt (1er Roman) 2014
Frédéric Verger
Littérature
10 h
L’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale en Marsovie, riche principauté d’Europe centrale. Alexandre de Rocoule, gérant du luxueux hôtel d’Arden, homme à femmes dont la gaieté a quelque chose de féroce, et Salomon Lengyel, veuf sérieux et solitaire, sont liés par une passion commune : l’opérette. Depuis 1917, ils ont écrit ensemble une quantité impressionnante de pièces en trois actes, inachevées car ils ne sont jamais d’accord sur la scène finale.
Pendant qu’ils travaillent sans relâche, la bête nazie rôde autour de la Marsovie sur laquelle elle ne va pas tarder à poser la patte. Les persécutions de Juifs commencent. Le danger devient pressant pour Salomon et pour sa fille Esther, revenue auprès de son père et dont Alex tombe amoureux. Et si la composition d’une dernière opérette était le seul moyen de leur sauver la vie ?
Il est rare de voir aussi harmonieusement mêlés dans un premier roman l’intelligence, l’humour et la sensualité. Les scènes se déploient dans une profusion d’images éblouissantes, de détails comiques ou touchants, tandis que les rebondissements ne manquent pas dans le livret sanglant qui se joue en 1944 en Europe centrale.
L'ordre du jour de Eric Vuillard
2017
Goncourt 2017
Eric Vuillard
Roman Histo
1½ h
L’Allemagne nazie a sa légende. On y voit une armée rapide, moderne, dont le triomphe parait inexorable. Mais si au fondement de ses premiers exploits se découvraient plutôt des marchandages, de vulgaires combinaisons d’intérêts ? Et si les glorieuses images de la Wehrmacht entrant triomphalement en Autriche dissimulaient un immense embouteillage de panzers ? Une simple panne ! Une démonstration magistrale et grinçante des coulisses de l’Anschluss par l’auteur de Tristesse de la terre et de 14 juillet.
 
 
Trois jours chez ma mère de François Weyergans
2005
Goncourt 2005
François Weyergans
Bio
3½ h
« Dans le train, il colla sa tête contre la vitre et aperçut en surimpression, flottant au milieu d’un décor de broussailles, un visage blême et crispé, le sien, avec son front reconnaissable, haut et dégarni, ses paupières gonflées et sa bouche aux lèvres minces. Il eut envie de se dire à lui-même : “Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?” Ce visage si près du sien lui inspirait une profonde sympathie. »
Nuit après nuit, un homme très perturbé se protège en évoquant son passé – tant de voyages, tant de rencontres amoureuses qui restent obsédantes. Sa mémoire lui donne le vertige. Ses souvenirs l’aideront-ils à aller mieux ? Il s’invente une série de doubles qui mènent une vie sentimentale tout aussi agitée que la sienne. Il voudrait aller rendre visite à sa mère. Elle vit seule en Provence et aura bientôt quatre-vingt-dix ans. Il a d’abord un travail à finir. Sa mère lui déclare : « Au lieu d’envoyer des fax à ta dizaine d’amoureuses, tu devrais publier un livre, sinon les gens vont croire que tu es mort. »
Mieux que personne, François Weyergans mêle la profondeur et l’humour, l’émotion et le rire, dans ce roman qui affirme avec force les pouvoirs de la littérature.
Canines de Anne Wiazemsky
1993
Goncourt (lycéens) 1993
Anne Wiazemsky
Littérature
5½ h
Amoureuse abandonnée, comédienne presque débutante, Alexandra accepte un des principaux rôles de l’injouable Penthésilée de Kleist, sauvage tragédie de l’amour impossible qu’un metteur en scène génial et caractériel, Jean Lucerne, veut présenter au festival d’Avignon. Comme une lèpre invisible, la perversité des rôles et des situations de la pièce contamine les personnages de chair, étrange matière humaine que façonne Lucerne dans une sorte de délire destructeur autant que créateur, qui culminera avec la première représentation. D’Alma la vedette à Linou le ’petit chat’ débutant, du mystérieux Jérémy au rayonnant David, les protagonistes du récit, tous singuliers, tous inoubliables, nous introduisent dans l’univers mal connu du spectacle théâtral et de son alchimie. Alexandra, finalement, y rencontrera son destin.
L'Art de perdre de Alice Zeniter
2017
Goncourt (lycéens) 2017
Alice Zeniter
Littérature
10 h
L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire resurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.
 
 
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