Dans la nuit du 9 au 10 août 1932, dans un bourg de Silésie, cinq membres de la SA assassinent brutalement un militant communiste. Les meurtriers sont condamnés à mort, mais leur peine est rapidement commuée par le gouvernement : Berlin a cédé à la pression du parti nazi, débordé par une base à laquelle les chefs se rallient. Cette commutation marque la fin de la République de Weimar : à l’état de droit va bientôt se substituer une légalité nouvelle, un droit de guerre et d’exception, dont les nazis se réclament pour maquiller leurs crimes en « exécutions » et présenter leurs meurtriers comme des « combattants ». À l’intérieur du parti nazi, cette affaire a révélé une dissension entre la base SA, tentée par la violence et le coup de force, et la hiérarchie, plus légaliste : ce contentieux sera tranché plus tard, lors de la nuit des longs couteaux. À partir d’un fait divers, ce livre invite à une histoire culturelle et politique de la République de Weimar et du parti national-socialiste.