Alors que la Grande Faucheuse se prépare à l’entraîner de l’autre côté du miroir, Charles Bukowski entame, à la demande d’un ami, un journal intime, genre littéraire qu’il dit détester. Au vrai, il s’agit davantage d’une chronique, où l’humour ne le cède jamais à la causticité. En même temps qu’il juge ses contemporains, voire l’humanité, le vieil écrivain - il vient de passer le cap des 70 ans - ne s’épargne pas.
De la vie qui s’en va, il retient l’essentiel : son besoin d’écrire et de jouer. Les courses de chevaux, qui ne sont pas sans lui évoquer l’enfer, lui permettent, jour après jour, de renouveler son imaginaire. C’est là, et là seulement, qu’il découvre l’envers du décor. Quitte ensuite, dans ses nuits sans sommeil, à jongler avec les mots sur cet ordinateur auquel il ne cesse de rendre grâce. Non que la machine sache écrire mais, là qui la comprend, elle permet toutes les libertés.
Et en particulier celle d’apprivoiser la mort tout en se moquant d’elle. Car la mort, répétons-le, rôde... Dans le corps de Bukowski qui, sans sacrifier à la morosité, ne nous épargne aucun détail. Et sous les traits d’un producteur de télé qui voudrait tirer de l’existence du vieux dégueulasse un sitcom calamiteux, ou d’interviewers sans conscience qui boivent son vin comme son sang...
Charles Bukowski fut tour à tour magasinier, facteur, journaliste, provocateur... Et surtout écrivain. Auteur notamment de Contes de la folie ordinaire, L’amour est un chien de l’enfer, Journal d’un vieux dégueulasse, il est mort en 1994 à l’âge de soixante-treize ans.