Je m’appelle Brune, voici mon numéro, j’aimerais que vous m’appeliez. Il prend le papier et lui tend la main pour se présenter : Marc. Il ne dit rien de plus, il la regarde, en gardant sa main dans la sienne. Elle se sent troublée jusqu’aux os, et quand elle lui tourne le dos pour remonter les escaliers vers la surface, elle sent son regard sur son corps. Plus tard sur la route, elle se dit qu’elle devient folle, de se laisser retourner comme cela par un homme qu’elle ne connaît pas. Elle se laisse quand même aller à imaginer ce qui se serait passé si elle était allée au bout de son envie tout à l’heure et qu’elle avait posé sa main sur sa grande main, sur le mur granuleux. Il lui aurait peut-être attrapé les poignets, il les aurait serrés, il les aurait chauffés entre ses mains, en la tenant par les yeux. Il l’a regardée partir, silhouette fluette qui s’échappe sur fond de nuit. Il reste encore un peu là, pour faire durer le moment. Le grand ciel a noirci au-dessus de lui, les pointes en acier se sont détachées sur la chaux blanche. Il sourit. Il se dit que cet endroit ressemble à cette femme. Grave, presque solennel, et en même temps avec une énergie intérieure qui ressemble à la violence de ce trou de mémoire qui ne veut pas se refermer. Brune.