2020-03-08 09:12
Ce livre a fait grand bruit quand il est sorti il y a une bonne décennie. Je voyais souvent cette couverture bleue homardesque dans les médias de l’époque, sans pourtant y déceler un intérêt quelconque. Moi qui déteste les effets de mode et ne lis presque jamais un livre tout juste sorti de presse, rien ne prédisait que je le lirais un jour, et rien n’aurait pu me le faire lire, si ce n’est un prochain voyage à Amsterdam, plus de 10 ans après sa sortie.
Le début est prometteur : le narrateur a un ton cynique bien sympathique, se moque de son frère ouvertement et partage sa frustration inavouée de n’être que “le frère du futur grand et beau premier ministre”. Passons l’utilisation de prénoms bien français pour nos personnages qui sont pourtant tous néerlandais (Serge, Claire, Michel...), même s’il y a de quoi se demander pourquoi ce choix étrange qui n’ancre pas vraiment le lecteur dans un cadre étranger.
Seulement le récit bascule après le premier tiers dans le mélodrame psycho-intimo-social, présentant des souvenirs pas franchement drôles dans lesquels la dépression tient un rôle majeur et la violence un rôle décisif. Le livre prend ainsi une tournure beaucoup plus sérieuse qui contraste furieusement avec le début et peut en quelque sorte gêner puisque, vu le synopsis, on l’avait pas vraiment vu venir. Néanmoins, certains thèmes abordés font mouche et transpirent l’authenticité via une justesse de ton.
Là où l’authenticité en prend un coup et où le livre devient dérangeant, c’est quand on assiste à toutes les horreurs que peut dire Claire, la mère de Michel, pour sauver son fils de la prison et à sa façon de gérer les choses après. Des quatre parents, seul un, celui dont on se moquait au premier abord, semble vouloir se délester auprès des autorités du poids de la culpabilité, quand les autres partent tous en guerre au mépris de la justice et de la loi pour protéger leurs rejetons, complètement aveuglés par les liens du sang qui les unissent, ne voyant même plus où est le mal dans toute l’affaire. Le passage où Claire requalifie d’“accident” le meurtre (on devrait néanmoins plus parler d’homicide) pour minimiser le crime est édifiant. Tout comme le passage où elle suggère à son mari d’agresser physiquement son propre frère, toujours pour protéger leur fils... Finalement, le récit qui se concentre sur un homme instable borderline montre en fait que le plus taré dans l’histoire ce n’est pas lui mais sa femme, censée être le pilier équilibré de la famille.
La fin est juste hallucinante à plusieurs niveaux et n’engage pas vraiment à aimer ce livre. Il y a dedans une violence physique et une violence des mots qui ont de quoi perturber.
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