2013-05-31 23:48
Après avoir refermé le premier tome, je me suis demandée si on pouvait faire encore plus mauvais que ce livre. Eh bien oui, c’est possible : ce nouvel opus est encore pire que le premier.. Commençons tout d’abord par les retrouvailles entre les deux personnages. A la fin du tome 1, Ana a quitté Christian car celui-ci n’a pas réussi à lui faire aimer le sado-maso. Elle décide donc d’oublier son chagrin d’amour en se concentrant sur son travail. Sauf que, visiblement, Ana a les mêmes capacités de concentration qu’un poisson rouge. En effet, deux jours à peine après avoir commencé son nouveau travail, Ana reçoit un mail de Christian : « Salut, c’est Christian, tu veux venir avec moi à l‘exposition photo ? » « Euhhh... d’accord ». Quelle volonté de fer ! L’histoire d’amour est ensuite amenée au lecteur avec une subtilité digne d’une vierge dans un magasin de porcelaine sado-maso ; ce qui, cela dit en passant, est quelque peu décevant puisque le côté sado-maso promis au départ est complètement passé à la trappe. L’histoire d’amour entre Ana et Christian s’articule autour de plusieurs points. Tout d’abord, elle est réglée par un cycle qui doit à peu près ressembler à cela : réflexions/dispute/sexe/réflexions/dispute/sexe (une relation profonde en somme). Autant vous dire que l’on tourne en rond et que les répétitions que j’ai pu reprochées dans l’écriture du premier tome sont toujours là. Et là, chers lecteurs, je vous sens conquis.. Mais attendez donc la suite.. Comme je vous le faisais remarquer dans mon précédent billet (pour le lire, c’est ici), ce livre est un véritable temple de la consommation et de l’idée que le bonheur passe nécessairement par l’argent. Eh oui, chers lecteurs, sachez qu’il convient de distinguer deux catégories de population : les gueux, comme nous, qui nous contentons d’offrir des fleurs ou des chocolats une fois de temps en temps, et Christian Grey qui s’en va acheter gaiement une voiture à sa petite amie un dimanche après-midi avec autant de facilité que lorsque j’achète mes carottes au marché. Après un mois de relation, faire cadeau d’une voiture, ça parait normal non ? Le lecteur a également la chance de connaitre le prix et la marque de chaque cadeau ou vêtement (voire même chaque culotte) qu’Ana sort de la garde-robe offerte par Christian.. si ça c’est pas la classe !
« Il doit éprouver des sentiments pour moi. Ce doit être ça. Cet Ipad, ces chansons, ces applications, il tient à moi » Mais qu’importe ! Quand on aime, on ne compte pas ! Remarquez, c’est quand même bien plus pratique quand on gagne 100.000 $ de l’heure.. donc t’inquiète, je peux te faire kiffer bébé ! L’histoire d’amour entre Christian et Ana est sans cesse rythmée par les états d’âme d’Ana qui peuvent se résumer ainsi : « Arriverais-je à combler ses besoins ? ».. « Non, je ne le quitterai pour rien au monde ».. « Mais je ne peux pas lui donner ce qu’il veut ».. « Je lui appartiens, corps et âme ».. « La fessée, j’aime pas ça, je le quitte ».. « Oh non, la fessée c’est bien finalement ».. Ana, ma chère, il va falloir se décider un jour où l’autre ou sinon je te ferai bouffer ta cravache refermerai le livre avant que tu n’aies eu le temps de prendre ta décision !!! Enfin, le lecteur en apprend un peu plus sur le passé trouble de Christian dont notamment les circonstances dans lesquelles il a été adopté ainsi que son enfance. A ce stade, amis lecteurs, je vous sens au bord de l’orgasme vivement impatients de savoir la suite..
Concernant l’évolution des personnages, j’ai presque envie de vous dire : on prend les mêmes et on recommence ! Ana est toujours schizophrène puisque sa déesse intérieure ainsi que sa conscience sont toujours là.
« Ma déesse intérieure, enveloppée d’un boa en plumes roses et en diamants, pavane sa camelote sur des talons de salope » (quelle classe cette déesse intérieure). A ce propos, dans le livre, Ana consulte le Dr Flynn, psychologue de Christian afin d’en connaître un peu plus sur son passé et savoir si une fille comme elle pouvait lui convenir par rapport à ses besoins (on tournerait pas un peu en rond là ?). Il est fort regrettable, à mon humble avis, qu’elle ait omis de lui parler de son problème de dédoublement de la personnalité afin de ne faire plus qu’un avec elle-même, ce qui rendrait son personnage plus crédible pour le lecteur. Sinon, l’auteure essaye toujours de nous faire croire qu’Ana est diplômée en littérature. J’émettrais cependant de sérieux doutes quant à cette hypothèse dans la mesure où Ana utilise le mot « bordel » ou « putain » à peu près 7896 fois dans le bouquin.. De plus, à s’extasier toutes les 20 lignes sur Christian telle une midinette à la vue de Justin Bieber, je doute fortement qu’Ana ait elle-même dépassé le brevet des collèges.. Monsieur Gris.. euh Christian, pardon.. est toujours le même : un maniaque de l’hyper-contrôle qui ne laisse pas Ana traverser la rue toute seule et surtout, et c’est ce qui rend son personnage plus séduisant auprès de nos lectrices mémères amatrices de porno, toujours aussi hyper-riche. D’ailleurs, à ce propos, le doute m’habite. Si le lecteur est bien informé quant à la forme et à la taille du pénis du Christian, il l’est beaucoup moins bien sur son travail (quoi, comment ça, vous vous en fichez ?!?). Les maigres indices que nous donnent l’auteure consistent à nous faire savoir que Christian a une société dans le domaine des télécommunications, qu’il cherche à remédier à la faim dans le monde et qu’il achète des sociétés d’édition.. Vous me suivez là ?
Cela n’a pas vraiment l’air d’intéresser Ana qui ne se demande à aucun moment d’où lui vient tout ce pognon (rappelons qu’il a la classe de dire à Ana qu’il gagne 100.000 $ de l’heure) alors qu’il se contente de passer trois coups de fil dans la journée en guise de « travail » (et là, amis lecteurs, je sens pointer chez vous le désir de reconversion).
Concernant le style de l’auteure, laissez-moi vous dire que s’il existait une police de l’écriture, cette femme serait en prison ! L’histoire traine beaucoup trop en longueur : 300 pages pour décrire trois jours, c’est vraiment troooooop lonnnnnnnng ! Et je ne parle pas de trois jours d’action, je vous parle d’un voyage de 300 pages dans les pensées d’Anastasia Steele !!! Pour vous donner une idée, je me suis lancée dans un petit exercice de Steele style afin de vous faire faire découvrir celui de E.L. James : Je me lève ce matin à 6 heures 30. Ouuuuh comme il est beau Christian, nu allongé dans le lit. Une fois debout, je me regarde dans le miroir. J’ai les joues toutes rouges car Christian m’a enflammé avec son regard de baise braise ce matin au réveil. Comme j’aime quand son regard gris se porte sur moi et me déshabille de la tête aux pieds ! Je décide de me faire une queue-de-cheval car je trouve cette coiffure plus pratique pour l’activité qu’a décidée Christian pour nous aujourd’hui. Il a décidé d’aller m’emmener acheter une nouvelle voiture. Moi j’aimais bien mon ancienne Audi mais il a décidé qu’il m’achèterait une Saab. Je ne sais pas ce qu’il a avec les voitures étrangères. Et puis, je me demande quelle couleur je vais choisir. Surement une grise pour être assortie aux yeux de Christian. Ah, les beaux yeux de mon cinquante nuances ; ces yeux qui peuvent se montrer à la fois tendre, incendiaire et glacial. Christian est comme ça, lunatique ; il change souvent d’humeur au cours de la même journée. C’est sans doute lié à son passé mais à qui exactement ? A sa mère pute et camée, à ses ex, à sa famille ? Christian a un passé vraiment trouble. Comme il a dû souffrir étant enfant ; quand j’imagine ce petit garçon à qui on a fait du mal, les larmes me montent. Mais je l’aime, jamais je ne le ferai souffrir et je ne pourrais jamais passer ma vie sans lui. Vous trouvez que ce que j’ai écrit est intéressant ? Alors imaginez lire 500 pages de ce blabla sans action ! (quoi, comment ça, vous vous êtes endormis ?!?) Que penser de ce tome 2 au final ? Pour ma part, j’hésite entre l’ennui et la comédie (voire la parodie). Je regrette que le côté érotico sado-maso soit complètement oublié au profit de scènes de « sexe vanille » où Ana est au bord de l’orgasme sur simple demande. Pour moi, la relation entre les deux personnages sonne faux. Ana et Christian ne partagent rien d’autre à part le sexe. Comment alors s’engager avec un homme dont on ne connait même pas sa couleur préféré ou la taille de sa pointure de chaussures ? Pour moi, c’est inconcevable ! Enfin, on sent que la théorie de Hegel prend tout son sens dans ce nouveau tome puisqu’Ana a complètement pris l’ascendant sur Christian : le maître est devenu esclave. Alors, lirai-je le tome 3 ? Oui, sans doute. Mais l’auteure fera-t-elle encore pire que le tome 2 ? La suite au prochain épisode !
MademoiselleChristelle