2014-09-08 21:21
On devrait tous avoir la chance de rencontrer un Monsieur Ibrahim dans notre vie. Cet homme discret, avare de paroles mais pas de sourires, que les années d’expérience combinées à une grande bonté, poussent à regarder le monde avec des yeux emprunts de sagesse, et qui devient une sorte de guide spirituel au bon sens qui ne relève d’aucune religion, parce qu’« avec monsieur Ibrahim, je me rendais compte que les juifs, les musulmans et même les chrétiens, ils avaient eu plein de grands hommes en commun avant de se taper sur la gueule. » La langue de Momo a l’âpreté, la dureté d’une vie qui n’épargne pas ses onze années. Obligé de grandir trop vite, il croise la route de Monsieur Ibrahim, l’Arabe de la rue Bleue, parce qu’« Arabe, ça veut dire « ouvert de huit heures du matin jusqu’à minuit et même le dimanche » dans l’épicerie », parce qu’il faut voir au-delà des apparences. J’ai donc poursuivi ce Cycle de l’invisible (Milarepa, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, Oscar et la Dame rose, L’Enfant de Noé, Le Sumo qui ne pouvait pas grossir et Les Dix Enfants que madame Ming n’a jamais eus) avec cette nouvelle, et si certains lui ont reproché des considérations beaucoup trop faciles, voire trop enfantines et des conceptions peu originales, je suis encore une fois conquise. Certes, c’est facile, l’on sait où l’on va. Mais c’est rassurant, c’est réconfortant… Et c’est une jolie leçon de tolérance qu’il nous livre, et ça, ça fait du bien.