2013-09-15 14:44
R est mort, mais il vit encore, c’est un zombie. Il habite un aéroport avec ses congénères. Parfois, ils ont faim. Ils se rendent alors dans la ville d’à-côté pour manger… des vivants. Durant les expéditions, les morts tombent sur des vivants, les dévorent, et ramènent des cadavres encore chauds pour ceux qui ne peuvent se rendre en ville. Un jour, c’est un groupe d’adolescents qu’ils rencontrent. Dans la boucherie qui s’ensuit, R sauve une vivante, Julie. Il la cache et la ramène chez lui. R est amoureux de Julie, de sa vie qui palpite en elle, et de la vie bien sûr. Le récit est écrit à la première personne, R narrant sa vie au jour le jour, ce qu’il fait et entreprend, ce qu’il pense et ses sentiments naissants pour une vivante. R rêve aussi, un fait particulier pour un non-vivant. R est un être différent, comme quelques autres morts comme lui, il a une conscience et il pense avoir la solution au problème de l’humanité, espèce en voie d’extinction, mais ne sait comment la trouver. Ce roman, c’est un Roméo et Juliette post-apocalyptique, un amour impossible entre deux personnages différents, un zombie, qui se repaît de chair fraîche et de morceaux de cerveau pour vivre, et une vivante, recluse dans un gigantesque stade où s’entassent les survivants d’une épidémie. Un amour impossible qui prend racine dans l’espoir de deux êtres diamétralement opposés. Ce roman, c’est aussi un avenir sombre promis à l’humanité alors que des hommes et des femmes, derniers bastions d’une civilisation moderne, tentent de survivre et de faire renaître la vie par tous les moyens. Moyens qui leur feront préférer la violence à l’éducation, les armes à l’amour. Revenir à des méthodes préhistoriques sont a priori le seul espoir. Mais la conscience de R, les rêves qu’il fait, empruntés à ces victimes, lui laissent entrevoir un avenir serein. Comme si l’humanité enfermée dans sa propre survie, serait sauvée par l’ennemi qui l’y aura poussé. L’auteur, Isaac Marion, écrit là un premier roman bien travaillé, abouti. Son écriture est aussi maîtrisée bien que trop littéraire pour un zombie, et reste agréable à la lecture. Nous sommes loin d’un roman type de zombie avec beaucoup de sang ou des descriptions gores. Bien que certaines scènes, nécessaires par le contexte particulier d’une épidémie de zombies, l’atout ne se trouve dans pas dans l’horreur et les morceaux sanguinolents arrachés, mais dans l’approche sentimentale entre les deux êtres que sont R et Julie, R comme Roméo et Julie comme… Juliette bien sûr ! Ce Vivants est un classique revisité, avec beaucoup plus d’optimisme, avec toujours du romantisme, en trois actes. Une belle lecture pleine d’espoir loin des clichés du genre.