2013-02-03 11:36
On a tous dû se poser cette question au moins un million de fois au cours de notre existence : et si ? Et si j’étais arrivée 5 minutes plus tôt ? Et si j’avais refusé ce travail ? Et si j’avais épousé mon premier amour ? etc.. En l’occurrence, il s’agirait de se demander : et si Hitler avait été accepté à l’Ecole des Beaux-Arts, la face du monde serait-elle changée ? Vaste question à laquelle Eric-Emmanuel Schmitt tente de répondre. A cet effet, il nous raconte l’histoire d’une vie mais de deux destins.. et deux destins qui diffèrent totalement l’un de l’autre. Il est évident que l’auteur a voulu attirer notre attention sur la part d’ombre qui sommeille en chacun d’entre nous, autrement dit le Côté Obscur de la force. Eric-Emmanuel Schmitt nous montre que l’homme ne nait pas mauvais, il le devient par ses expériences, ses choix, ses rencontres.. Aussi, je pense que « la part de l’autre » appelle à réfléchir sur la fameuse question du gène du mal. En effet, si Adolf H. s’avère être un personnage sensible, qui aime les femmes et la vie en général, ouvert sur les autres et le monde et qui déteste la guerre car elle lui a volé son meilleur ami, Hitler, au contraire, se renferme de plus en plus sur lui-même, sombre du Côté Obscur, descend vers l’enfer, développe un sentiment de haine élevé à son paroxysme et apparait au lecteur tel un monstre. Et pourtant, ses deux personnages ne sont en réalité qu’un..
Plutôt troublant non ? Je trouve que la question mérite en tous cas d’être développée. Pour ma petite expérience personnelle (et étant une ancienne avocate), cette histoire me rappelle la défense d’un accusé dans un procès pénal. En effet, lorsqu’on défend un serial killer ou un serial violeur-pédophile devant une Cour, on axe sa défense non pas sur l’acte en lui-même, qui est injustifiable (comment en effet justifier les actes commis par un Guy George ou un Emile Louis ?), mais on essaie d’amener la Cour à comprendre pourquoi cet individu a commis cet acte. Quels sont les évènements dans sa vie qui l’auront conduit jusque devant une Cour car il aura commis des actes horribles ? C’est bien là la démarche accomplie par Eric-Emmanuel Schmitt : essayer de comprendre l’origine de la monstruosité de ce personnage qu’est Adolf Hitler, Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Pourquoi Adolf Hitler est devenu cet homme pétri de haine et hanté par la folie et la paranoïa à la fin de sa vie ? Aurait-il pu être un autre s’il avait fait des choix différents dans sa vie ? Toutes ces questions en amènent à mon sens une autre subsidiaire : si l’on a connaissance des erreurs du passé, aurons-nous le courage de ne pas les répéter à l’avenir ? Je dois dire que j’apprécie toujours autant la plume d’Eric-Emmanuel Schmitt : subtile, intelligente et qui fait toujours des petits clins d’œil que j’apprécie beaucoup. Malgré tout cela, je n’ai pas vraiment été « bouleversée » par la lecture de ce livre. Le thème ou le personnage choisis ne m’ont pas dérangé outre mesure, contrairement à d’autres lecteurs. C’est sans doute la problématique sur laquelle j’ai un peu moins accroché. Toutefois, « la part de l’autre » reste une bonne lecture que je conseillerais à tous ceux qui cherchent à comprendre et analyser la part de l’autre qui sommeille en soi.
MademoiselleChristelle