2015-12-10 22:56
Absolument envoûtée il y a quelques années par Mille soleils splendides, deuxième roman de l’auteur, c’est avec conviction d’avoir affaire à un nouveau must-read poignant et terrifiant d’horreurs que j’ai ouvert, pleine de confiance, ce premier ouvrage dont on a tant parlé. Peut-être ai-je alors mis la barre très haut, voire trop. Ou peut-être pensais-je n’avoir affaire qu’à l’Afghanistan meurtri, tout comme dans l’autre roman.
La différence majeure de ce récit avec son petit frère, c’est que le triste sort de l’Afghanistan n’est pas raconté de l’intérieur mais bien de l’extérieur. Le personnage principal commence par narrer ses belles années d’enfance, avant de fuir pour le Pakistan et de ne revenir que pour quelques semaines vingt ans plus tard. L’horreur, il ne l’approche que brièvement, avec bien sûr un regard occidentalisé sur les évènements, malgré ses origines. Du coup, comparé à Mille soleils splendides dans lequel les personnages afghans subissent tous les jours la misère et la charia, ce roman dégage moins d’intensité, malgré, évidemment, le destin tragique de plusieurs de ses personnages.
Les 200 premières pages sont longues, même si elles permettent de bien situer la suite. Quant à la construction narrative, elle peut s’avérer gênante à cause de mentions de rêves ou de brefs retours en arrière pas toujours chronologiques, surtout dans la première partie.
L’on pourrait aussi trouver que le fond historique n’est pas assez détaillé (il est nécessaire de faire un petit tour sur internet pour prendre connaissance, bien comprendre le contexte, se mettre à jour ou pallier à certaines imprécisions), d’où l’accentuation de cette impression d’éloignement.
Khaled Hosseini a toutefois ce don de remettre les choses en perspective sans accuser ou critiquer ouvertement. Il met en lumière certaines aberrations du système d’immigration (qui fait beaucoup parler de lui en cette année 2015 qui a notamment vu l’Europe accueillir, puis rejeter, puis de nouveau accueillir, avant d’enfin repousser les migrants, ces hommes et ces femmes qui fuient la guerre et veulent juste une vie meilleure) et de Justice (mérite-t-elle son J majuscule ?).
Au final, j’ai été beaucoup moins bouleversée par cet opus, qui privilégie plus le thème de la rédemption après le sentiment de culpabilité, un fond que je n’étais pas forcément venue chercher. Malgré cela, on assiste quand même à des moments forts, parfois sombres, qui reflètent une abomination contemporaine. Et de se rappeler, ce qui ne fait jamais de mal, que nous ne sommes pas si misérables dans notre petite vie douillette occidentale.
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