Après un prologue intriguant, le premier chapitre m’a surpris. La plume d’Agnès Boucher y est toujours aussi vivante que dans le prologue, mais il y a une rupture complète de l’histoire. Ensuite les chapitres s’enchaînent en présentant leur lot de nouveaux personnages, et de ce qui semble bien être d’autres histoires. J’avoue que sur la première partie, je n’ai pas totalement adhéré à la narration, j’étais un peu dans le brouillard. Puis, progressivement, des similitudes apparaissent, les liens entre tout ce petit monde se révèlent, avant de finir par ce qui n’est plus une avalanche de coïncidence, mais bel et bien le destin d’une famille. Quand j’ai commencé à percevoir ces fils du destin, je n’ai pu m’empêcher de ressentir toute l’empathie de l’auteur pour ses personnage et de craindre la direction que prenait ces fils.
jeu de mot... Je ne m’étais malheureusement pas trompé
Après ce déclic, la lecture prend une autre dimension, je n’étais plus focalisé sur les liens entre les personnages pour essayer de comprendre ce qu’il en était, mais sur les personnages eux-mêmes et sur toute la profondeur que leur a donnée Agnès Boucher. Une grande partie de celle-ci provient de la réflexion de l’auteur sur les familles complexes, reconstituées, étendues à tous les genres, sur les non dits, et j’en passe comme la place de la femme dans la famille, la morale, qu’elle soit individuelle ou sociétale... Vous avez compris que ce n’est pas une simple intrigue policière, il y a une profonde réflexion de l’auteur sur beaucoup de sujets. L’intrigue et les personnages de cette famille, au sens étendu, en sont les porteurs.
L’auteur joue sur les styles d’écriture, en intercalant entre les chapitres narratifs, quelques chapitres immersifs, chacun de ces derniers est centré sur un personnage différent et lui permet de nous révéler un pan complet de l’intrigue. Elle profite également de la durée de l’intrigue et de sa genèse pour choisir les périodes temporelles les plus adaptées à ses réflexions et aux messages qu’elle met ainsi en exergue.
Le point qui m’a le plus gêné dans ce livre, c’est la volonté de l’auteur de dissimuler les liens entre les personnages durant la première partie. Cette volonté est tout à fait compréhensible du point de vue de l’intrigue, mais ne pas vouloir nommer les personnages dans certaines scènes induit quelques tournures de phrases un peu confuses et certains dialogues manquent parfois de naturel.
Pour conclure, je voudrais présenter mes excuses à Agnès Boucher, car je n’ai pas abordé dans cette critique la musique, thème pourtant central du livre. Pourquoi ? tout simplement parce que je ne suis pas du tout mélomane, et que je l’ai perçu comme un “décor” ce qui va horrifier tous les mélomanes qui l’auront lu. Cette passion est bien rendue dans le livre, et comme toute passion, les sentiments qu’elle génère sont universels, et cela m’a permis d’aimer ce livre.