J’ai trouvé la première moitié du livre plus faible que la deuxième. Les personnages ne sont pas très nombreux mais les changements de perspectives, d’époque et de narration compliquent la lecture. A propos de narration, l’auteur a choisi ce qui semble devenir un classique cette année, du moins dans mes lectures : un récit à la troisième personne focalisé sur différents personnages au fil des chapitres, agrémenté de quelques chapitres courts et intenses à la première personne. Ces changements ne sont pas toujours simples à maîtriser et à ajuster pour que l’expérience du lecteur soit fluide. Ici le début est un peu difficile, sans être chaotique non plus, puis les pièces se mettent progressivement en place. L’incise de Julie, en milieu de livre, finit de changer le ton et le rythme du livre. Il devient alors difficile d’en arrêter la lecture.
Ce qui commençait comme une tranche de vie irlandaise se termine comme un règlement de compte, français certes, mais le thème est malheureusement universel.
D’ailleurs, pourquoi avoir passé autant de temps à planter le décor en Irlande ? Cela ne contribue pas plus que cela à la profondeur du personnage.
A propos du thème principal du livre, comme il n’est pas abordé dans la quatrième de couverture, je vais en parler sous spoiler.
Magali Collet aborde ici le problème du viol, du ressenti des victimes et des conséquences. D’où le titre de livre : les yeux d’Iris deviennent une expression pour parler d’un regard mort, sans âme, suite à un traumatisme majeur. Son message principal aux victimes est clair : “Ne vous sentez pas coupable, ni honteuse ! En aucun cas vous n’êtes responsable de ce qui vous est arrivé !”.
Elle va très loin pour développer son thème, car il ne s’agit pas simplement d’un violeur, mais d’un duo multi-récidiviste et dont une victime revient volontairement.
Pour les suites d’un viol j’ai moins bien compris son message : faut-il porter plainte ou faire justice soi-même ? Elle semble pencher vers la première solution, mais ses personnages optent pour la deuxième et ne s’en sortent pas trop mal.
De même, je n’ai pas compris la psychologie de Bastien. Son incise le présente comme quelqu’un de très différent intérieurement de ce qu’il présente. Mais l’ensemble de ces actes va à l’encontre de son propre discours. Je peux comprendre que l’on puisse/doivent présenter une personnalité différente de celle que l’on est vraiment, mais il y a des gouffres impossibles à franchir, comme ici quelqu’un qui serait bon intérieurement et qui est un violeur en série... sinon cela relève de la psychiatrie, et il ne reste plus qu’à choisir pour Bastien entre une balle, la prison ou l’hôpital psychiatrique !
En bref, nous avons ici un livre intéressant qui aborde sans faux fuyant un sujet très dur. Je l’ai trouvé inégal dans son développement, mais je l’ai quand même apprécié, surtout dans sa deuxième moitié.
et pas seulement parce que justice est faite, enfin autant que cela soit possible.