Après un début intriguant, voir amusant avec son anecdote sur l’élevage des chevaux, Estelle Tharreau nous plonge dans une ambiance sombre qui va durer deux ans, c’est long. Par moment, ce marasme, cette noirceur, me rappelait certains tomes des Rougon-Macquart, je ne voyais plus le bout de cette enquête qui piétine : tueur en série ou meurtrier local ?
Puis s’écoulèrent les heures qui tuent lentement l’espérance et l’aplomb des premiers instants. Elles déferlaient inlassablement comme les vagues des eaux grises qui deviendraient bientôt aussi noires que la nuit.
Si c’est en vase clos, pourquoi le coupable est-il si difficile à identifier ? Peut-être que les secrets et non dits d’une petite communauté sont suffisants pour gripper les rouages de la police ? Et si en plus cette dernière est impliquée, au moins émotionnellement, l’enquête ne risque pas de se résoudre simplement. D’un autre côté, un tueur en série arrêté pour d’autres meurtres dans une autre région se joue aussi des médias et de l’attente de cette communauté. Le tout étant encore un peu trop simple, l’auteur ajoute un mystérieux corbeau qui rouvre les plaies et met le feu aux poudres.
Le corbeau allait précipiter sa chute et la faire plonger plus profondément encore dans la spirale de la haine et de l’isolement.
Les personnages, portés par une écriture sans concession, ont tous une importante profondeur qui bien entendu influe sur le déroulé de l’enquête. Sans surprise non plus, l’auteur ne révèle leur passé qu’au compte goutte. Elle est plus généreuse avec le bouillon de culture généré par ce presque huis-clos et attisé par son corbeau. Cela lui permet aussi d’étoffer son histoire de réflexions sociales : qui étaient les véritables pervers ? Eux et leur insatiable soif de voyeurisme ou lui qui assumait pleinement sa sexualité en la vivant dans la plus stricte légalité et discrétion ?
Je vous rassure il y a bien un dénouement, propre qui plus est. Par contre, sera-t-il heureux... bien évidemment, je n’aborderais pas le sujet.
Pour arriver à clore l’enquête, il va être nécessaire de rebattre les cartes et d’augmenter le nombre de joueurs. Malgré un premier abord déplaisant et franchement revêche, le nouveau chef de la police va se révéler étonnant à plus d’un titre. Nouveau message de l’auteur, pour ne pas se fier aux apparences ? Mystère.