Il faut du talent pour transformer un mauvais achat sur internet en une histoire suffisamment développée pour en faire un livre. Christian Guillerme réussit ce pari avec l’histoire fantasmée d’un fait qu’il a vécu personnellement, et qui, heureusement pour lui, s’est terminé autrement dans la réalité...
Cette histoire est portée par une plume prenante, et surtout des personnages bien développés. Contrairement à
Urbex Sed Lex, son précédent livre, il n’a pas oublié “les gentils”. Ils ont même plus de profondeur, dans cet ouvrage, que le méchant.
Pour faire court, l’intrigue est le récit de trois amis d’enfance qui s’embarquent dans une petite arnaque et qui tombent sur le mauvais acheteur, qui non seulement n’est pas du genre à laisser tomber mais qui, de surcroît, se révèle à lui-même.
Et il y a tout lieu de parier que si nos protagonistes ont payé le prix fort pour avoir reproduit la petite arnaque dont ils ont été victime, ils ont, en plus, réveillé un monstre qui dormait et s’ignorait et qui ne s’arrêtera pas une fois la transaction épurée.
Sans surprise, l’auteur, ayant été lui-même victime d’une telle arnaque, se veut moralisateur avec les thèmes qui transparaisse à travers son récit : “Il ne faut pas arnaquer, on ne sait jamais sur qui on va tomber”, “il faut se parler, les non-dits peuvent se révéler désastreux”. Cela me rappelle d’ailleurs l’anecdote véridique d’un voleur à un distributeur de billets qui s’en était pris à un homme seul, mais qui s’est révélé appartenir au GIGN, et qui avait deux de ses collègues à proximité... Je vous laisse deviner la fin !
Malgré tout, et peut-être malgré lui, l’auteur donne les pièges à éviter pour éviter les problèmes si nous voulons arnaquer quelqu’un, enfin une partie des pièges. Comme morale de la morale, je dirais qu’il ne faut pas s’improviser arnaqueur : les novices se feront prendre, les professionnels s’en sortiront toujours.
Un livre intéressant donc, même si je regrette l’ordre narratif choisi. Je ne suis pas un inconditionnel de l’ordre chronologique pur, mais ici je trouve que l’auteur a un peu forcé sur les analepses et prolepses, et ce, sans toujours y insérer rapidement les indicateurs temporels nécessaires à la bonne compréhension du lecteur. De plus, j’ai trouvé que cela ne contribuait que peu au rythme et à l’intrigue.