Dès le prélude nous savons que ce roman sentira bon le terroir. Et qui dit terroir dit terres agricoles, héritage, partage... et forcément brouilles familiales car comme le dit le proverbe : « Une famille qui s’entend bien est une famille qui n’a pas encore hérité... »
— On n’a pas volé ta mère, on a pris ce qui nous était dû avec un peu d’avance, c’est tout
— Ça prendra le temps que ça prendra, mais ils vont les signer, ces papiers, même s’il faut les menacer avec un fusil !
Et effectivement, avec sa plume charmante, Frédéric Tort nous introduit au sein d’une famille du Lauragais où l’entente n’est plus tout à fait cordiale et chaleureuse. Les premiers chapitres nous permettent de découvrir les personnages hauts en couleur qui composaient cette charmante famille avant qu’elle n’éclate et ne se disperse.
Le sujet aurait pu être commun et lourd mais l’auteur a eu la bonne idée d’y introduire des jokers qui donnent une autre dimension et une certaine légèreté à la situation. Avec le premier, le frère, il a d’une certaine façon choisi la facilité : il en a fait un artiste. Cela lui donne un œil extérieur, une liberté, et surtout des avis non conformistes dans ce milieu agricole plutôt traditionnel. Pour le deuxième joker, je dirais simplement qu’il s’agit d’une poupée pour adulte... Elle permet d’introduire une certaine légèreté au récit, des quiproquos, mais pas que ! Ce thème me rappelle une pièce de théâtre à laquelle j’ai assisté il y a quelques mois. Méfiez-vous des poupées, elles ont beaucoup évoluées, elles ne sont plus simplement gonflable !
Bien entendu, tout ce décor ne servirait pas à grand chose, s’il n’introduisait pas une réunion de famille, la première en dix ans. Je ne vous dirais pas comment elle va se dérouler bien entendu, juste que ce sera grandiose.
les explosions de ce charmant dîner de famille, ne sont pas inutiles car cela va permettre d’initier une réconciliation. D’où le message de l’auteur, il vaut mieux affronter les problèmes que de les laisser se gangrener, cela peut permettre de résoudre certaines situations
Sans la famille, on n’est rien, on n’a plus rien. On part dans la tombe avec nos souvenirs, pas avec nos possessions.
Parmi les difficultés que rencontrait cette famille d’agriculteur, il y avait l’opposition entre la culture intensive et la culture raisonnée. Je n’utilise pas le terme bio, je le trouve trop galvaudé. Cela, plus l’astuce d’avoir daté son récit de quelques années dans le passé, permet à l’auteur de nous livrer un épilogue particulièrement complet. Non seulement nous connaissons l’évolution de nos personnages mais il peut aussi introduire des prévisions datées plus générales, en partie orientée écologie, dont les première années sont déjà notre passé. Bien entendu, dans ses prévisions il ne fait pas l’impasse sur cette fameuse année 2020 qu’aucun d’entre nous n’oubliera. Même s’il est peut-être optimiste sur l’avenir, cela n’en demeure pas moins un bel objectif :La population mondiale était enfin apte à relever le défi, enfin focalisée sur l’essence même de l’existence : cultiver le bonheur dans le respect de la nature qui nous a donné la vie et la possibilité de briller parmi les étoiles.
L’humanité comprit que la survie naîtrait du partage, de l’entente et du respect, que l’expérience et la sagesse étaient les clefs de l’évolution.