L’auteur nous propose ici un aperçu de la vie rurale du début du XX
e siècle principalement orienté sur les femmes dans le milieu agricole. Elles y occupent à l’époque une position particulièrement dépendante de leur mari, ce qui peut en faire des proies faciles.
L’arrivée de la Première Guerre Mondiale modifie profondément la stabilité de ce milieu et rends cette période particulièrement intéressante. Cela est assez bien rendu dans le livre où l’auteur s’attarde sur de nombreux épisodes et nous propose des tranches de vie prenantes de la vie à l’arrière, des tranchées et des camps de prisonniers, et ce exclusivement du point de vu de la piétaille qui souffre sans comprendre les enjeux, quand il y en a. Personne n’en sort indemne, mais l’auteur n’est pas totalement négative car pour certains cela peut s’avérer plutôt positif :Mais les scènes de barbarie auxquelles il avait assisté avaient tué en lui tout espoir, toute foi en l’être humain. Il était revenu d’entre les morts en se disant qu’il ne devait faire qu’une chose : vivre dignement, essayer de faire le bien autour de lui, pour qu’à la fin de son existence, il n’ait pas honte de ce qu’il avait accompli. Puis retourner à sa terre.
Malheureusement nous ne faisons que survoler les années de l’après guerre. Le choix de l’auteur est compréhensible vu la période à couvrir, mais je trouve cela dommage, cela ne permet pas une réelle profondeur des personnages ni beaucoup d’empathie avec eux malgré les traumatismes qu’ils ont subi. J’ai parfois eu l’impression d’assister à un film en accéléré sur l’exode rural. Il faut bien reconnaître qu’à l’époque entre les difficultés du quotidien à la ferme, la recherche de sa place après les retours des hommes, la ville semblait la solution idéale pour beaucoup de femmes.
Mais je ne veux pas m’établir ici, mon oncle. Non ! Il n’est pas question que je perpétue la tradition ! Je veux partir. Ces terres sont synonymes de mort pour moi. Elles n’ont apporté que du malheur, de la tristesse. Il n’est pas question que j’y passe le reste de mon existence.
Même s’il a été écrit bien avant le confinement, je n’ai pu m’empêcher de voir également dans ce récit un parallèle, douloureux, entre la période actuelle et la grippe espagnole de 1917.
Bref, j’ai trouvé ce livre intéressant malgré son accélération après la Première Guerre Mondiale. Celle-ci a représenté un tournant majeur pour la vie rurale, et plus particulièrement pour ses femmes, ce qui est bien rendu par l’auteur.