Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Quand le seul livre de Jean-Paul Dubois qu’on a lu s’appelle Vous plaisantez, Monsieur Tanner ? (un bouquin écrit avec un poil dans la main plus foutage de gueule qu’autre chose), on se demande comment ce type a pu avoir le Goncourt. Vraiment.
Sauf que cet ouvrage-ci est plutôt sensible et assez bien foutu. La narration est maîtrisée, le but est humble et sans chichis, du coup le résultat n’a rien à voir avec l’opus pré-cité. On se retrouve avec un personnage attachant, profond, travaillé, aux détails de vie captivants n’ayant pourtant rien de sensationnel. Il y a beaucoup d’humain dans ce récit, de sentiments qui se percutent les uns aux autres et d’émotions totalement crédibles et justes.
Y a de quoi se demander si le jury du Goncourt ne s’est pas laissé, comme nous, emporter par cette histoire simple mais vraie qui tranche net avec d’autres gagnantes bien plus torturées aux sujets délicats. Certes, le thème de l’incarcération, qui n’a rien de rose et fait parfois penser au Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo, a ses côtés sombres qui rappellent les dures conditions de détention. Mais ça change de la guerre (quelle qu’elle soit), de la violence sanglante et des morts par millions. En cela, les crus 2016 et 2020 d’ailleurs rentrent plus dans la même catégorie que le lauréat 2019. Une tendance qui se confirmera dans les années à venir ? Si c’est ça, je ne dis pas non !