Avec
Shanghai Fan, Raphael Bée nous immerge dans deux univers foisonnant et actifs : le marketing et Shangai. Pour cela nous allons suivre une chef de projet dans une agence de pub française essayant de percer à Shangai. L’intrigue portée par ces deux mondes ne nous laisse pas beaucoup de répit. Nous avons quand même le temps de côtoyer l’univers des expatriés en Chine, qui même s’il est assez proche des expatriés des autres pays, se heurte malgré tout à une langue, une religion et une culture plus fermées pour les français que dans la plupart des pays.
L’auteur met en avant les incompréhensions multiples entre français et chinois. Pour les français il va plutôt s’agir de la barrière de la langue et de la difficulté à comprendre les comportements des travailleurs chinois dans cette “République”. Les chinois eux veulent profiter au maximum de ces “gentils” étrangers et ont du mal à comprendre l’enthousiasme de ces expatriés heureux d’être loin de leurs pays.
ce qui me gênait, c’était sa mauvaise foi. Moins libre en France qu’elle ne l’était ici, à Shanghai. [...] chez elle, sa famille l’avait acceptée telle quelle [elle est lesbienne][...]. Si j’avais fait la même confession dans ma province, je n’ose pas y penser. Je serais passée aux électrochocs, par les autorités, et avant par mes parents.
Je suis assez sensible au style des auteurs que je lis. Et ici, pas de mauvaise surprise, bien contraire. La narration est portée par une écriture efficace et un vocabulaire précis, qui peut même devenir cru en fonction du contexte, sans que cela ne soit jamais dérangeant.
En plus de sa plume, l’auteur semble bien maîtriser ses sujets, que ce soit l’univers du marketing digital ou celui du travail des français à Shangai. Il arrive à faire vivre ces rencontres à ses lecteurs. Cela en est presque un paradoxe, car malgré le contexte “stressé” de la préparation d’une campagne de pub et les difficultés de collaboration entre chinois et français, il arrive à nous proposer ici un livre rafraîchissant.
La tension narrative est présente tout le long du livre, même si...
dès l’annonce de la mallette de billets j’ai pressenti de multiples problèmes en perspectives. Malgré tout, cela génère une bonne tension et permet d’accélérer l’intrigue avec un beau retournement. Cela ne gâche rien, bien au contraire, l’auteur donne la vision off de l’intrigue dans l’épilogue.
Sans être débordé par un trop grand nombre de personnages, nous sommes quand même dans un univers dense en population et particulièrement actif. Tout cela est très bien rendu par l’auteur, et ce à tel point qu’après avoir fini le livre, lu presque d’une traite, j’en avais les oreilles qui sifflaient d’un soudain silence assourdissant.
Bref Raphael Bée allie une très bonne plume à une savoureuse intrigue pour rendre particulièrement vivant le contexte difficile des expatriés français en Chine confrontés à la barrière de cette langue et de cette culture si différente.