Le Tunnel
1978
15 h
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Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. » Ce vers de Dante, trois cents déportés du camp d’extermination de Mauthausen, où la durée moyenne de vie était de quatre mois, l’ont fait mentir. Ils sont sortis vivants un matin de printemps 1943 parce qu’ils étaient les plus costauds d’un convoi de 2500 Français et qu’il y avait à la frontière yougoslave un tunnel stratégique à construire. Ils étaient aussi des patriotes et, ce tunnel, ce n’est pas à leurs bourreaux mais aux partisans de Tito qu’ils le livrèrent, aux accents de la Marseillaise.
A Loibl-Pass, leur petit camp perché sur les monts Karawanken, on savait mourir mais aussi rire, chanter, saboter et rendre les coups, sur un vrai ring. Le Tunnel est un récit du calvaire et de la résurrection de ces Français que rien ne prédisposait à s’unir. ils avaient en effet tous les âges, du grand-père à l’écolier, ils venaient de tous les milieux, de l’ouvrier agricole au P.-D.G., et de tous les horizons politiques. Sans parler des truands, assez fortement représentés; dont le comportement face a la férocité SS est riche d’enseignements. L’un d’eux pourtant s’est racheté, au bagne même. Et comme en dépit de sa dégradante tonsure et de sa tenue de forçat, il était resté séduisant, une jolie fille, agent de liaison des partisans, l’a remarqué et aidé à s’évader.
A travers son aventure, le Tunnel répare une omission dans l’histoire de la Résistance française : le combat de Loibl-Pass, combat sanglant, héroïque, qui nous montre que sous la tenue rayée de l’infamie battaient des cœurs aussi grands que sous les tourelles des blindés de Leclerc.