Avec un début accrocheur, l’auteur nous entraîne, par le biais de son personnage principal et sans temps mort, dans une enquête sur un meurtre avec en toile de fond la recherche de la vérité autour des actions et responsabilités de l’armée américaine lors de ses interventions à l’étranger.
Pour cela rien de mieux que de choisir une journaliste du New-York Times traînant derrière elle un contentieux hérité de ses parents et de la guerre du Vietnam. Après ce début rapide, l’auteur prend le temps, par petites touches sous forme de flashback, de donner de la profondeur à son personnage et nous permettre de mieux comprendre ses choix.
Pour notre plus grand plaisir, Louise Caron intègre dans son roman un grand nombre d’éléments intéressants : une plume prenante, avec par moment le style prise de note de la journaliste pour accélérer la narration ; un sujet de fond sur le devenir des anciens combattants américains à leur retour des guerres “sales”, celles où après coup, l’opinion se pose des questions sur leur justification ; un contexte social particulier avec le Sud américain profond ; de l’action avec des personnages hauts en couleurs, ainsi que des pressions et des tentatives d’intimidation ; un vrai journalisme qui ne se contente pas de remâcher des communiqués de presse, mais qui cherche à comprendre les motifs et retracer les événements.
Le Sud était la matrice du meurtre, pas le déclic.
Tout cela génère une bonne tension littéraire qui nous pousse à avancer rapidement dans le livre pour connaître le vrai coupable du meurtre, les manipulations éventuelles et toute l’histoire des parents de notre journaliste. Je voulais également savoir où allait nous amener les débats et recherches sur les justifications et comportements de l’armée américaine lors de ces conflits si particuliers.
En Irak, j’ai commencé à comprendre qu’aucune guerre n’est équitable. Cette idée m’empêchait de faire tranquillement mon boulot sans ressentir ce que mon supérieur appelait des états d’âmes.
A mon retour j’étais traumatisé. J’ai vu et fait des choses inimaginables.
La fin m’a surpris, j’en attendais autre chose.
Je comprends que notre journaliste craque après tout ce qui lui arrive, qu’elle parte au Vietnam pour suivre une piste plus que froide, éventuellement, mais qu’elle “abandonne” et change d’objectif, je suis plus sceptique. D’autant que l’auteur relativise aussi la bombe qu’elle nous préparait depuis le début du livre sur les responsabilités de l’armée. La fin est un peu trop tiède à mon goût.
Est-ce l’institution qui est responsable ? Il me semble que c’est l’Amérique tout entière, le pays et ses habitants sinon ce n’est personne...