Les Javanais
1939
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Nous sommes quelque part en Provence, dans les années 30. Non point la Provence de Pagnol, mais celle des vieilles mines d’argent et de plomb où trime une faune rien moins que recommandable. La mer n’est pas loin, le soleil plutôt bon zigue. Quant aux mines, disons qu’elles sont tellement pourries que les ouvriers français refusent d’y descendre – alors on fait appel au bon vouloir des tordus de passage qui n’ont pas peur de s’y frotter. Ils ont tous quelques points en commun : des gueules de métèques, des permis de séjour défaillants, la dalle en forte pente, et jaspinent des langues bizarres. Mais la police du coin n’est pas trop regardante, et puisque la douce France a besoin de bras… Ils sont allemands en rupture de Führer, russes en délicatesse avec le petit père des Peuples, espingos fâchés avec leurs frères phalangistes, italiens fatigués des mussolinades, mais aussi moldovalaques, arméniens, turcs, polaques, lithuaniens et zarabes. Bref tous « Javanais », et le quartier de baraquements où on les parque est vite baptisé : c’est l’Île de Java, tout simplement. Dire que la vie à Java est peinte en rose, c’est un peu exagéré. Mais on ne s’y ennuie pas, ça c’est sûr. On y rigole sec, même. On y picole plus sec encore (la Pologne donne ici le ton) et la brave Madame Michel, épicerie-buvette, ne chôme pas. Le bordel non plus, où les filles font bon accueil à ces gaillards nostalgiques qui chialent comme des mômes pour peu qu’on les laisse un peu causer du vaste monde. Bien sûr, on devine que ça finira mal, car la mine a de graves problèmes de santé. Mais c’est la vieille Europe aussi qui ne va pas très bien et qui tousse. Drôle d’époque décidément. Drôle d’époque qui rejoint méchamment la nôtre. Et drôle de bouquin, sur lequel le temps semble ne pas avoir de prise…