Thierry Poncet nous invite à parcourir avec lui ses souvenirs d’une vie aventureuse en tant que “assistant” de Zykë, pour utiliser un terme flatteur. Nous allons découvrir comment ce jeune auteur de 23 ans n’ayant quasiment rien publié va changer de vie d’un seul coup et parcourir le monde dans tous les sens pour écrire les livres de Zykë lors de séances marathon. Le reste du temps il partagera la vie de cet aventurier hors norme, toujours en quête de nouvelles aventures et sans problèmes financiers grâce aux revenus de ses différents livres.
Au premier coup d’œil, la tribu invisible, la même sous toutes les latitudes, le petit peuple des marginaux, des arnaqueurs, des tire-goussets et autres gibiers de potence, le reconnaît pour un de ses chefs.
C’est comme ça, la vilénie est la chose la mieux partagée du monde.
– C’est dégueulasse.
– Peut-être. Mais comme on ne peut rien y changer, le mieux, c’est d’en profiter…
Avec une plume acérée, imagée, sans concession et sans pudeur, l’auteur nous fait partager ses multiples périples autour du monde. Et même quand le duo infernal se pose quelque part, la narration, elle, ne ralentit pas. Le rythme est fort, les descriptions éblouissantes sans être ennuyeuses. Je ne listerais pas tous les endroits qu’ils ont parcourus : il faut le livre entier pour cela. Juste une parenthèse sur le Mali où j’ai séjourné quelques années après. J’ai bien retrouvé l’ambiance, les descriptions étaient frappantes de réalisme, j’ai juste regretté qu’il saute directement de Gao à Bamako et zappe toute la descente du “goudron”. S’il situe ensuite en Côte d’Ivoire sa fréquentation des coopérants, j’ai cru revivre certaines soirées “chez l’ambassadeur” tellement ce milieu était à la fois fermé et transverse à toute l’Afrique noire.
Comme dit le vieux proverbe de la sagesse africaine : « Afflux de connards blancs, pluie d’argent »
D’aucuns diront qu’ils s’agit plus d’une quête de la dépravation que d’une recherche de l’aventure tant l’écriture est sans concession et, il faut le reconnaître, leurs plus grands centres d’intérêts en dehors de l’écriture sont les drogues et les prostituées. Au vu de leur vécu on peut même les qualifier de Survivants.
A l’inverse de l’écriture, beaucoup des projets de Zykë ne se réalise pas, mais pour un aventurier j’ai trouvé qu’il manquait de ténacité, il est plus dans l’esbroufe.
On ne le verra pas courir Paris, scénario sous le bras. Solliciter des producteurs. Frapper aux portes. Poireauter dans des vestibules.
Il ne quémandera pas.
Gloire et richesse au prix de son intégrité morale, très peu pour lui !
À un succès qu’il jugerait imparfait, au plaisir qu’il penserait taché d’une victoire de compromis, il préférera toujours l’amertume de l’échec absolu.
Le repli hautain.
La noblesse du je-me-contrefous
Ils auront également des altercations plus ou moins violentes avec des éditeurs, avec leur concurrent sur la série Tuan Charlie dont je vous laisse découvrir le pseudonyme dans le livre, avec le Paris-Dakar qui heurte fortement leurs principes de l’Aventure et quelques autres : Que sous cette appellation pompeuse et faussement aéropostalienne, Paris-Dakar, se cache une caravane stupide de grands cons trop bien nourris qui font joujou avec des bagnoles.
Une inutilité scandaleusement chère.
Un gâchis aussi futile que bruyant et salissant.
Bref un livre prenant d’une aventure qui se vit à 100 à l’heure, qui ne respecte pas grand chose et dévoile un univers inédit et souvent étrange. Il permet également de mieux comprendre la genèse de la série
Haig.