2020-04-20 05:13
Wow... Je ne sais pas vraiment quoi dire. Ce récit est une épopée, aussi bien pour le personnage principal que le lecteur qui traverse avec lui les grands moments de la formation d’une nation indépendante aussi bien que les grands moments de la vie d’un être humain qui se construit.
On est plongés dans des faits historiques alignés sur des faits purement fictifs, agrémentés d’une bonne dose de surnaturel qui colle parfaitement au folklore local. Le récit est hyper riche, la narration maîtrisée, l’histoire entraînante. Ce n’est pas le livre le plus facile à lire, de par sa narration à la limite du courant de conscience, mais son style fait partie intégrante de la satisfaction éprouvée à sa lecture. Finalement, l’ouvrage est bluffant, en de nombreux points. Je conviens du fait qu’il est long, que certains passages (un peu plus que parfois mais pas souvent non plus) traînent trop sans apporter plus que ça. Mais le rendu global est saisissant, unique. Tellement unique et vaste et abondant qu’il est peu aisé de revenir sur chaque détail ou même les plus grandes lignes. Car il y en a tellement...
C’est le genre de bouquin qui laisse un goût spécial dans la bouche quand on l’a fini ; le genre de bouquin qui ne laisse pas indifférent ; le genre qui interroge ; le genre qui épate parce qu’il est copieux (tous les sens s’appliquent). Son originalité n’a presque pas d’égal, ce qui en fait un petit bijou de la littérature.
Dedans, il m’a semblé y déceler certains prémisses aux Versets sataniques, avec la dualité Saleem/Shiva façon yin et yang, comme avec les personnages de Gibreel et Saladin qui représentent clairement le Bien et le Mal dans toutes leurs ambiguïtés... Ajoutons à cela que l’auteur est lui aussi né en cette année d’indépendance, à peine quelques mois avant son personnage phare. On sent l’implication personnelle derrière les conséquences de certains évènements, la critique derrière les ratés condamnables gouvernementaux... Aujourd’hui faisant partie intégrante de la diaspora indienne, l’auteur, qui a quitté le pays en 1960, s’est toujours senti concerné par ce qui s’y passait, ainsi qu’il l’a confié lors d’une conférence à San Francisco en septembre 2017 à laquelle j’ai assisté. On sent dans ses récits l’attachement à la terre et aux hommes qui la peuplent, tout comme il n’hésite pas à critiquer les formes de pouvoir en place et les inégalités traditionnelles. Et puis... n’oublions pas l’hommage à son fils Zafar, né l’année de la publication de cet ouvrage, avant Haroun et la mer des histoires qu’il a en partie écrit pour lui, dont il donne le nom à l’un des personnages de son livre (ou est-ce finalement le nom de ce personnage qui lui a plu au point de nommer son premier enfant de la sorte ?).
Tout ça pour dire que ce roman a une âme aussi parce que son auteur y a mis dedans énormément de lui-même. C’est sans doute ça la recette qui lui a permis de décoller enfin dans le monde de la littérature et qui a tracé la route directrice de son œuvre globale...
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