A partir d’une idée originale, l’auteur se lance dans un sujet délicat.
En bref : quelles limites peut-on repousser pour améliorer le réalisme des reconstitutions historiques touristiques ? Par définition quand un touriste s’inscrit pour une attraction historique, il sait qu’il s’agit d’une reconstitution, et en plus en tant que touriste il sait qu’il est protégé. Il ne peut pas la vivre pleinement, juste la regarder de loin avec éventuellement des Ohhh ou des Ahhh plus ou moins sincères !
Ici l’auteur contourne un peu la difficulté avec un mari qui fait une surprise à sa femme. Elle ne sait donc pas à quoi s’attendre, et quelle surprise ! Elle découvre au fur et à mesure qu’il s’agit de la reconstitution d’un voyage vers un camp de concentration. Heureusement, quelques références modernes nous rassurent, nous pauvres lecteurs, pour être sûr qu’il s’agit bien d’une reconstitution. Mais est-ce bien le cas ? Les conditions du voyage s’orientent de plus en plus vers l’original.
En tout cas, d’une certaine manière, l’expérience est concluante. Les personnages finissent par lâcher prise et se retrouvent en immersion complète, mais à quel prix ?
On ne partagera pas.
Tout ceci restera entre nous à jamais. On évitera d’en parler, on fera tout pour ne plus s’en souvenir pour effacer les images, gommer les odeurs, faire taire les cris, les coups, la peur, gommer l’humiliation. Nos enfants aussi. On se lavera les mains dix fois par jour pour ne plus sentir la puanteur de la vermine, pour effacer les taches, curer la poussières sous les ongles.
Le lecteur, porté par une écriture entraînante qui contrebalance le sujet pesant, est obligé de se poser des questions : est-ce voulu par l’organisateur ? maîtrisé ? veut-il aller au-delà de l’objectif annoncé ? Ces questions nous maintiennent en haleine tout le long de ce triste voyage.
La fin est un peu trop rapide à mon goût et m’a laissé dans l’incertitude. J’aurais apprécié un chapitre supplémentaire pour clarifier la situation. Certains indices laisser penser que cela va trop loin (le chat, les gendarmes...), d’autres que tout est maîtrisé (le comité de réception dans le camp...)
La leçon que j’en tirerais : attention au tourisme frisson. Par définition il est difficile de s’immerger réellement dans le contexte, et quand cela se produit, les risques de dérapage sont forcément très proches. Il ne faut pas oublier la maxime : “A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler”. Il est des événements tragiques qu’il ne faut surtout pas oublier, mais de là à vouloir les revivre... je m’interroge.