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Chanson douce de Leïla Slimani
Date france :
2016.08.17
Editeur :

Chanson douce

2016
3½ h
D'après votre vitesse de lecture (15 000 mots à l'heure), il devrait vous falloir environ 3½ h pour lire ce livre.

Temps restant en fonction de l'avancement :

10 %40 %70 %
3 h2 h1 h
 
 
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

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Les commentaires :

 
En bref, le Goncourt est mérité pour Leïla Slimani qui nous livre un roman coup de poing en osant le tabou des enfants. L’effet est garanti grâce à une plume précise et travaillé mot à mot. Cependant, je ne me joins pas forcément à l’engouement général puisque je trouve la fin trop abrupte pour mes attentes.
Bloggueuse livresque à ses heures perdues... (http://rizdeuxzzz.canalblog.com)
 
Ce qui est intéressant dans cet ouvrage, c’est la foule de thèmes abordés assez justement et dont certains sont tabous. Je pense notamment au désespoir des parents qui sentent disparaître leur vie derrière celle de leurs nouveaux enfants, et la culpabilité (que certains jugent légitime et d’autres son contraire) de vouloir vivre sa vie et faire aussi des choses pour soi tout en étant parent. Leïla Slimani touche aussi au regard accusateur/réprobateur et surtout hyper critique/moralisateur de beaucoup sur comment des parents peuvent interagir avec leur progéniture, et vice-versa d’ailleurs. A l’aide de l’histoire d’une seule famille, l’auteur parvient à critiquer le poids que la société met sur le dos des personnes qui ont des enfants. Le passage où Myriam se voit réprimandée par une maîtresse de sa fille est en cela extrêmement caractéristique.
Et en réponse à ce thème d’ailleurs, un autre plus général se distingue : Slimani, au travers de son récit, fait une étude sociologique aussi bien de la famille que de la nounou et son entourage, afin d’expliquer le pourquoi des évènements, mais aussi pour montrer en miroir des jugements publics ce qui se passe réellement dans la vie des gens blâmés.
Le souci, c’est que les détails de la vie de Louise, dont ils sont censés expliquer de manière sociologique le comportement, n’apportent pas de réelle réponse satisfaisante quant au changement intervenu qui mène au meurtre et à la tentative de suicide. Car on découvre qu’avant les Massé, Louise a travaillé pour d’autres familles et a eu un impact fort mais positif sur les enfants aussi bien que sur les parents. Certes elle s’attache aux enfants, mais qui ne le ferait pas ? La vie présente, assez misérable certes, de la nounou pourrait expliquer d’une certaine manière l’envie de tout plaquer, et surtout l’idée que la vie lumineuse ne se passe que chez les autres et pas chez soi. Mais pourquoi ce retournement de situation ? L’auteur montre en fin d’ouvrage une nounou névrosée et paranoïaque qui fantasme complètement et qui n’a rien à voir avec la nounou du début. Pourquoi cette famille, ces enfants ? Pourquoi à ce moment-là ? C’est justement pour répondre à ces questions intéressantes que la sociologie intervient. Mais non, on reste carrément sur sa faim, car la réponse, on ne la connaîtra jamais. Et pas parce que ce n’est pas clair, non, mais parce que le récit s’arrête là, tout bêtement.
Si la fin a de quoi laisser pantois, le début est assez long et répétitif. Leïla Slimani met de très longues pages à installer la confiance et la nécessité de la nounou, le tout avec beaucoup de phrases simples que contrairement à d’autres je n’ai pas trouvé percutantes. Au contraire, elles laissent entrevoir un récit simple sur le cas assez commun d’une famille somme toute commune qui vit les mêmes problèmes que tout le monde. Il faut vraiment se pencher sur les thèmes précédemment mentionnés et la construction en plus ou moins flashbacks et interrogatoires de témoins dissimulés pour contrecarrer cette vision simpliste globale.
Il y a de nombreuses qualités dans ce récit, on est d’accord. Après, de là à lui filer le Goncourt....
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