2014-01-31 01:28
La noirceur de Menzoberranzan, ses complots et son talent rendent ce livre plus exquis que jamais ! Personne ne manie l’art du complot avec autant de talent que les drows, personne ne peut donner autant de fil à retordre que ceux de son peuple, et pourtant, Drizzt se décide à foncer droit dans la fosse aux lions pour sauver ses amis. Acte de bravoure ou geste de désespoir stupide ? Toujours est-il que ce geste fondamental donne toute l’énergie et la vitalité au livre. Sans doute parce que je suis une fan de la cité drow, donc je ne peux que trouver jubilatoire ce nouveau livre qui lui est consacré, mais pour ma part, je reste profondément persuadée que l’histoire est plus complexe, plus intéressante lorsqu’il y a les elfes noirs. Les aventures à la surface me semblent plus prévisibles, moins haletantes. Un seul petit défaut tout de même, je trouve que dans sa démarche, Drizzt manque tout de même cruellement de but. Certes, il descend dans l’Outreterre pour défendre ses amis, il ne pense pas en revenir mais jamais il n’exprime clairement ce qu’il compte faire pour eux, comment alors qu’il est seul contre une cité de milliers d’elfes noirs. Le style d’écriture de R.A. Salvatore est toujours aussi fluide. Il sait alterner les passages descriptifs qui nous ravissent en alternant avec le récit des actions de ses héros tout en plongeant dans leur pensée pour en faire ressortir toute leur humanité avec ce qu’elle comporte : leur doute, leur peur, leur haine, leur tristesse… Un maître dans son art, surtout au niveau des scènes de combat, particulièrement nombreuses dans ce volume. Drizzt. Voilà huit volumes qu’on le découvre, l’analyse et vit ses aventures à ses côtés. Pourtant, il réussit à ne pas exaspérer ni même lasser. Je découvre plus en profondeur chacune de ses facettes avec avidité. Mieux encore, ce livre plus que tout autre nous montre que malgré son talent, il reste un être mortel qui peut faillir. Son esprit est troublé même s’il essaye de ne pas le laisser paraître, ce qui lui fait commettre cette grossière erreur qu’est son retour dans sa terre natale. Vraiment Drizzt est un personnage qui ne cessera de me fasciner et de me plaire. Surtout qu’il commence à songer à l’évident problème qui se profile devant lui : sa longévité de vie. Lui qui n’est qu’un tout jeune elfe de soixante ans, sera forcément contraint d’assister au déclin et à la mort de ses amis, en particulier Catti-Brie qui n’est qu’une humaine. Catti-Brie, d’ailleurs, devient un personnage qui me plait de plus en plus surtout dans sa souffrance. Fini le personnage niais qui essaye de parlementer avant de frapper. La douleur d’avoir perdu son fiancé fait qu’elle crie vengeance et réparation. Elle n’hésite plus, elle ne tire plus avec le Cherchecoeur pour blesser et ralentir mais pour tuer. Elle a enfin compris la dure réalité de ce monde sans pitié. On peut enfin apercevoir la guerrière qu’elle est. Bruenor est touchant et choquant dans sa peine. Le nain que l’on connait est devenu quasi inexistant, ravagé par le chagrin que lui a causé la perte de Wulfgar qu’il considérait comme son fils. Ce retrait de Bruenor permet de donner un rôle un peu plus important pour Régis qui, selon moi, était vraiment le minable du groupe. Il se met à briller de qualité dans ses rares moments de présence dans le livre. En somme, j’ai adoré ce huitième tome qui atteint des sommets à l’image des deux premiers tomes et du septième.