L'économie du ciel
2003
½ h
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Je suis figé au bord de la route, mon père s’est arrêté lui aussi, maintenant il vient sur moi, il me saisit durement par le bras, le chapeau est baissé sur les yeux, sur les lunettes, le col du manteau relevé, mon père est pâle, les yeux bleus terriblement brillent. Il me tient toujours par le bras, il regarde autour de lui, devant, derrière. Il n’y a personne dit sa voix que je reconnais mal. Personne. Et toi tu ne m’as pas vu. Souviens-toi. Toi tu ne m’as pas vu à ce moment et sur ce chemin. Il m’a lâché, il ne me regarde pas, déjà il marche à grands pas, le chapeau enfoncé, le col haut, sur la route où il n’y a personne. Pourquoi le père du narrateur rôde-t-il sur cette route, où il n’a que faire, dans la lumière cotonneuse de l’automne ? De quel prix un secret peut-il se payer ? Les morts réclament-ils d’avoir la paix ? L’enfant de huit ans, auquel on a demandé de se taire, se confesse enfin, des années après. En un récit implacable, où chaque mot pénètre la conscience du lecteur et la marque à l’acide de la vérité, Jacques Chessex diffuse le secret qui l’a rongé pendant si longtemps. Roman des origines, enquête sur un père au-dessus de tout soupçon, rêverie sur les oiseaux, aspiration à la pureté : quel que soit le genre, L’Economie du ciel est un texte majeur.