Ce nouveau livre de Alain Cadéo m’a autant séduit que le précédent (
Zoé), le langage est riche et travaillé tout en restant simple. Cela rend la lecture particulièrement fluide. Le challenge était d’autant plus difficile que pendant tout ce livre, nous tournons en rond dans le crane de son personnage principal en partageant ses pensées, ses espoirs, ses inquiétudes... et il n’est pas “tout seul” dans sa tête. Même si “Murmure” a tendance à perdre la notion du temps l’histoire n’en pâtit absolument pas.
Alain Cadéo à la fin, comme pour
Zoé, nous offre un changement radical de perspective. Ce n’est pas dérangeant du tout, au contraire. L’absence de repères temporels de l’histoire s’y explique, comme le titre d’ailleurs. Le livre étant malgré tout assez court, j’avais encore en mémoire les différents péripéties que j’ai pu replacer facilement dans ce nouveau contexte.
J’ai bien aimé la réutilisation des personnages “environnants” pour alimenter la narration. J’y ai vu aussi, peut-être à tort, des similitudes entre le “dernière rêve” de “Murmure” et les symboles usuels de la mort :
- le tunnel de Latson pour voir le soleil de l’autre coté de la colline avec la “lumière au bout du tunnel” des expériences de mort imminente ;
- le journal de ses aventures écrit sur un livre de comptabilité comme la balance entre le bien et le mal ;
- sa manie de compter les lettres de certains mots, comme le décompte du massage cardiaque, mais j’ai un doute sur celui-ci.
Il y avait peut-être d’autres allusions, mais il me faudrait une deuxième lecture... quoique... pourquoi pas ? Quelques phrase qui m’avaient plu “simplement” pendant ma lecture, et qui d’un coup prennent un autre sens :
Pour trouver un tel endroit il faut vraiment s’être perdu, être tombé en panne, avoir franchi les portes du coma avec la sensation d’entrer dans un univers parallèle.
Il en faut du cœur pour souffler et attiser des braises minuscules, afin de relancer au ciel les milles scintillements d’une joie crépitante.
Et rien qu’avec un rire, ça vous glisse une image digne de tout l’Himalaya, ça vous recapitonne le moral de neige toute fraîche, un vrai bain de jouvence, un truc à ressusciter les morts.