Jean le père de Cloé va disparaître en mer, sans raison apparente, et le sentiment diffus que tout n’est pas dit sur cette disparition va entraîner Cloé dans une spirale d’interrogation, sentiment renforcé par l’absence de tombe sur laquelle elle pourrait faire son deuil. Pour en savoir plus, elle va devoir se heurter au mur des taiseux de ce petit village normand.
Elle doit également gérer sa mère qui se retrouve seule et malade.
L’arrivé d’un irlandais, Harold, de leur amour naissant, du passé polynésien de celui-ci, ne va pas aider Cloé à se stabiliser, bien au contraire.
Son séjour à Papeete où elle va rencontrer une exubérance de caractères extravertis va lui renvoyer violemment ses propres limites sentimentales et lui montrer, dans la douleur, la nécessité qu’elle a de se reconstruire et de dépasser sa nature taiseuse pour que sa relation avec son irlandais puisse évoluer.
Toute cette tendresse affichée lui donnait le vertige, presque la nausée. Elle repensa à la joue rugueuse de Jean Lebon, au baiser déposé sur son front de petite fille.
Ne laisse pas les secrets passés t’étouffer [...] Débarrasse-toi de ces souvenirs qui ne t’appartiennent pas, de ce bateau, de tes fantômes.
La découverte du deuxième secret de Harold, sa rencontre avec son père et le journal de ce dernier, va achever sa période de doute et l’obliger à aller de l’avant et à remettre en question certaines choses.
J’ai trouvé intéressant la manière dont l’auteur gère le changement de point de vu à partir de quelques informations. Honfleur qui était le cocon de Cloé, sa vie, ses attaches, lui devient subitement insupportable quand elle découvre le secret de son père. Et ce même si elle réagi peut-être de manière un excessive comme tentent de lui faire comprendre certains personnages.
Intéressant aussi la fin où, au lieu d’opter pour une fin “fleur bleue” en renvoyant Cloé dans les bras de Harold à Papeete, l’auteur préfère la laisser se reconstruire à son rythme et s’installer sur les terres natales de son irlandais en attendant que tous les deux soient prêt pour une nouvelle rencontre, la bonne espère-t-elle.