Vita Sexualis, Ou, l'apprentissage amoureux du professeur Kanai Shizuka
2012
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Quand Vita sexualis parut au Japon, en 1909, Mori Ôgai occupait une place exceptionnelle dans la médecine de son pays. Né en 1862, sa précocité l’avait fait médecin à dix-neuf ans ! On l’envoya donc se perfectionner en Europe; il y apprit l’allemand, l’anglais et le français, dont il truffe souvent son récit. Quand il revint au pays natal, les écrivains, marqués par le naturalisme, exposaient sans complaisance la vraie vie. D’où maint et maint scandale : en 1906 avec La Rupture de l’interdit, de Shimazaki Tôson; en 1907 avec Le Matelas, de Tayama Katai; en 1909, avec cette Vita sexualis. Dans le mois qui suivit la publication, l’ouvrage fut interdit : ni vente, ni même distribution gratuite! Or, si le titre est provocant, avec son allure médicale, ce récit d’un apprentissage amoureux entre six et vingt et un ans, frappe aujourd’hui par sa pudeur. Il dit tout : sans outrance ni complaisance. Mais sans faiblesse pour l’idéologie dominante. D’où l’éclatante disgrâce du savant qui avait oser proférer ces paroles impies : ce n’est guère «que parmi les individus vêtus de vestes d’ouvrier» qu’on trouve l’homme idéal, du point de vue physique et charnel.