2014-01-30 17:49
Toujours plus violent, toujours plus trash, Anita Blake continue sa sanglante progression. Après un premier tome consacré aux vampires et aux sueurs froides qu’ils provoquent à l’Exécutrice, l’auteur emmène ses lecteurs sur un terrain plus personnel au personnage en se penchant sur les zombies, créatures lésées dans le premier tome alors que ce sont tout de même le métier de la jeune femme. Orienter son scénario ainsi permet à l’auteur de sortir du cliché vampirique et de plonger un peu plus au coeur du pouvoir d’Anita qu’elle n’explique pas ou très peu. Seulement même si aller dans une histoire de zombie est plus originale que dans le premier tome, l’auteur récidive une erreur qu’elle a faite dans le premier tome : Anita doit une fois de plus se confronter à la personne la plus puissante dans son domaine qu’elle ait rencontré jusqu’ici. Non seulement c’est redondant mais en plus fait figurer tous les autres dangers potentiels qui entourent la jeune femme comme faible. Bref, au lieu de donner un bon effet, cela tue prématurément le livre. Mais une fois de plus, ce n’est presque pas pour le scénario qu’on lit le livre mais pour l’univers de l’auteur qui est, au-delà de son style d’écriture au point de vue interne, très original. Pour lire Anita Blake, que le lecteur le sache, il faut avoir le ventre sacrément bien accroché. Scènes sanglantes, de massacre, tripes, restes humains (ou pas), descriptions de scènes de crimes, de blessures, tout ce qui peut heurter la sensibilité du lecteur y passe. Au fur et à mesure de scènes, je me dis que ça ne peut pas être pire. Et bien, si. Un point positif dans la manière d’écrire de Laurell K. Hamilton: l’auteur part du principe que ses livres peuvent être lus séparément, elle réemploie donc tous le temps les mêmes expressions pour introduire des personnages déjà présent comme la manie de Dolph de raccrocher au nez ou encore la peinture du bureau de Bert et son avarice. Un peu agaçant surtout que c’est présent dans les tomes suivants. De nouveau, Anita Blake va au-delà du scénario bancal grâce à sa personnalité bien tranchée et affirmée. La jeune femme est forte, indépendante, irrésistiblement attirée par Jean-Claude mais tout en l’évitant. Elle est d’ailleurs aux antipodes de la femme qui recherche l’amour avec le rose qui va avec, ce qui fait que la série convient très bien aux hommes - pour tout vous dire, je les lis grâce à mon père, 46 ans ... donc vraiment un large public. L’humour du personnage principal est sans conteste son point fort. Elle arrive à rire de tout même de ce en quoi elle croit, notamment la religion. Son rapport à la religion est d’ailleurs assez original dans un monde où la chrétienté est de moins en moins pratiquée - attention, je parle ici au sens stricte: ceux qui vont à la messe le dimanche, etc. L’univers de l’Exécutrice est peuplé de bon nombre de personnages secondaires et mon préféré est de loin “la Mort": Edward. Complètement fêlée mais loyal à sa manière, Anita ne cesse de le répéter si les affaires devaient l’opposer à Edward, celui-ci n’hésiterait pas une seconde à la tuer. Tout l’enjeu de ce personnage est donc de savoir jusqu’où estime-t-il son amitié avec la tueuse. Jean-Claude, même s’il doit être le chouchou de ses dames, me laisse de marbre. Je le trouve assez inexistant jusqu’ici alors que c’est le maître de la ville. J’attends de voir si son personnage sera développé. En somme, malgré des faiblesses scénaristiques toujours présentes, Anita Blake est une série dont c’est l’univers avant tout qui nous pousse à lire et sans doute aussi une fascination macabre qui nous rapproche d’Anita.