2014-01-30 17:44
Frais, sympathique et original, le roman plait par le caractère impitoyable de l’auteur et des vampires qu’elle dépeint. Très souvent comparé à Buffy contre les vampires, la saga Anita Blake a pourtant su trouver son public. Tout d’abord, l’un des premiers points qui m’a plu est que l’auteur met de suite dans l’action. Dès les premiers chapitres, Laurell K. Hamilton annonce la couleur d’une manière cash, sans préambule, et très abrupte. Pire, elle confronte même de suite son héroïne, et cela est dit très clairement dès le début du livre, au plus puissant et vieux vampire qu’elle ait jamais rencontré. Ce choix est à double tranchant : il permet de mettre dans le feu de l’action dès le premier tome mais m’a aussi amené à me demander si l’auteur n’avait pas fait une erreur puisqu’une question se pose : mais qu’affrontera Anita dans les 21 tomes suivants ? Cette question est d’ailleurs perpétuellement en suspens puisque Laurell K. Hamilton montre par les multiples cicatrices de son personnage qu’elle ne compte pas l’épargner. Somme toute, hormis ces deux faits qui permet à la trame narrative de se dégager des autres livres, le scénario ne brille pas par sa complexité ou son originalité. Alors qu’est-ce qui plait dans Anita Blake ? Le style d’écriture de Laurell K. Hamilton n’est pas de ceux que l’on peut comparer à de la grande littérature mais il est bien particulier par sa légèreté et par le choix de point de vue. Le lecteur voit tout du point de vue d’Anita Blake. De ce fait, toutes les impressions et sentiments du personnage nous arrivent en ligne direct et il est d’autant plus difficile de faire des effets stylistiques ou narratifs. Ainsi ce choix de point de vue est un challenge pour l’auteur et montre plus de subtilité qu’il n’en parait au premier abord à son style d’écriture. De fait, ce choix rend aussi son personnage principal meilleur et facilite l’identification du lecteur au personnage. Je note toutefois un début de roman très lourd avec des expressions et des pans de phrases entiers qui se répètent trop souvent. Le style d’écriture et Anita Blake, voilà ce qui rendent ce roman si agréable ! Anita est une jeune femme à l’aise dans ses baskets qui a conscience de ses forces et de ses faiblesses mais surtout qui possède un humour et une ironie à toute épreuve. Quelque soit la situation dans laquelle elle se soit mise, elle ne démord pas et reste fidèle à elle-même répondant avec panache. D’ailleurs, il est aussi agréable de voir une héroine qui non seulement est morte de trouille - et sait le reconnaitre - mais qui en plus en bave et pas qu’un peu. Bref, un personnage haut en couleur et bien loin du héros traditionnel voilà de quoi plaire. Enfin, les vampires, loups-garous, zombies et compagnies. Ils ne brillent pas au soleil, ils ne tombent pas amoureux d’une humaine - et donc ne la mange pas, défiant l’instinct naturel du zombie - ou encore ne se sont pas pris de remords pour ce qu’ils sont. Ici, on a des vampires des vrais, qui n’hésitent pas à arracher une tête quand l’envie leur en prend mais qui savent aussi parlementer et rester civilisé quand l’économie s’en mêle. Les antiques créatures que sont les vampires réunissent quelques clichés persévérant mais aussi une grande majorité de leur cruauté et autres parts sombres qui en ont fait avant tout des créatures peuplant nos livres d’horreurs et autres thrillers fantastiques, plutôt que les romans de bit-lit. En somme, ce premier roman est agréable par sa nouveauté et son ton décalé. Toutefois pour satisfaire et franchir un cap, le scénario des prochains tomes à venir devra être plus fourni et plus travaillé que ce tome-ci.