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La dernière nuit du Raïs, Yasmina Khadra nous fait revivre la dernière journée de Kadhafi à Syrte, après la révolution Libyenne de 2011. Pour mieux nous immerger dans les ressentis de ce dictateur, l’auteur a choisi la première personne du singulier, et, non content de simplement nous faire revivre les dernières heures, il nous livre les pensées de ce personnage hors du commun émaillées de nombreux retours arrières sur le parcours atypique de ce dictateur. Tout ceci en fait un livre particulièrement prenant, tant du coté historique, que du coté des motivations.
Le principal reproche que je fais à ce livre est de ne pas du tout citer les sources, ni faire la part de la réalité et de l’imaginaire. Les deux sont forcément présents, le personnage et les grands événements ont existé ; les pensées sont forcément imaginées. Ont-elles une base réelle ? Qu’en est-il des petits événements de cette dernière nuit ou de la vie de Khadafi. Un avant-propos ainsi qu’une bibliographie aurait sans contexte rehaussé ce livre. Les points suivants, s’ils sont très intéressants, restent “abstraits” quand rien ne permet de déterminer s’il s’agit de faits réels, justifiés, ou d’un choix de l’auteur pour proposer un modèle comportemental de ce personnage si particulier, voir des dictateurs en général.
- le déni de ses propres agissements. Lui, le Guide, ne comprend pas pourquoi “son peuple”, pour lequel il est convaincu avoir tant oeuvré, se révolte et le rejette.
- sa relation aux femmes liée à son premier amour et au rejet de sa demande en mariage par le père.
- “La Voix”, Vincent Van Gogh et Saddam Husseim qui lui parlent.
- ses origines, son père était-il réellement inconnu, en a-t-il vraiment souffert au point de le remodeler en dictateur ?
- sa révolte contre la traque de Saddam pour finir lui-même, seul, terré dans une canalisation
La narration étant celle supposé du dictateur, il faut vraiment lire entre les lignes certains passages pour ne pas ignorer ses ignominies (arrestations arbitraires, tortures, enlèvement et viol des femmes qui lui plaisent...)
Malgré le gros bémol évoqué plus haut, je suis très content de mon choix pour ma troisième participation aux Matchs de la Rentrée Littéraire de PriceMinister-Rakuten #MRL15.
Je ne suis pas un dictateur.
Je suis le vigile implacable [...]
On raconte que je suis mégalomane.
C’est faux.
Je suis un être d’exception, la providence incarnée que les dieux envient
L’orgueil est allergique à la raison. Quand on a dominé les peuples, on s’oublie sur son nuage. Mais qu’a-t-on dominé au juste ?