2015-05-19 20:50
Je me dois de reconnaître que je m’attendais à un récit certainement plus marqué dans la science-fiction, voire même à plus de scènes d’autodafé ; à plus de politique, à sûrement moins de cheminement personnel et pas du tout à une réflexion sur le bonheur... Je crois que je m’attendais à quelque chose de plus piquant, de plus... brûlant. En gros, j’étais pleine d’a priori.
A l’exception d’un chien robot super sophistiqué, d’interventionnisme médicinal pour requinquer des gens presque morts et de murs interactifs, Bradbury reste assez vague sur les éventuelles inventions du futur, ce qui permet toutefois d’ancrer son récit à la fois dans un présent potentiel et un avenir effrayant.
Dans l’ensemble le récit engage des réflexions profondes, critique sévèrement la société consumériste abrutie par les spots publicitaires (dont c’était le grand boom dans les années 50, à l’heure où l’auteur écrivait son roman - lui qui a vécu jusqu’en 2012 a pu constater à quel point son analyse et sa vision de l’avenir étaient justes), juge l’idée du bonheur, diabolisant l’absence de culture en faisant la contre-apologie de l’ignorance, ramenant ses personnages à une ère d’obscurantisme afin de garantir un bien-être crétin.
Au final, tout, absolument tout ce qui arrive vient de l’abrutissement général. On ne parvient à cette conclusion qu’après un minimum de réflexion et de retrait par rapport au livre, lui qui laisse largement au lecteur le moyen de comprendre ou non les portées réelles du récit. En cela, nous assistons donc à une sorte de cercle vicieux qui fait de Fahrenheit 451 un livre qui n’est pas pour les lecteurs du dimanche. Tout cela est brillant.
Il faut certainement savoir de quoi exactement il retourne avant de commencer cet ouvrage. Sinon on passe à côté de beaucoup de choses, et on trouve, comme moi, qu’il est lent à démarrer alors qu’il donne des clefs très intéressantes dès les premières pages. J’ai fait l’erreur de l’ouvrir comme un “livre du dimanche”, bien que je sois très loin d’être une lectrice occasionnelle, me basant simplement sur sa renommée sans chercher à la comprendre.
Ainsi, c’est le genre de livre qu’on ne lit pas qu’une fois dans sa vie. Je me donne donc personnellement rendez-vous dans quelques années, peut-être quelques décennies, pour retenter l’expérience sous un autre oeil.
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