Encore une fois, un livre de la sélection du Livre de Poche à la limite du Policier : le meurtre a déjà eu lieu, le coupable arrêté, le procès se termine. Les 214 pages de ce livre nous immerge dans les pensées et les réflexions du meurtrier pendant toute la durée de ce long délibéré.
Il a tué certes, mais pour quelle raison ? Pouvait-il faire autrement ? Aurait-il dû faire autrement ? Les jurés “populaires” de la cour d’assise qui le juge sont-ils vraiment indépendants ? Peuvent-ils réellement exprimer leur “intime conviction”. Ce procès sera-t-il un jugement des faits ou un jugement de principe pour appliquer la loi à la lettre et éviter toute jurisprudence et tout risque d’imitation. Les policiers ne sont-ils pas également enfermés dans des schémas d’enquêtes ?
A travers d’innombrables chapitres très courts, l’auteur nous livre à rebours l’histoire de ce meurtre et de ce procès. Nombreux aussi sont les chapitres où le meurtrier s’appuyant sur sa profession de chroniqueur/dessinateur judiciaire prends en exemple d’autres grands procès français pour mettre en exergue les dysfonctionnement possible de la justice française et plus particulièrement des cours d’assises. Se pose également les choix légaux possibles pour punir les crimes pédophiles. Ils sont relativement restreints en France et malheureusement bien loin de tout risque de récidive.
De même l’auteur apporte matière à réflexion entre la position théorique de tout un chacun contre la peine de mort et la réalité quand nous y sommes nous-même confrontés. Nous avons également un aperçu des difficultés à trouver un “psy”, au sens large, qui soit compétent pour aider les victimes d’un crime majeur, ainsi que des réflexions sur l’aide que peuvent apporter les animaux aux enfants traumatisés.
L’auteur aborde également le problème de la prison, son utilité, ses risques, son coté “diplôme” et passage obligé pour certains jeunes.
« Réfléchissez », avait-il [maître Henri Leclerc] commandé aux juges de la cour d’assises ! « Qu’est-ce qu’une peine ? Combien de fois ai-je dit que la prison ne sert à rien, que l’important est que les égarés reviennent dans la société ! »
Le ressenti de l’accusé pendant le délibéré est bien rendu. Les questions qu’il se pose, sur les jurés, leur vote potentiel, le déroulement du procès, les choix qu’il a fait, les alternatives qu’il aurait pu prendre...
Bref un livre riche en réflexion, dont la fin, c’est à dire le moment du rendu du jugement pourra surprendre plus d’un lecteur. Mais l’auteur pouvait-il finir autrement ?
L’intérêt de ce livre n’est pas dans le nombre d’année de condamnation que l’auteur pourrait imaginer pour son personnage, mais plus dans les innombrables réflexions et exemples dont le livre est émaillé. De plus, au vu du cancer de l’accusé, la condamnation judiciaire elle-même, ne serait peut-être pas significative. L’espoir est plus dans le tout dernier mot du livre. L’auteur suggérant à demi mot que les choix de réparation de ce père meurtrier pourraient avoir été les bons.