C’est un joli coup de coeur que je referme à peine.
Plongée dans ma bulle de lecture, imperméable aux distractions extérieures, j’ai parfois eu l’impression d’être Cat, perdue dans le silence.
C’est un beau roman que celui-ci, car il nous aide à aborder un thème sur lequel on s’interroge assez peu finalement. Comment vivent les gens sourds? De quoi sont fait leurs rêves? Comment se réveillent-ils le matin?
Grâce à Jana Novotny Hunter, nous pénétrons cet univers silencieux avec une aisance assez bluffante, c’est souvent d’ailleurs tout l’intérêt des romans jeunesses (à mon sens).
Nous suivons donc Cathy, 17 ans, angoissée mais volontaire, qui face à ses propres contradictions, devra apprendre à parler, à lire sur les lèvres, afin de pouvoir trouver sa véritable place dans une communauté de sourds et malentendants divisée par les idéaux des uns et des autres - les signeurs considérant les oralistes comme des traîtres à leur nature, et les oralistes considérant les signeurs comme des arriérés de la communication - et pouvoir enfin s’ouvrir au monde extérieurs des “entendants”. On se laisse instruire, tout en suivant les mouvements du coeur de Cathy et Joey, ce qui n’est pas désagréable. Cette jeune héroïne est un personnage complexe et très intéressant, car partagée entre sa nature d’adolescente lambda aux hormones en folie, et la maturité que lui confère sa surdité et le mode de vie qui l’accompagne.
Une belle histoire, prenante et instructive, à lire à tout âge.
La piste déserte me tend les bras. Je m’élance et je cours, je cours... Quand je cours, je suis MOI. Pas une étiquette - ni sourde ni entendante, ni oraliste ni signeuse -, MOI, tout simplement. MOI, qui cours, cours, cours de plus en plus vite. Les larmes que j’ai si longtemps retenues me brûlent les joues, tandis qu’un refrain terrible résonne dans ma tête au rythme de mes pas. “Oralistes et signeurs ne se mélangent pas, oralistes et signeurs ne se mélangent pas, oralistes et signeurs ne se mélangent pas"