2016-06-13 20:22
573 pages de blabla en petits caractères, voilà tout ce qu’est le troisième tome du Cycle d’Ender : une quantité de pages infinie pendant lesquelles les personnages parlent, tergiversent, se remémorent des souvenirs, délibèrent, débattent, philosophent, réfléchissent, épiloguent et palabrent. Pour trouver de l’action dans ce tome, il faut batailler, beaucoup. Pour ne pas s’endormir sur des théories et rhétoriques étalées sur 40 pages, il faut lutter, énormément (j’ai d’ailleurs maintes fois perdu le combat). Pour réussir à suivre toutes les intrications de l’intrigue, ses tenants et ses aboutissants éventuels philosophico-physiques, il faut s’acharner, croyez-moi (d’où la sensation d’exténuation à chaque fois qu’on ferme le livre, d’où le sommeil qui vient vous emporter toutes les 20/30 pages pour vous guérir de ce calvaire), même avec une certaine once d’intelligence et de connaissances en physique et philosophie.
Non pas que les thèmes soient inintéressants, au contraire. Ils touchent à la condition de l’Homme, à sa capacité à l’acceptation d’autrui, voire de lui-même, à sa place dans l’univers, à l’essence même de la vie, du temps et de l’espace... Mais que de longueurs... Que de charabia parfois... Que de complexité... On en perd son latin, son chinois, voire même son français. C’est juste beaucoup trop, sur trop de pages.
Et pourtant, malgré un nombre incalculable de fois où l’envie d’arrêter a frôlé la pratique, on continue. C’est pénible, ça fait mal, c’est dur, c’est comme l’ascension du mont Everest (au moins, on risque pas sa vie, c’est déjà ça), mais on est là alors on poursuit sa route, certainement avec l’espoir de voir au sommet éventuellement la lumière qui nous a tant touchés dans le tome 2. Mais que nenni, cet opus n’est qu’une introduction au dernier tome, où l’action promise dans le 3 risque (enfin) d’avoir lieu. Mmh, ça promet...
A tout cela s’ajoute le pan religieux loin d’être négligeable, immensément plus présent que dans les tomes précédents. Et c’est souvent un point perturbant, vu l’origine mormone de l’auteur qui développe la religion dans tous ses bons comme ses mauvais côtés, privilégiant l’aspect esclavagiste tout de même et développant le fanatisme, l’obscurantisme et l’extrémisme. Parfois c’est fait exprès, parfois c’est une activité admise dans la société d’aujourd’hui qui passerait presque pour du normalisme. Je pense entre autres à ce moment où Quim, alors prêtre, et son frère Miro, infirme, discutent de l’action du premier d’aller baptiser tous les Pequeñinos et tous les arbres de Lusitania, même ceux qui ne le veulent pas, parce que c’est important pour leur salut... Si ça ne fait pas écho aux Mormons à Salt Lake City qui “s’amusent” à baptiser toutes les personnes sur la planète, même les morts, pour leur assurer d’être reconnus par Dieu (ce qui se passe de commentaires)...
Et pourtant, Card diabolise à de nombreux endroits la religion, la questionne souvent sans vergogne, maintient certains de ses personnages dans l’athéisme. De quoi pas mal faire danser la girouette. Cependant, la fin tend fortement à “remettre les pendules à l’heure”, quand une planète s’est libérée du carcan de faux dieux, pour finalement, après plusieurs décennies, revenir à un modèle de sanctification et déisme loin d’être anodin. Un pur blasphème pour le progressisme...
Ce roman aurait clairement pu être raccourci. Malheureusement, il est difficile de faire l’impasse dessus pour qui souhaite poursuivre la grimpette.
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