Le titre m’inquiétait un peu. Je me voyais en pleine négociation de rançon suite à une quelconque prise d’otage dans un pays d’Amérique du Sud... Pourquoi ce continent, je ne sais pas, une impression... erronée, car c’est presque le seul “continent” sur lequel nous ne mettrons pas les pieds ! Pas de rançon, ni de prise d’otage non plus !
Ici, notre personnage, ancien reporter de guerre pourchassant les photos et vidéos lucratives, se retrouve dans l’obligation de changer complètement de métier. Après un grand passage à vide, les relations vont jouer et il va, malgré lui, devenir une sorte de détective privé à la recherche d’une disparue.
Sa quête, particulièrement prenante, va l’amener, et nous avec grâce à une écriture particulièrement fluide dont les images s’imposent d’elles mêmes, à rebondir d’un pays à l’autre pour essayer de comprendre ce qu’il se passe et où se trouve sa mystérieuse disparue. (Paris, New York, Bangkok, Goa, Tanger... et j’en passe)
Éric Lange maîtrise bien son univers ainsi que la gestion du temps et de la géographie. Il nous fait partager son vécu avec talent. De plus il n’hésite pas à sortir du cadre du Thriller, pour donner un regard sans concessions sur certains phénomènes. Il nous entretien de l’explosion du tourisme planétaire ; de l’empreinte des hippies à Goa ; de la Thaïlande avec son tourisme sexuel ; de la corruption omniprésente dans certains pays et aussi nécessaire que l’huile dans un engrenage ; des drogues en tout genre ; de l’addiction que pourrait apporté des réalités virtuelles particulièrement réelles ; de la main mise des leaders des nouvelles technologies. Pour ce dernier point, et intimement mêlé à l’intrigue, il invente un personnage qui semble être un savant mélange de Bill Gates et Steve Jobs. Il présente les arguments de leurs défenseurs avec un tel détachement que l’on ressent la crique à peine voilée.
J’ai tout de même un petit regret sur l’intrigue car elle repose, heureusement en partie seulement, sur l’omnipuissance de gentils hackers. Je l’ai déjà reproché à propos de plusieurs livres, les auteurs, dès qu’il y a une part un peu complexe d’internet ou d’ordinateur, ont tendance à s’en sortir en sortant de leur chapeau des pirates blancs qui peuvent tout faire et très rapidement. Je crains que la réalité ne soit pas aussi simple.
Ici entre autre avec le “monstre” thaïlandais capable de s’introduire partout en quelques minutes et de pouvoir créer une porte d’entrée en insérant pendant quelques secondes seulement et sans aucune manipulation une clef usb dans un appareil de démonstration de l’une des sociétés les mieux protégées...
Pour résumer, je dirais que nous avons ici un très bon thriller, pas seulement technologique, parsemés de nombreuses réflexions particulièrement intéressantes. J’en ai mentionné quelques une ci-dessus, mais il y en a d’autres...
La fin, amusante, avec l’utilisation d’internet pour continuer un cycle de karma interrompu un peu abruptement, m’a fait penser au cycle Singularité de Robert J. Sawyer.
Selon la hiérarchie sociale indienne, ils sont tout en bas, dans la boue, et donc cantonnés aux travaux domestiques les plus simples. Ils passent de rangée de tables en rangée de tables pour rendre de menus services en échange de quelques pièces, portant ici et là des papiers, des classeurs, des dossiers. Ils sont l’intranet vivant, en mieux puisqu’on peut aussi leur demander du thé.