Attention, exceptionnellement sans utiliser de spoiler, j’en dis trop dans ma critique, mais difficile de faire autrement ici. Avec un début de livre racontant l’enlèvement d’une journaliste, je me pensais en plein policier. Mais les choses évoluent, le livre prend de l’ampleur, il quitte Besançon, et après un petit détour dans la région parisienne nous propulse à Douala au Cameroun.
Même si je ne connais pas le Cameroun, le récit de Jean-Louis Poirey racontant la première arrivée de Jean-Bernard, seul, quasiment sans contact, sur le sol d’Afrique Noire m’a rappelé ma propre arrivé au Mali il y a un certain nombre d’années. Le dépaysement, les différences de cultures et de moyens sonnent juste. On retrouvera plus loin dans le livre ces différences, mais cette fois avec le recul que donne le temps d’assimilation dans le pays.
Très vite l’on se rend compte que ce livre commencé comme un simple policier va plus loin en se donnant un but humanitaire, montrant ce qui peut être réalisé avec de la bonne volonté et du tempérament. Paradoxalement, je pense plus au rôle de Jean-Bernard au sein de la BCD que d’Angéla pour sauver la petite Babila. Certes le cas est plus attendrissant, mais il repose sur l’effort d’un très grand nombre pour un cas unique, ce qui n’est pas vraiment reproductible.
Un des points que j’ai aussi trouvé intéressant était le dilemme devant lequel se trouve la journaliste pour savoir si elle doit adhérer à la cause des kidnappeurs. Elle comprend leur raison de l’enlever, son coeur veut sauver la petite Babila, mais doit-elle cautionner pour autant la méthode ? Et ne peut-on pas aussi lui reprocher de tirer la couverture à elle et de profiter de cette action humanitaire pour se faire de la pub et booster sa carrière. Ne souriez pas, si j’ai bonne mémoire cela s’est déjà vu avec un célèbre présentateur.
Telle une funambule, elle avance sur une corde très mince, cherchant à sauver Babila, sans tomber dans tous les pièges qui s’ouvre sous elle.
Elle y parvient pendant un certain temps, mais malheureusement pour elle, si la cause est juste, la méchanceté et les moyens financier de la mère du kidnappeur vont la précipiter dans cet abîme qu’elle voulait éviter.
Bref un livre intéressant, bien documenté sur la vie en Afrique Noire, qui met en avant les croyances et les problèmes que rencontre la population. Le tout sur fond d’intrigue policière, avec des personnages attachants, et quasiment pas de méchants, si l’on excepte la mère bien sûr.
A côté [de la population de Douala], les plus miséreux de Saint-Ouen étaient des nantis. La seule différence, et pas la moindre, était l’aptitude des gens à positiver, à rire de tout et de rien, même de leur propre sort, tout en s’entraidant : une sacré leçon d’humanité.