2015-11-13 06:46
Ça s’avale tout seul, les pages se tournent sans aucun soucis. Murakami a fait beaucoup de chemin depuis ses premières publications ; sa plume s’est aguerrie, a mûri. Le travail de la traductrice, en outre, est absolument impeccable et rend justice au récit de l’auteur.
Murakami s’aventure sur le terrain de l’amitié, la nostalgie des jours adolescents heureux et la quête de soi au travers de la quête de la vérité. Une route que nombre d’entre nous a sans doute déjà empruntée. Ce récit ancré dans le réel, bien moins fantastique que dans les précédents romans de l’écrivain, parle vraiment au lecteur qui en ressent toutes les nuances, probablement du fait d’un certain écho. Qui n’a jamais cherché à revoir d’anciens amis ? Qui n’a jamais souhaité éclaircir quelques mystères relationnels, voulant comprendre pourquoi tels évènements se sont passés de la sorte ? C’est un thème qui touche tout un chacun, et c’est ce qui fait la puissance de ce récit.
L’auteur nous embarque dans l’enquête personnelle de Tsukuru, revivant avec lui les moments clés qui expliquent sa personnalité.
Les réponses arrivent à bon rythme, mais la fin, vraiment répétitive qui plus est, nous laisse avec deux interrogations majeures qui ont certainement pour but de laisser le lecteur autant dans le flou que Tsukuru l’a été pendant seize ans, lui faisant ainsi pleinement expérimenter pour de vrai le sort du personnage. Malgré l’effet recherché, le récit manque toutefois cruellement d’explications sur les personnages de Sara et Haida. Cette frustration du lecteur n’est pourtant pas la même que celle que l’on peut vivre dans de tels cas, d’où certainement ce regret de voir se terminer le livre sur des interrogations.
En outre, Murakami surfe un peu sur la vague de la publicité, lui qui mentionne plusieurs fois et sans intérêt réel pour l’histoire plusieurs marques de montres, voitures, meubles et tutti quanti. Cela donne un côté presque tapageur populaire à un roman qui n’est pourtant pas de ce niveau.
Enfin, le personnage de Tsukuru est attachant, mais la fin répétitive susmentionnée nous le laisse se voyant encore comme incolore alors qu’il vient d’entreprendre tout un périple qui prouve que ce n’est pas une personne sans couleur. Lui qui cherche à avancer retombe assez facilement dans ses démons antérieurs, ce qui est dommage après tout le chemin parcouru.
Les rêves érotiques, récurrents dans le livre et ne lui apportant pas vraiment d’intérêt, sont un peu de trop, d’autant plus que l’auteur insiste sur le côté onirique de l’aventure, thème qui lui est cher, et instaure à certains rêves en particulier un rôle assez ambigu.
Néanmoins, c’est vraiment un récit intéressant, parfois poétique dans les descriptions, qui résonne assez naturellement en nous.
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