Sandrine Louvalmy entremêle les histoires de ces cinq héroïnes en alternant les récits et en reliant certaines d’entres elles par des liens de parentés. Toutes ces femmes sont en quêtes de la même chose, tout du moins c’est comme cela que je l’ai perçu : l’amour avec un grand A... et toutes en sont revenues, désabusées.
Un tel livre pourrait être ennuyeux sans le talent de l’auteur à nous faire ressentir les états d’esprit de ces femmes et leurs évolutions au fil des intrigues qu’elle n’hésite pas à ajouter. Celles-ci rendent les personnages plus réelles et la lecture encore plus captivante. Elle oppose également les caractères et souhaits de ses personnages, en les confrontant entre elles, mais aussi à ce que la vie leur a réservé.
Par exemple Julie, la trentaine, cherchant un mari, mais ne rencontrant que des “coups d’un soir” ; Françoise la cinquantaine, mariée jeune ayant des enfants, mais sans avoir connu les “coups d’un soir”, dont la mariage est tombée dans une routine et une indifférence déprimante et qui au hasard d’une rencontre aimerait bien donner un gros coup de canif à son mariage. Pour citer cette dernière :
Au fil des années, son cœur était devenu un désert affectif où l’immensité des dunes avait enseveli le désir.
Elle avait oublié la sensation des mains moites, l’abondante salive qui coupe les phrases, le cœur qui chavire comme des doigts qui pincent la peau, la sensation agréable dans le ventre qui se répand comme le trait lumineux et éphémère d’une étoile filante, ce léger frémissement qui effleure la chair à l’approche de l’être désiré.
Ce que je reprocherais un peu à ce livre, c’est sa taille : un peu court, et surtout j’aurais voulu continué à suivre un peu ces cinq femmes sur l’évolution de leur vie. La fin m’a semblé un peu courte, autant j’avais eu le temps de les comprendre puis de suivre leur évolution, autant la fin rapide. (euh, je crois que je commence à me répéter là...) D’ailleurs la fin... un petit peu trop “morale” et “bien pensante” à mon goût. Je comprends que le métier d’escort soit un métier à risque, éphémère par nature, plus un moyen qu’une finalité, et pour citer Natalia :
En résumé, ma vie n’était pas un conte de fées, un conte de blés uniquement !
Pour Martha, en complément d’un mariage moribond, après sa phase de liberté sexuelle débridée, mais discrète :afin de préserver l’équilibre des siens pour ne point envenimer leurs esprits fabriqués par la norme
Je comprends qu’elle atteigne les limites du plaisir sans sentiment qui peut nous pousser à aller toujours plus loin et pour certains... trop loin !
Mais que les deux personnages “sexuellement dérangeantes”, hors “norme”, changent complètement et que toutes les cinq trouvent l’avenir sentimental auquel elles aspiraient, c’est peut-être un bon message d’espoir, mais je crains qu’il ne fasse plus bisounours que reflet de la réalité.
Ce livre de Sandrine Louvalmy, reflet d’une réalité sentimentale certaine, nous fait vivre intensément avec ces cinq femmes et mieux comprendre leur désert sentimental et leurs aspirations. Malgré le petit bémol du spoiler précédent sur le dénouement, j’ai été happé par ma lecture.